Duel à distance entre le FLN et l’APN
M.Saâdani veut à tout prix chasser le vice-président de l’APN, Mouad Bouchareb et sa collègue Malika Fodil, députée de Béchar, quitte à déstabiliser l’assemblée.
Rien ne va plus à l’APN. La crise du FLN secoue sérieusement la première chambre du Parlement. Le conflit a atteint le centre de la hiérarchie. Le président Mohammed Larbi Ould Khelifa risque sérieusement sa place à la tête de l’institution parlementaire.
Le secrétaire général du FLN exerce un forcing sans précédent. Amar Saâdani fait pression sur le troisième homme politique du pays pour évincer le vice-président Mouad Bouchareb, qu’il a exclu du parti, du bureau de l’APN. Après que celui-ci ait refusé d’appliquer les ordres lors de la précédente session en se référant au règlement intérieur de l’assemblée, le chef de file du parti majoritaire s’en prend directement au président de l’APN. M.Saâdani veut à tout prix chasser le vice-président de l’APN, Mouad Bouchareb et sa collègue Malika Fodil, députée de Béchar, quitte à déstabiliser l’assemblée. Le secrétaire général a instruit le président du groupe parlementaire du FLN Tahar Khaoua de rencontrer Ould Khelifa pour qu’il trouve une solution en urgence au cas Bouchouareb et le remplacer par le député Kharchi. Saâdani a même engagé Sadek Bougataya à faire pression sur Ould Khelifa. Ce dernier a fait savoir aux responsables de l’administration qu’au cas où Ould Khelifa n’appliquera pas les ordres, la direction lui retirera la confiance. Sous contrainte, Ould Khelifa est passé à l’acte. Lors d’une réunion du bureau tenue le mercredi dernier, le président a saisi l’occasion de l’étude des amendements apportés au Code pénal pour faire glisser comme note à l’ordre du jour l’éviction des deux députés.

La réunion à laquelle ont assisté huit vice-présidents sur les dix a provoqué la pagaille. Le vice-président Mouad Bouchouareb a contesté cette décision et a été soutenu par trois de ses collègues. «Ould Khelifa était malin et voulait passer cette note en catimini en interdisant aux vice-présidents de prendre la parole ce qui a poussé certains d’entre eux à quitter la réunion», a affirmé Mouad Bouchareb. Contacté par nos soins, le concerné explique que le président n’a même pas montré le document portant sur cette décision. C’est sur son insistance que Ould Khelifa a fini par montrer la note du secrétaire général du FLN. Accompagné par les trois vice-présidents, M.Bouchareb est allé même demander des explications auprès du président du groupe parlementaire Tahar Khawa. «Nous avons trouvé Khawa en compagnie de Sadek Bouguetaya qui s’est retiré pour éviter une confrontation», raconte notre source qui précise que Tahar Khawa était incapable de donner une explication valable à cette décision et qu’il ne peut même pas avoir l’accord du tiers du groupe parlementaire pour retirer la confiance. Les trois vice-présidents estiment que l’exclusion d’un député doit être adoptée par l’ensemble des membres du groupe parlementaire et non pas en catimini sur un simple document signé par son président. M.Bouchareb refuse de céder sa place, tant que les députés ne l’ont pas contesté. Le règlement intérieur stipule que le député est élu à un mandat d’une année. Devant cet état de fait, le président a même sollicité le Conseil constitutionnel pour donner son avis. «Le Conseil constitutionnel a tranché que l’APN est une assemblée régie par un règlement intérieur et qu’aucun parti n’a le droit d’interférer dans ses affaires», indique notre source, une réponse que n’a pas voulu diffuser Ould Khelifa. Autrement dit, le président de l’APN n’a pas à se soumettre aux ordres du secrétaire général du FLN et il est tenu de faire respecter le règlement intérieur de l’APN. Craignant pour sa place, le patron de l’APN tente de tout faire pour ne pas subir les affres de Saâdani.
Ainsi, son maintien à la tête de l’APN dépendra du départ de Mouad Bouchareb. «Il ne faut pas jouer ave ma tête», aurait déclaré Ould Khelifa à ce député. En tout cas, cette affaire risque de prendre en otage l’institution parlementaire. En raison de ce conflit, le bureau de l’APN ne s’est pas réuni pendant plus d’un mois lors de la précédente session d’automne. Même pas une semaine après l’ouverture de la session de printemps, le président de l’APN risque de ne pas sortir la tête de l’eau. En plus du FLN, l’opposition lui promet son lot de désagréments.