Qui l’aurait cru un jour : le FMI qui demande à l’Algérie de le renflouer ! C’est un peu l’histoire qui se réécrit à l’envers. Pourquoi ? Un détour par les années quatre vingt dix s’impose pour répondre à cette question. A cette époque, l’Algérie était en cessation de paiement. Ce qui rendait inévitable le recours au rééchelonnement de la dette.
La lourde mission incombait alors au gouvernement de Rédha Malek. Le FMI, présidé à l’époque par le français Michel Camdessus avait accepté la demande algérienne. Mais une demande suivie de conditions draconiennes. Notamment les licenciements massifs et les fermetures d’entreprises financièrement déstructurées.
Vingt ans après, l’Algérie passe du statut de débiteur à celui de créancier. Du moins elle est en passe de le devenir si les autorités politiques du pays donnent une suite favorable à la demande du FMI, qui a sollicité la contribution de l’Algérie pour le renforcement des capacités de prêt de cette institution financière internationale, dans un contexte d’incertitude économique mondiale. La demande a été donc faite par le FMI à l’Algérie en tant que pays doté d’excédents financiers pour accroître les ressources de l’institution de Bretton Woods afin de lui permettre d’accorder des prêts aux pays qui en ont besoin.
La demande du FMI à l’étude
C’est le ministre des finances Karim Djoudi, qui l’a déclaré hier en marge de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Quant à la réponse à cette offre, le premier argentier du pays a précisé que l’Algérie « va étudier et évaluer les conditions dans lesquelles cette demande sera proposée dans les détails ». En effet, explique-t-il, « nous avons besoin de savoir si le FMI envisage de réaliser cette opération de renforcement de ses capacités financières à partir de demandes de prêts ou de dépôts rémunérés, ainsi que le rendement qu’il compte proposer ».
A Karim Djoudi de préciser aussi que « c’est à partir de ces conditions que nous donnerons la réponse », du moment que l’Algérie ne dispose pas encore des éléments relatifs aux conditions de cette initiative. En effet, explique-t-il, « nous avons besoin de savoir si le FMI envisage de réaliser cette opération de renforcement de ses capacités financières à partir de demandes de prêts ou de dépôts rémunérés, ainsi que le rendement qu’il compte proposer ».
Mais le ministre des finances a tenu tout de même a rappeler d’ores et déjà à ses interlocuteurs que la gestion prudente des réserves de change du pays se fonde sur trois critères que sont la préservation de la valeur du capital, la couverture contre les risques de change par le maintien notamment d’un portefeuille diversifié, et leur liquidité, c’est-à-dire qu’elles peuvent être retirées à tout moment. Quant au détail, l’Algérie fera connaître sa position à cette demande, lors de la tenue de la prochaine assemblée annuelle du FMI et de la BM qui aura lieu en octobre prochain à Tokyo (Japon).
L’Algérie une puissance financière
L’Algérie de 2012, grâce à des cours pétroliers relativement stables est devenue une puissance financière convoitée. Dans son dernier rapport publié samedi dernier, le FMI estime que l’Algérie clôturerait l’année 2012 avec des réserves de change officielles de 205,2 milliards de dollars et pronostique un matelas de devises de 224,1 milliards de dollars pour 2013 (contre 183,1 milliards de dollars en 2011).
Par ailleurs, la Banque d’Algérie avait indiqué en août dernier que les placements des réserves à l’étranger, répartis à environ 98% entre les Etats-Unis et l’Europe, avaient rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010 (contre 4,74 milliards de dollars en 2009).