Le football au centre de toutes les attentions, «Enfant» gâté du sport algérien

Le football au centre de toutes les attentions, «Enfant» gâté du sport algérien

Encore une fois, l’exploit sportif à l’échelle africaine à rimé avec football. Des fins fond d’une hiérarchie footballistique outrageusement dominée par les Égyptiens, l’ES Sétif est venue s’asseoir sur un trône africain réalisant une performance qui relevait, au départ, du quasi- impossible.

Une consécration surmédiatisée comme une discipline qui «écrase» les colonnes des quotidiens nationaux reléguant les autres sports au second plan. Et pourtant, quelque jours auparavant, l’équipe nationale d’aviron s’est, elle aussi, offerte la couronne continentale. Un sacre-passé inaperçu- qui n’a pas pour autant

enthousiasmé l’Algérie des sports qui a vite tourné la page et mis le cap sur une finale de Ligue des Champions africaine qui trônait déjà sur les unes des journaux. De quoi confirmer une «sale» manie, disons une mauvaise habitude: celle de dévaloriser les performances quand il ne s’agit pas de football.

Une politique de «deux poids deux mesures» qui ne peut qu’aggraver un malaise profond qui a engendré une interminable descente aux enfers des autres sports ( en «Co» comme en individuel) d’un mouvement sportif éternellement à la recherche d’un second souffle ou d’une porte de sortie pour se relancer. La virée que s’est offerte l’Entente sétifienne sur le toit de l’Afrique est plus une «anomalie» que le fruit d’une politique sportive qui obéit aux normes universelles. Un autre arbre qui cache la forêt. Une «oasis» venue assouvir un

palmarès quasi-désert de trophées. Pendant que la balle ronde nationale est bichonnée par les responsables s’imposant comme la discipline majeure par excellence, les autres sports devenus «mineurs» sombrent de plus en plus dans l’oubli s’éloignant, au fil des années, des devants de la scène continentale sans parler des podiums mondiaux devenus inaccessibles. En s’emparant de la part du lion en termes d’intérêt et des subventions étatiques qui en découlent, le foot vole plus que la vedette mais «aspire» une bonne ration d’aides qui devrait servir à développer les autres secteurs sportifs.

Professionnalisation : l’attention particulière

Malgré tout le «dévouement» au service du «sport à onze», les résultats laissent souvent (toujours?) à désirer. Si les Verts dérogent à la règle et s’inscrivent désormais dans la continuité avec une méthode de la Fédération algérienne de football (FAF), présidée par Mohamed Raouraoua, qui donne ses fruits, les clubs de l’élite connaissent souvent échecs après échecs. À répétition. Se trompent lourdement et se heurtent à la dure réalité des réelles exigences du haut niveau une fois engagés dans des manifestations importantes. Les représentants livrent des prestations qui laissent à désirer. Avant le sursaut d’orgueil ententiste, les parcours se résumaient généralement à de la simple figuration.

Le niveau de notre championnat, où l’argent circule mieux que le cuir, reste la principale raison de ses contre-performances, en plus, et c’est la tare principale, cette gestion trop approximative avec la «liquidité» qui reste la seule source de motivation et argument pour faire venir les meilleurs éléments et concocter une équipe de rêve qui accouche, presque à tous les coups, de saisons cauchemardesques. De l’argent, beaucoup même, est injecté dans le «football circus». Beaucoup de concessions sont faites par l’État pour aider le processus à prendre forme… en vain. L’argent est le nerf du football c

ertainement, mais force est de constater que l’injection de grosses sommes ne suffit pas. C’est comme administrer un antidote non indiqué au type de virus qui perturbe le bon fonctionnement du système immunitaire.

Si l’État a consenti pas mal d’efforts pour que la mayonnaise de la professionnalisation du football prenne, les dirigeants des clubs ne semblent pas en mesure de concrétiser les intentions étatiques sur le terrain. Lots de terrains pour la construction de centres de formations (financés par l’État à 100%, soit 250 millions de dinars pour chaque club), aides financière à chaque début de saisons, payement des dettes (les pouvoirs publics prennent en charge une partie de la restauration et du transport) et grosses récompenses à chaque fois qu’une formation glane un titre: tout cela ne semble pas suffire pour couvrir des dépenses faramineuses et donner une poussée au projet pro.

Les salaires exorbitants que perçoivent les footballeurs sont, en grande partie, la raison des situations déficitaires dans lesquelles se retrouvent les équipes au sortir de chaque saison. Les joueurs émargent à un seuil incomparable relativement aux autres sportifs. Le gouffre est énorme à l’image de la disparité de l’attention portée au foot et aux autres sports.

Des «pros» qui ne payent pas d’impôts

Le ministre des Sports, le professeur Mohamed Tahmi, assure à chacune de ses sorties médiatiques portant sur la balle ronde et le championnat professionnel avec ses deux paliers Ligue 1 et 2 Mobilis que «l’État continuera à aider les clubs professionnels jusqu’en 2018». Dans ce sillage, il est utile de rappeler qu’il était prévu que la période de transition pour passer au professionnalisme s’étale sur quatre à cinq ans, sachant que le lancement du professionnalisme était intervenu en 2010.

Le ministre a décidé de proroger la période pour permettre aux clubs de se conformer au nouveau statut et de s’organiser. En outre, le projet de loi de Finances 2015 prévoit la prolongation de la date butoir fixée par l’État pour exonérer les clubs professionnels de football de l’IRG et de l’IBS jusqu’en 2020, alors que le délai avait été arrêté en 2010 à décembre 2015.

Une nouvelle mesure qui vise à «promouvoir le football national en favorisant la constitution de ces sociétés» une procédure qui, espèrent les responsables, devrait «inciter les partenaires financiers et les investisseurs à l’effet de contribuer à cette démarche au moyen d’apports en financement, l’article 30 de loi de Finances pour 2010 a prévu une exonération temporaire de l’IRG et de l’IBS, ainsi que des droits d’enregistrement sur les produits et les plus-values de cession des actions et parts sociales des clubs professionnels de football constitués en sociétés par actions (SPA) et ce jusqu’au 31 décembre 2015»stipule le projet de loi de Finances 2015.

Cependant, malgré les progrès réalisés dans la mise en œuvre de cette politique de promotion du football national, on rencontre toujours des difficultés de trésorerie et de financement. Les Sspa présentent des bilans déficitaires. C’est pour dire qu’avec tous les efforts consentis, ça reste insuffisant. Que dire des autres «vocations» qui ne bénéficient pas de ces avantages? La question mérite d’être posée. Il faudra que tout ce beau monde (qu’on est loin, très loin même) soit mis sur le même piédestal pour que l’Algérie des sports reparte à la conquête de l’Afrique et du monde. Si le football le veut n’est-ce pas!

M. T.