Le FLN et le RND croisent le fer à nouveau: Les bavards du sérail

Le FLN et le RND croisent le fer à nouveau: Les bavards du sérail

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Le RND suggère qu’il y a volonté de nuire en donnant l’ampleur qu’elle n’a pas à l’affaire des cadres incarcérés.

L’unité de façade affichée par les deux principales formations politiques du pays s’est sérieusement craquelée en raison d’un échange, le moins que l’on puisse dire, dur, sur une thématique assez ancienne, mais qui revient cycliquement au-devant de la scène. Une «tuile» qu’on jette régulièrement à la figure de Ahmed Ouyahia, histoire de lui rappeler les «basses besognes» qu’on cherche à lui coller coûte que coûte. Sans le citer nommément, le ministre de la Justice a ressorti, avant-hier, la question des cadres incarcérés, dans le courant de la décennie 90. Ce genre de propos était le fait exclusif de l’opposition, mais proféré par un responsable du FLN, il prend une tout autre dimension et peut être à l’origine d’une crise au sein de l’Exécutif. Mais il semble que le Premier ministre ne veuille pas «personnaliser» le conflit. Il a chargé son parti de prendre sa défense. Le RND s’est donc fendu d’un communiqué explicatif pour répondre au ministre de la Justice. Sans prononcer, à aucun moment, la qualité et le nom du responsable du FLN qui n’est autre que Tayeb Louh, ministre de la Justice, le RND retient dans son communiqué que «des voix s’en sont prises, encore une fois, au Secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, Monsieur Ahmed Ouyahia, en faisant allusion, encore une fois, au dossier (vide) des cadres emprisonnés dans les années 90».

Le RND estime que le nom de Ahmed Ouyahia a été associé à tort à cette affaire, du simple fait qu’au moment où ces arrestations avaient été décidées, il n’était pas en charge du ministère de la Justice. «C’est une fausse accusation», rapporte le même communiqué qui n’omet pas de s’interroger sur «les intentions» d’un responsable du FLN, sans toujours le citer, qui a avancé le chiffre de milliers de cadres emprisonnés, alors qu’ils n’étaient que quelques dizaines, soutient-on dans le communiqué.

Le RND suggère donc qu’il y a volonté de nuire en donnant l’ampleur qu’elle n’a pas à l’affaire des cadres incarcérés, dont l’actuel Premier ministre, est étranger, à en croire le RND. Celui-ci, estimant essentiel d’éclairer l’opinion publique nationale, note que «lors de l’incarcération de quelques cadres, dans le milieu des années 90, monsieur Ouyahia n’était pas en charge du secteur de la justice», cela suffit à l’innocenter, selon le RND, même s’il était à cette époque des faits, chef du gouvernement. Mais cela n’empêche pas le RND de considérer que «l’accuser d’avoir emprisonné des cadres est une accusation infondée et calomnieuse et une atteinte aux juges indépendants et respectables».

Comme pour confirmer l’innocence de Ouyahia des accusations proférées par Tayeb Louh, le RND rappelle dans son communiqué, deux décisions de Ahmed Ouyahia, en sa qualité de ministre de la Justice en 1999, c’est-à-dire après la détention des cadres. Il a été question de «renforcer l’indépendance des juges et protéger les cadres de l’Etat», retient le RND, relevant que Ouyahia a émis «l’instruction ministérielle du printemps 2000 adressée à toutes les juridictions et qui a interdit toute interférence du ministère dans leur travail» et qui «a interdit à ces juridictions de demander une quelconque orientation dans l’exécution de leurs missions». Le RND témoigne même que les manquements aux instructions de Ouyahia ont valu à des cadres du ministère de la Justice de l’époque des révocations. Autre mesure plaidant en faveur de Ouyahia et que le RND a exhibée dans son communiqué, consiste en l’amendement du Code de procédure pénale pour «empêcher toute poursuite contre des cadres dirigeants sans plainte officielle des instances responsables au niveau de l’entreprise concernée». Au-delà de cet épisode plutôt «problématique» de l’alliance RND-FLN, il convient de relever le climat qui se délite entre les deux formations qui se partagent le pouvoir à quelques semaines des élections sénatoriales, mais également au moment où elles sont censées faire corps autour du Front populaire solide.