Depuis le début de l’été, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani garde un silence profond, suscitant l’inquiétude de larges franges de militants qui jugent « inédite » cette situation.
La majorité des membres du comité central, élargi pour la première fois à 489 cadres depuis la création du parti, est actuellement en congé. Car depuis le retrait volontaire de leur chef, bien des événements se sont succédé en cascade.
Un remaniement ministériel, même partiel, un mouvement de walis de grande ampleur, l’attaque terroriste contre des soldats de l’ANP en juillet dernier, ni même les changements opérés au sein de certaines structures de sécurité de l’armée n’ont réussi à faire sortir de sa torpeur estivale le SG du FLN, qui prolonge son séjour à Paris où il a acquis un appartement comme il vient de le révéler. Le parti a réagi par voie épistolaire à l’attentat contre les militaires.
Le FLN, qui n’a pas réagi à l’attentat de Ain Defla, le jour de l’Aid, a choisi de s’adresser directement au président Bouteflika en tant que chef suprême des armées, pour lui présenter les condoléances, au nom de Saâdani en sa qualité de secrétaire général et au nom de l’ensemble des militants. Amar Saâdani exprime, par ailleurs, au président Bouteflika son soutien pour « les mesures pratiques prises, à commencer par la concorde civile jusqu’à la réconciliation nationale.
Et tout en rappelant le lien organique existant entre le FLN et l’armée, Saâdani note que « le terrorisme sauvage ne sait que détruire et faire couler le sang comme seul moyen d’existence, dit-il. L’effacement du FLN de la scène politique nationale n’est pourtant pas dans les habitudes de celui-ci.
Qu’est-ce qui motive ce silence ? Jamais de mémoire de militant du FLN, le parti n’a autant soulevé d’interrogations sur son absence sur les grandes questions de l’heure.
Pourtant le tout nouveau SG du RND, Ahmed Ouyahia, avait appelé Saâdani à la constitution d’une alliance nationale pour faire barrage aux tirs croisés de l’opposition. Cette invitation a reçu une fin de non-recevoir de la part du SG du FLN, qui a préféré s’éclipser du débat au lieu de constituer un front uni pour défendre le programme du gouvernement Sellal, attaqué de toutes parts.
Au lendemain du « tsunami » qui a ravagé les équilibres au pouvoir, le FLN donne l’impression d’un parti qui navigue à vue et ne sait comment faire pour sauver la face. C’est peu dire au regard du chaos qui s’est instauré.
Il a perdu en originalité et en crédibilité. Le FLN n’a aujourd’hui plus grand-chose à proposer qui le différencie vraiment de ses opposants. Ces derniers, qui n’ont pas su profiter de cette absence, n’ont pas réussi à s’organiser de manière cohérente pour lui porter l’estocade.
Depuis que Saâdani a succédé à Belkhadem, rien ne semble devoir freiner la chute du parti. Faut-il en conclure que le FLN, cette machine de guerre qui avait permis de remporter les élections depuis 1997, est à l’agonie ? En pleine crise, le dernier congrès du parti fait le dos rond pour éviter d’étaler ses conflits en public. Si Saâdani a obtenu un sursis pour lui-même, il aura du mal à remonter la pente.Sans bureau politique depuis fin mai dernier, date de la tenue de son 10e congrès, le FLN est, depuis, aux abonnés absents.
Le porte-parole du parti, Saïd Bouhadja, a annoncé hier dans les colonnes d’un journal gouvernemental la réunion du bureau politique pour les 18 et 19 septembre prochain à l’hôtel El-Aurassi. Outre le règlement intérieur, les responsables du parti procèderont à l’installation des commissions permanentes.