Le grand perdant de ces joutes électorales, sans doute, aura été le PT de Louisa Hanoune qui, en dépit du nombre important de voix qu’il a obtenues à l’échelle nationale, n’en a pas moins été laminé en matière de sièges obtenus.
Décidément, les élections locales de ce jeudi auront été celles de toutes les surprises. Si le FLN a frôlé la majorité des sièges APC et APW avec tout juste 26,30 % des suffrages exprimés à cause de certaines dispositions contenues dans la loi organique portant régime électoral, force est de relever que les plus grandes surprises nous sont venues des deux suivants.
Le RND, qui se trouvait au creux de la vague au lendemain des élections législatives du 10 mai passé, et dont le patron, Ahmed Ouyahia, fait même l’objet d’un virulent mouvement de redressement mené par l’ancien ministre de la santé Yahia Guidoum, ne faisait franchement pas partie des formations politiques favorites dans ce scrutin.
Ouyahia avait même vu plusieurs de ses « amis » lui tourner le dos au lendemain du remaniement gouvernement, à la suite duquel il avait été déchargé de son poste de Premier ministre. Or, Ahmed Ouyahia a faussé tous ces pronostics, en se plaçant bon deuxième avec un confortable 21,22 % des suffrages exprimés. Cela lui permet tout simplement de talonner de très près son frère ennemi du FLN et d’envisager l’avenir de manière beaucoup plus sereine.
Il ne fait pas de doute, en effet, que pour le futur immédiat, Ouyahia a toutes les chances d’en finir définitivement avec ses frondeurs, ramenant sur le droit chemin les « brebis égarées » et punissant comme il se doit les premiers meneurs du mouvement de redressement qui l’avait visé. Ce n’est pas tout.
Dans le subtil jeu des alliances pour la prise de contrôle des 1 541 communes et 48 wilayas que compte le pays, le RND d’Ouyahia va jouer un rôle absolument incontournable, et s’adjuger une belle part, qui lui rappellera peut-être la belle époque des années 90, quand on l’affublait du sobriquet de « parti né avec des moustaches ». Sur le moyen terme, aussi, Ouyahia peut se remettre à nourrir avec plus de sérieux ses rêves de présidentiable, avec un parti requinqué comme le RND.
Cela à fortiori qu’il sait qu’il peut compter sur le soutien de la plus grande surprise de ce scrutin, le président du MPA en l’occurrence. Amara Benyounes, dont le parti est vieux de quelques mois à peine, a réussi la gageure de prendre la place de la troisième force politique du pays, avec plus d’un demi-million de voix, représentant plus de 6 % des suffrages exprimés, ce qui n’est franchement pas peu dire.
Dans l’absolu, une éventuelle alliance RND-MPA mettrait carrément le FLN dans ses petits souliers. En revanche, le plus grand perdant de ce scrutin reste incontestablement le PT de Louisa Hanoune, qui donne l’air d’avoir trop dispersé ses forces, en présentant un trop grand nombre de listes (suivant ainsi une stratégie contraire à celle, très porteuse, du RCD), a obtenu près de 400 000 voix pour à peine 826 sièges.
Les partis de la mouvance islamiste ont reculé, à la faveur de ce double scrutin, au vu des résultats obtenus par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) avec ses alliés de « l’Alliance de l’Algérie verte » qui n’ont obtenu la majorité que dans 10 communes. Le MSP a perdu 6 communes par rapport à son score de 16 communes en 2007.
Le même constat est valable pour le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati qui a perdu également 6 communes. Le FNA avait obtenu 15 communes en 2007 pour 9 communes lors de ce scrutin. Le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD) ont, quant à eux, fait du surplace, avec 11 et 13 communes pour chacun.
Le RCD a obtenu 13 communes pour 12 en 2007 et le FFS 11 communes pour 12 en 2007. Les indépendants ont raflé 17 communes, alors que le nouveau parti El Fadjr El Djadid a raflé la majorité dans 6 communes. La majorité absolue a été obtenue dans 391 communes sur 1 541 commune au niveau national. Nous y reviendrons avec de plus amples détails dans nos prochaines éditions.
Wassim Benrabah
