Le FLN est-il le parti le plus démocratique?

Le FLN est-il le parti le plus démocratique?

Aucun cadre du FLN, qui fait face à une fronde grandissante depuis plus de deux ans, n’a été exclu.

La gestion des conflits et des crises qui secouent les partis politiques algériens, toutes tendances confondues, donne le tournis aux observateurs. Vu sous ce prisme politique, on est tentés de dire que le FLN est le parti le plus démocratique en Algérie. A la moindre secousse, les partis politiques font recours à des méthodes dignes de l’époque stalinienne. Or, au FLN, le mouvement de redressement agit dans la stricte pratique démocratique et cela depuis près de deux ans. Pourtant, le FLN qui a géré le pays depuis 1962, est loin d’être une référence dans la pratique démocratique. C’est le parti unique qui a instauré des lois rétrogrades, qui refuse toute voix discordante et qui a toujours chanté les vertus du socialisme. Autres temps, autres moeurs? Le FLN est-il en train de changer? En tout cas, il est en passe de faire une leçon en démocratie «interne» à des partis qui se disent démocrates et opposants. Que l’on dise que le FLN est un parti que se maintient grâce à la fraude électorale et qui use de tous les procédés clientélistes pour contrôler la rente, c’est un constat et un jugement à la fois. Mais la certitude est qu’à l’intérieur du parti, tout le monde s’exprime, critique avec une liberté de ton à faire rougir le plus vieux parti d’opposition. La célérité avec laquelle le FFS a traité les voix discordantes est déconcertante. Des militants, de vieux routiers de la politique qui se sont sacrifiés pour le parti sont exclus pour la moindre déclaration qui ne cadre pas avec les orientations de la direction. Il n’y a pas de débat public au FFS et celui qui l’ose est suspendu ou tout simplement exclu. Karim Tabbou, ex-premier secrétaire national et Samir Bouakouir, représentant du parti en France sont respectivement suspendus et exclus pour avoir dénoncé une supposée ou réelle compromission du FFS avec le pouvoir.

Dans d’autres partis, les voix opposantes sont étouffées dans l’oeuf. Mais au FLN on n’exclut pas les hommes qui s’opposent à la ligne politique du parti.

Ces deux dernières années, l’ex-parti unique a traversé toutes les crises mais jamais un cadre n’a été exclu. De plus, au FLN, on ne refuse jamais d’accorder une interview à un journal sous prétexte que l’organe en question parle ou donne un écho aux frondeurs.

Loin de nous l’idée de défendre le FLN, un parti du reste qui a parasité et pollué la scène politique nationale, mais force est de constater que les pratiques démocratiques existent bel et bien en son sein. Peut-être que cette situation est le fait que dans l’ex-parti unique, les trahisons, les changements de position et les retournements de veste sont tolérés et ne sont jamais sanctionnés.

Depuis plus de deux ans, le mouvement de redressement mène une guerre et une fronde sans merci contre le secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, en recourant parfois à l’insulte et l’invective, mais aucun d’eux n’a été exclu. Ils ont qualifié M.Belkhadem de traître, de «voyou» et de tous les noms d’oiseaux. Le débat public n’a jamais été interdit. Les redresseurs comme la direction du FLN organisent des activités, communiquent avec la presse et signent des communiqués parfois incendiaires, cela n’as pas été suivi de sanctions contre telle ou telle personne. Tout récemment, après la confection des listes électorales pour les législatives du 10 mai 2012, Belkhadem et son bureau politique ont été accusés de tous les maux. Les redresseurs ont même établi des listes électorales parallèles sans pour autant donner lieu à l’exclusion de quiconque.

Le cas du membre du bureau politique Abdelhamid Si Afif est de ce point de vue particulier. Il a annoncé sa démission du bureau politique, accusé Belkhadem d’avoir islamisé les listes électorales, chanté à qui voulait l’entendre que la fin de Belkhadem est imminente…etc. Il n’a même pas été inquiété pour ses déclarations.

A la fin du compte, il a changé de veste à l’annonce des résultats des élections.

Il a rejoint le bureau politique sans être inquiété. Le FLN n’est pas seulement un parti qui a adopté une démocratie interne pour exercer un autoritarisme externe, c’est aussi le parti de tous les paradoxes. Peut-être, car ce n’est pas un parti politique à proprement parler.