Le marché parallèle des médicaments enfreint la réglementation des psychotropes.
Par mégarde ou par détournement, des gens consomment des psychotropes dans un cadre non thérapeutique souvent dangereux pour leur santé avec un impact social très négatif et répréhensible par la loi. Cette thématique a été le sujet traité par le deuxième Forum «Santé et Pharma» qui s’est tenu hier à Alger.
Dans une intervention remarquée, le Dr Mohamed Sanadiki, vice-président de l’Ordre des pharmaciens, a voulu attirer l’attention des patients et, par là, interpeller les autorités du pays à plus de vigilance et de sévérité dans les contrôles dans le secteur. Compte tenu des dangers et dérives constatées, estime-t-on, une concertation plus pointue entre les professionnels du secteur pharmaceutique et de la santé, avec la justice et les forces de sécurité ainsi que les douanes et la sécurité sociale, peuvent contenir, prévenir les dérives et combattre les phénomènes extrêmes que sont les trafics organisés.
Lors des communications et débat de ce second rendez-vous, le Forum «Santé et Pharma» a examiné les questions des préalables et conditions nécessaires à la mise en place de ce cadre de concertation avec la présence même des acteurs concernés. Plusieurs pistes de réflexion ont été évoquées. Nous citerons l’amélioration de la traçabilité des psychotropes et la mise en place de contrôle et d’inspection harmonisés.
Une politique de prévention plus renforcée viendra renforcer la relation entre les agents de l’ordre, les autorités judiciaires et les pharmaciens. Il y a lieu de signaler que cette rencontre inclut la question sensible du marché parallèle du médicament qui prend une ampleur dangereuse sans précédent et menace la santé publique en se posant avec acuité, lorsqu’il s’agit justement de produits aussi sensibles que les psychotropes.
Dans son intervention, Sanadiki a abordé le marché parallèle des médicaments dans le monde. Il dira qu’il est 20 à 45 fois plus rentable que le trafic de drogue et quelque 800.000 personnes en meurent par an dans le monde. Il touche les pays sous-développés et n’épargne pas non plus les pays industrialisés.
Ainsi pour 1000 dollars investis dans des principes actifs-matière première des médicaments, on peut en tirer 200.000 à 450.000 dollars, soit une plus-value beaucoup plus importante que pour le trafic des cigarettes. Les faux médicaments sont 25 fois plus rentables que le trafic de drogue. Pour 1000 dollars investis, un trafiquant peut espérer un retour de 400.000 contre 20.000 par exemple pour de l’héroïne, soit 20 fois plus.
Une machine à en capsuler achetée à 2500 dollars, peut tirer jusqu’à 500.000 capsules en un après-midi, les bénéfices de ce marché sont estimés à 200 milliards de dollars. Les Américains désignent les faux médicaments par le terme «fake drug», les pays de l’Union européenne leur ont donné au début la dénomination de contrefaçon mais les nomment aujourd’hui les médicaments du marché parallèle ou les médicaments falsifiés, afin de montrer leur gravité dans le traitement des maladies.


