Le rapt de trois humanitaires européens, le 23 octobre 2011 dans un camp de réfugiés sahraouis, est sur le point d’être élucidé par les services de sécurité du Front Polisario, qui ont procédé à l’arrestation de onze personnes impliquées dans l’opération, tout en pointant du doigt les services secrets marocains.
Sans mettre de gants, le ministre sahraoui de la Défense, Mohamed El-Bouhali, a désigné le Maroc comme responsable de l’enlèvement, le 22 octobre dernier, des trois humanitaires européens, qui activaient dans le camp de réfugiés sahraouis de Hassi Rabuni. Révélant vendredi, en marge des travaux du 13e congrès du Front Polisario, qui se poursuivent à Tifariti, que les services de sécurité de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont arrêté, jeudi à Mijek, dans les territoires libérés, un Sahraoui soupçonné d’être impliqué dans le rapt, le responsable sahraoui a pointé du doigt les services secrets du royaume alaouite en les accusant ouvertement d’être “derrière cet acte terroriste”.
Affirmant également que ces derniers “étaient surpris d’apprendre l’arrestation de ce groupe de criminels”, il a relevé que “l’agence de presse marocaine avait vite annoncé qu’il s’agissait d’un groupe dissident d’Aqmi”. Dans le même ordre d’idées, le ministre de la RASD a indiqué que les autorités marocaines avaient contacté le Burkina Faso pour engager une “médiation pour la libération des trois ressortissants européens enlevés”, tout en soulignant que “le Front Polisario refusait ce genre de médiations qui se terminent par le paiement de rançons”. Revenant sur cette nouvelle arrestation, M. El-Bouhali soulignera qu’elle porte à onze le nombre d’individus interpellés par les services de sécurité sahraouis dans cette affaire. Dans sa déclaration à la presse, le responsable sahraoui a précisé que, lors de l’arrestation d’un groupe activant au sein d’un réseau de crime organisé, il y a dix jours, à 90 km au sud du camp de réfugiés de Dakhla et à 150 km au sud-est du camp de Hassi Rabuni, un membre de ce groupe a été abattu après avoir résisté à l’interpellation. Il a également précisé que le cerveau de ce groupe, d’origine malienne, s’adonnant au trafic de drogue et entretenant des connexions avec des groupes terroristes, est entre les mains des autorités sahraouies. Parmi les onze membres de ce groupe arrêtés par les autorités sahraouies figurent des Maliens, des Sahraouis et un Mauritanien. Ce réseau était composé de deux groupes de trafiquants, dont le premier comprend sept individus, qui activent essentiellement dans le nord du Mali, et un deuxième groupe composé de 5 éléments activant dans le Grand Sahara et dans le nord du Mali. Le ministre de la Défense de la RASD précisera qu’ils avaient été appréhendés alors qu’ils étaient “à la recherche d’un repreneur des trois otages”, suite à “l’échec de l’opération de leur rachat par Al-Qaïda au Maghreb islamique”. Travaillant tous les trois sur des projets humanitaires dans les camps de réfugiés sahraouis, ces ressortissants européens sont Aino Fernandez Coin, de nationalité espagnole, membre de l’Association des amis du peuple sahraoui d’Estrémadure (Espagne), Enrico Gonyalons, de nationalité espagnole, membre de l’ONG espagnole Mundubat, et Rossella Urru, une Italienne, membre de l’ONG italienne CCISPP.
Merzak Tigrine