Le forum de Suzhou insiste sur le rôle des ONG et de la société civile ,La relation sino-africaine n’est pas qu’une affaire des États

Le forum de Suzhou insiste sur le rôle des ONG et de la société civile ,La relation sino-africaine n’est pas qu’une affaire des États

Un forum en cache un autre. Après Suzhou, c’est au tour de Pékin d’abriter dans moins d’une semaine une rencontre dédiée au partenariat sino-africain avec la présence annoncée du SG de l’ONU..

Dans un contexte de mondialisation où les réseaux sociaux ont le vent en poupe, la Chine compte s’adapter à ces nouveaux paramètres de communication et de sensibilisation.

En réaffirmant son amitié historique avec les pays d’Afrique, Pékin ne veut surtout pas apparaître comme une puissance qui a peur de perdre un pré-carré acquis durant des siècles d’engagements. Pour la deuxième économie mondiale, il s’agit aujourd’hui de porter son message à travers le monde et surtout auprès d’un continent que les experts prédisent être désormais l’avenir du monde.

Les mots ont un sens et la Chine ne cesse de le répéter. L’amitié est d’abord une affaire des peuples. En décidant de créer un think tank en Afrique du Sud pour rassembler les réflexions autour du nouveau partenariat stratégique sino-africain, Pékin compte aller de l’avant pour d’abord rendre la pareille à un continent qui l’a soutenu au sein de l’ONU dans ces moments d’incertitude après la fin de la Seconde Guerre mondiale et s’affirmer ensuite en tant que partenaire qui compte sur l’échiquier mondiale.

“Il ne peut y avoir de paix mondiale sans la Chine et l’Afrique”, n’a cessé de dire le vice-président chinois à cette deuxième édition du Forum populaire sino-africain qui vient de se tenir dans la province de Suzhou, en Chine.

En même temps, il est question de contrecarrer la propagande occidentale sur la Chine où, paradoxalement, les multinationales ont délocalisé leurs activités pour acquérir plus de bénéfices, et poursuivre son développement afin de mériter la place qui lui sied dans le concert des nations. Des objectifs que les Chinois ont la ferme conviction d’atteindre. Mais en associant l’Afrique. “Seul, on peut aller vite, mais ensemble on peut aller loin”, aiment-ils répéter ici.

Nous devons aller vers le monde

En organisant les 10 et 11 juillet le Forum populaire sino-africain, une rencontre qui doit préparer le Forum de partenariat Chine-Afrique prévu les 19 et 20 juillet à Pékin, le People’s Daily, le plus grand journal de Chine, s’est associé à une démarche globale du gouvernement.

“Nous avons besoin de développer l’économie en accélérant son mode de développement et sa restructuration. Nous sommes la deuxième économie dans le monde. De nouveaux moteurs doivent être créés, nous devons aller vers le monde ; encourager nos entreprises à développer leurs activités sur le marché international, cela doit passer par l’émancipation de nos esprits mais en même temps, il faut savoir réduire les risques pour pouvoir investir à l’étranger avec le respect des exigences du développement durable de la Chine”, a déclaré Ji Peiding, président de l’Association des anciens diplomates de Chine, à la clôture du forum. Et d’ajouter : “Pour la modernisation de l’économie chinoise, nous pouvons profiter de la récession mondiale pour acheter des équipements de haute technologie. Nos entreprises, pour pouvoir investir à l’étranger, doivent avoir un soutien politique fort avec une nouvelle stratégie sur la devise, l’envoi de cadres à l’étranger avec un choix ciblé sur les secteurs où doivent aller ses investissements.”

En formulant des propositions pour la 5e Conférence ministérielle dédiée à la coopération Chine-Afrique qui aura lieu dans moins d’une semaine à Pékin, le forum de Suzhou a insisté sur le rôle de la société civile des organisations non gouvernementales pour le renforcement des relations sino-africaines. Les 300 délégués d’ONG des secteurs politique, économique et médiatique de la Chine et de 35 pays africains et des représentants de la Commission de l’UA ont d’ailleurs appelé à promouvoir ce segment de la diplomatie publique.

Think tank, ONG et société civile au service de la diplomatie publique

“Nous croyons que les fonctions du Forum populaire Chine-Afrique en tant que plate-forme importante pour le dialogue entre les sociétés civiles joue un rôle positif dans le développement de l’amitié du peuple, promouvoir la coopération pratique et faire avancer les relations entre la Chine et l’Afrique”, lit-on dans la déclaration finale. Et de poursuivre : “Les ONG africaines apprécient hautement la contribution exceptionnelle du gouvernement chinois à la promotion de l’amitié Chine-Afrique ainsi que les échanges et la coopération, tandis que les ONG chinoises voient d’un œil positif les efforts efficaces de l’Afrique à participer dans les affaires internationales et dans la poursuite du développement.” La déclaration souligne également que “les échanges en plein essor et de la coopération au niveau de la population dans ces dernières années, notamment parmi les ONG, les femmes et les organisations de jeunesse, des think tank, et les cercles juridiques des deux côtés ont contribué positivement au développement global de la voix de la Chine et l’Afrique dans le monde”. Pour l’ancien président du Mozambique, Joaquim Alberto Chissano, “ce forum a le grand mérite de créer des conditions pour l’expansion de la coopération entre nos États à la coopération directe entre les ONG et toute la société civile de nos pays. Cela contribue à renforcer la capacité de nos collectivités à mettre en œuvre leurs propres initiatives pour le développement économique, social et culturel, comblant ainsi les lacunes des programmes des gouvernements et des plans”.

De son côté, l’ancien chef d’État du Soudan, Abderrahmane Swar al-Dahab, a mis en relief le principe de non-ingérence de la Chine dans les affaires internes des pays africains ainsi que le fait que les crédits accordés ne sont pas accompagnés de conditions particulières.

Pour le représentant de l’Union africaine, ce forum a “jeté un jalon dans les relations sino-africaines, nous avons parlé de nouveaux mécanismes pour renforcer la coopération. C’est une opportunité pour partager la réflexion de faire le bilan depuis la conférence de Nairobi (1re édition du Forum Chine-Afrique) et discuter de nouvelles solutions à apporter aux différents problèmes du continent, à savoir la pauvreté, le sida, le sous-développement, l’éducation, la santé. Resserrer les liens populaires est un aspect important sur lequel l’UA a toujours insisté”. Le SG du réseau des ONG chinoises (Cnie), You Jianhua, a appelé de son côté à davantage de mobilisation dans le cadre des échanges entre les sociétés civiles.

S. T.