Le parti de Belkhadem a bien fini par agacer. Son obstination à vouloir vider de leur substance démocratique les projets de lois objets des réformes politiques initiées par Bouteflika a même fait sortir de leur réserve ses partenaires de l’alliance présidentielle. Ouyahia et Soltani, mécontents de l’attitude du parti majoritaire, s’en sont en effet remis au président de la République. Lequel devrait mettre en œuvre les pouvoirs qui lui permettent de sauver des réformes destinées à approfondir le processus démocratique. Dont le retrait de l’APN des projets objet de la discorde et le recours au vote par voie référendaire.
Les plus grandes inquiétudes gagnent les milieux politiques, le monde de la presse et la société civile quelque temps avant que l’APN n’examine les derniers projets dits des réformes. Les projets de loi sur l’information, les associations, le code de wilaya et les partis politiques seront examinés à partir de la semaine prochaine.
Des indiscrétions parlementaires évoquent à ce sujet que l’examen définitif de ces lois pourrait prendre beaucoup de temps, comme celui du code de l’information où la commission de l’APN cherche à élargir le champ de concertation, non seulement avec les éditeurs et syndicats, mais aussi avec les journalistes et experts du domaine. L’adoption de ces lois complémentaires de la réforme n’interviendra pas avant la fin de l’année. On parle même d’un report d’une de ces lois (le code de wilaya en l’occurrence) à la prochaine session prévue en 2012.
Cependant, les craintes ne se limitent pas uniquement aux timing et problèmes de calendrier. Elles se sont exacerbées dès lors que le FLN a voulu prendre en otage certains dispositifs des dernières lois, actuellement déposées au niveau du Conseil de la nation.
Des doutes suscités et souvent justifiés après les « victoires « réalisées par ce parti de la majorité, changeant certains articles, amendant d’autres, touchant parfois même à l’esprit de certains dispositifs, en faisant fi des recommandations du chef de l’Etat. Rien ne semble justifier cette « opposition « déguisée du FLN, ni la recherche d’une identité politique ou idéologique, ni l’amorce d’un combat électoral. Juste des velléités partisanes pour contrer Ouyahia ou l’affaiblir politiquement.
Les dernières lois votées et adoptées après un long bras de fer avec l’opposition, voire même avec un des partenaires de l’alliance présidentielle, ont été taillées sur mesure, selon la volonté de ce parti, soulevant des tollés et des protestations. Rien n’a échappé à ce parti. Sa volonté de prendre en otage les réformes présidentielles a poussé le RND à sortir de sa coquille et à «dénoncer» cette mainmise, poussant même jusqu’à user de «lobbying» politique pour faire passer les projets.
Après cette mi-temps, il est clair que les milieux de la presse et des associations nourrissent les plus vives inquiétudes. Un scepticisme partagé par d’autres partis politiques, qui souhaitent une grande mobilisation de toutes les forces de l’opposition pour maintenir l’esprit initial des réformes et garantir ainsi l’adoption des lois attendues depuis avril dernier. C’est pour cette raison que le MSP en appelle à Bouteflika pour arracher les réformes des mains du FLN et les proposer au plébiscite populaire. Indirectement, cela veut dire que Bouteflika devra user de son influence et ses prérogatives pour mettre au pas la formation de Belkhadem.
H. R.