A la veille de la rentrée sociale, la tension est en train de monter de plusieurs crans. Les syndicats, notamment dans certains secteurs relevant de la Fonction publique, affûtent d’ores et déjà leurs armes.
Du côté des pouvoirs publics l’on tente de contenir cette effervescence en n’hésitant pas à brandir la menace de sanctionner tous « les dépassements ».
Au sortir d’un été relativement clément, mais avec son lot de dépenses pour les vacances, les Algériens appréhendent fort cette rentrée sociale qui intervient dans un contexte particulier.
Avant la rentrée scolaire, qui s’effectuera le 13 septembre et qui donne des sueurs froides à une bonne partie des Algériens qui n’en peuvent plus de subir la flambée des prix des articles scolaires et de l’habilement, les petites et les moyennes bourses ont dû déjà faire face, durant ce mois de Ramadhan qui s’achèvera demain ou après-demain, à une véritable saignée. Car comme de tradition les spéculateurs ont imposé leur logique. Les prix de certains produits de large consommation sont, en effet, restés nettement hors de portée de la majorité des ménages.
C’est généralement durant cette période, qui a coïncidé cette année avec le Ramadhan, l’Aïd et la rentrée scolaire, que les Algériens prennent toute la mesure de la cherté de la vie et, par voie de conséquence, de la limite de leur pouvoir d’achat. On comprend dès lors pourquoi les revendications des syndicats tournent essentiellement autour de la question des salaires.
Un lourd dossier que le gouvernement trouve toutes les peines du monde à gérer face à la montée en puissance des syndicats autonomes. En effet, c’est à cause de la question des salaires que des syndicats menacent de déclencher des mouvements de grève en mettant la pression sur le gouvernement.
Ainsi c’est dans les secteurs de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et à un degré moindre de la Santé publique, que sont en train de s’exprimer ostensiblement les revendications relatives à la réévaluation des salaires Des revendications accompagnées, de surcroît, de sérieuses menaces de recourir à la grève pour faire valoir le « droit à un salaire décent ». C’est incontestablement le plus lourd dossier auquel est confronté l’exécutif et ce depuis de longues années.
Refusant déjà des statuts particuliers « qui ne répondent nullement » à leurs véritables ambitions, les syndicats des trois secteurs sus-cités ont alors reporté tous leurs espoirs sur le nouveau régime indemnitaire. Et si dans l’Éducation nationale, la promulgation du régime indemnitaire a suscité le courroux des syndicats autonomes, qui ont alors initié plusieurs mouvements de grève et promettent de revenir à la charge dès la rentrée, dans les secteurs de l’Enseignement supérieur et de la Santé publique on fait monter la pression dans l’espoir d’avoir un meilleur régime indemnitaire.
Pour ce faire le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a décidé de passer à l’action dès la rentrée universitaire. Ce syndicat qui estime par la voix de son premier responsable que la « grève est le seul moyen pour faire valoir nos droits » accuse la tutelle de faire montre d’indifférence par rapport à ces revendications et ce en se confinant dans le silence.
Apparemment le Cnes, qui reconnaît toutefois que cette revendication ne relève pas uniquement des compétences du ministère de l’Enseignement supérieur, est décidé à aller loin dans ce mouvement de débrayage, dont ni la date, ni la nature, n’ont encore été explicités.
Contrairement au Cnes, les syndicats de la santé publique ne sont pas sur le pied de guerre puisque depuis la nomination de Djamal Ould Abbès à la tête du ministère, ils ont marqué une pause. Le nouveau ministre, qui a entamé un dialogue de fond ave ces syndicats, a promis de trouver des solutions aux questions en suspens, dont celle relative à l’augmentation des salaires , à travers un régime indemnitaire approprié.
Mais ces syndicats, qui ont initié de longs mouvements de grève, n’écartent nullement l’éventualité de revenir à la protesta si le ministre ne répond pas finalement favorablement à leurs revendications.
Comme on le constate ces questions de salaires relèvent plutôt de la compétence du gouvernement. Ce dernier est appelé à gérer avec un grand doigté ce lourd dossier dont dépend en grande partie la paix sociale, si nécessaire pour pouvoir se tourner résolument vers la concrétisation de l’ambitieux plan quinquennal 2010 2014. Comme il est aussi appelé à gérer le dossier des prix et, pour ce faire, il doit impérativement venir à bout des barons de la spéculation.
Par : Kamal Hamed