Le Fonds de régulation des ressources face aux fluctuations pétrolières et gazières : le budget de l’Etat en déficit

Le Fonds de régulation des ressources face aux fluctuations pétrolières et gazières : le budget de l’Etat en déficit
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L’avenir de Sonatrach et, au-delà, celui de l’Algérie, ne serait-il pas hypothéqué ? Nous sommes-nous interrogé, il y a quelque jours, en traitant dans un de nos articles la demande de certains clients européens du groupe Sonatrach de revoir à la baisse le prix du gaz, pour les uns, ou les contrats 2013 et 2014, pour d’autres.

«Il n’y avait pas qu’Edison qui avait demandé à revoir les prix, mais aussi ENI et GNF (Gas Natural Fenosa)», a déclaré le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine. Dans le même sillage, ce dernier a reconnu qu’il était difficile pour l’Algérie de préserver le prix du gaz dans un contexte de crise économique affectant aussi bien la demande que les prix. «Notre marge de manœuvre est difficile, car il n’y a pas de reprise économique forte, et lorsqu’il n’y a pas de reprise forte, commander le marché n’est pas uniquement l’apanage de Sonatrach», avait-il déclaré.

En réaction à ces déclarations , le ministre de l’énergie et des mines, Youcef Yousfi, s’est cru obligé de recadrer Zerguine. «Les choses se passent correctement (…). Nous nous adaptons à la situation actuelle du marché», avait-il déclaré. A en croire le ministre de tutelle, la concurrence n’a jamais posé de problème à l’Algérie pour la commercialisation de son gaz à l’international.

A ces propos rassurant, quelle sera la réaction du ministre maintenant que la situation du marché mondial des hydrocarbures et les décisions prises par l’Opep, lors de sa réunion qui a débuté vendredi à Vienne, viennent confirmer les propos du P.dg de Sonatrach. Des décisions pour maintenir le plafond de production à 30 millions de barils par jour, en vigueur depuis fin 2011, ajouté à cela l’impact du pétrole de schiste sur le paysage énergétique mondial, tout en assurant que cette source d’énergie non conventionnelle ne menaçait en rien son poids sur le marché.

En avril la moyenne des prix du Sahara Blend s’est établie à 102,97 dollars le baril contre 108,87 dollars en mars. En mars le Sahara Blend, avait perdu 8 dollars sur un mois, s’établissant à 108,87 dollars le baril contre 116,99 dollars en février. Cette baisse du prix du baril vient rappeler une constante de l’économie algérienne, sa dépendance des hydrocarbures. Même si l’Algérie dispose de considérables réserves de change (200 milliards de dollars) et surtout d’une cagnotte destinée, précisément, à faire face aux fluctuations du cours du pétrole : le Fonds de régulation des ressources (FRR), dont le montant est de 65 milliards de dollars.

Il ne faudrait pas attendre jusqu’à ce qu’il y ait péril en la demeure pour se manifester. Voilà deux ans que le budget de l’Etat est en déficit (4 % du PIB en 2011, 6 % en 2012). Pour atteindre l’équilibre, il lui faudra désormais « un prix du baril de pétrole supérieur à 110 dollars », avait prévenu, le 1er juillet de l’année dernière, la Banque d’Algérie. Le ministre des finances, Karim Djoudi, n’a, lui aussi, pas hésité à tirer, il y a quelques semaines de cela, la sonnette d’alarme. Les spécialistes, aussi, ont toujours incités à ce que l’investissement se fasse hors hydrocarbures.

par Mohamed Tahar