En hiver les citoyens ont hâte de rentrer chez eux afin de se réchauffer, chacun avec ses moyens, que ce soit avec des chauffages électriques, gaz de butane ou même avec du bois.
Cependant, les algériens n’ont pas tous des maisons et des moyens pour se réchauffer. En effet, ils sont nombreuses les familles et les personnes qui vivent dehors dans des températures qui peuvent, des fois, en hiver descendre jusqu’à -5°. Ces gens-là souffrent durant les longs mois d’hiver du froid glacial, mais aussi de la frigidité des cœurs de certains responsables qui dorent, les différents chauffages allumés, alors que des orphelins, des femmes et des vieux grelotent de froid dehors.
Le journal Echorouk est parti à la recherche de ces « damnés de la terre » en ce mois de décembre caractérisé par un froid glacial. La température à cette période de l’année peut descendre jusqu’a -5° durant la nuit. « Malheureusement », il n’est pas difficile en Algérie de rencontrer durant les longues nuits hivernales ces enfants, ces femmes et ces vieux qui vivent dans la rue en plein froid « sibérien ».
Nous avons rencontré une nuit de décembre dans la rue Larbi Ben M’hidi à Constantine, une dame avec ses enfants. Nous avons tenté de lui parlé, elle nous a indiqué qu’elle voulait de l’aide et de la nourriture pour ses enfants et elle. Cette pauvre a refusé d’être prise en photo. « Je ne mangerai pas le journal sur lequel paraitrait ma photo et je ne le transformerai pas en un jouet pour mes enfants », nous-a-telle lancé. Interrogé sur les maisons de vieillesse (dar el adjaza) qui accueillent les SDF durant les mois d’hiver, elle nous a expliqué qu’elles sont déjà pleines.
A une question sur son enfants qui ne pouvait pas dormir à cause du froid et les rafales de vent qui glace les visages et les oreilles, elle nous a répondu en criant « je veux une solution à ma situation ainsi qu’à mes enfants…et pourquoi vous me posez ces questions comme si j’étais dans un poste de police ? ». Selon un commerçant du quartier, cette femme et ses enfants ont débarqué dans la région depuis près d’un mois. Elle passe avec ses enfants la nuit sur le trottoir, mais une fois le jour levé, ils partent vers une destination inconnue pour revenir à la tombée de la nuit.
Dans le quartier Daksi Abdelsalam, non loin du siège de la wilaya de Constantine, nous avons rencontré un vieux couché sur le sol. Son visage a bleui de froid. Interrogé sur les raisons qui l’ont contraint de vivre dehors dans un froid « sibérien », il a expliqué que les habitants de certains immeubles l’empêchent de passer la nuit dans les caves et les sous-sols de leurs bâtiments, car poursuit-t-il, il souffre d’une maladie qui fait qu’il ne peut pas se retenir d’uriner tout le temps. Toutefois, il a reconnu que ces citoyens lui offrent des repas chaud quotidiennement.
Un jeune du quartier nous a assuré qu’il a contacté plusieurs responsables pour le mettre dans une maison de vieillesse située à Djbel el Ouahch, commune de Hamma Bouziane, mais les promesses de ces personnes influentes n’ont jamais été tenues. Ammi Larbi, comme on le surnomme dans le quartier, a expliqué pour sa part qu’il passe la nuit entre les bâtiments.
« Des fois, je passe les longues nuits hivernales appuyé contre les murs de certaines boulangeries, desquels se dégage un peu de chaleur », a-t-il expliqué. Ces cas ne sont pas isolés. En effet, il n’est secret à personne que des centaines d’algériens vivent dans les rues dans les quatre coins du pays en pleine saison hivernale. Certains d’entre eux que les rudes saisons hivernales successives ont affaiblis risquent de mourir sans voir le printemps prochain.