Les deux ailes du parti dénoncent la fraude, la corruption et les manipulations politiques.
Etrange déclaration du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkha-dem, quand il soutient que son parti a peur de la fraude électorale. «La crainte du FLN ne vient pas du multipartisme mais plutôt de la fraude électorale qui réduit notre force politique», a clamé hier, M.Belkhadem lors de la réunion des mouhafedhs du centre du pays, qui s´est déroulée au siège de l´Ugta place du 1er-Mai (Alger).
Dans ces propos l´allusion est claire, elle s´apparente même à une déclaration de guerre contre son frère ennemi, le RND. M.Belkhadem identifie clairement sa cible quand il affirme que «le problème du FLN ne réside pas dans les dissidences internes, mais ce sont les attaques des autres partis qui font mal».
A l´évidence, le seul parti à même de faire de l´ombre au FLN est le RND dont le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est le secrétaire général. Des sources proches de la direction du parti rapportent que depuis quelques semaines déjà, le débat s´est imposé au sein de la sphère dirigeante du FLN et selon lequel il faut un changement de gouvernement, une nouvelle équipe avec un nouveau Premier ministre pour préparer les prochaines législatives.
Le vieux parti veut tout simplement torpiller le RND. «Enlisé dans ses problèmes internes, le FLN tente de s´extirper en désignant un ennemi, un danger extérieur», note un observateur de la scène politique et ancien militant du parti. Pour se prémunir des conséquences de la fraude électorale, M.Belkhadem a proposé à l´instance de Bensalah, la création d´une commission indépendante pour l´organisation et le contrôle des élections. Lors de son intervention, devant les mouhafedhs, le secrétaire général du FLN a insisté sur la nécessité de la transparence dans la gestion des affaires politiques et publiques. Evoquant les militants qui ont quitté le parti, M.Belkhadem les a qualifiés de «personnes qui ont fait des affaires sous couvert du FLN».
Cependant, il a annoncé que leur sort sera connu lors de la session extraordinaire du Comité central, prévue le 30 juillet prochain. «La session extraordinaire du Comité central, qui se réunira les 30 et 31 juillet, tranchera le sort des redresseurs», a indiqué M.Belkhadem à la presse, en marge de cette même rencontre avec la base militante, à la Maison du peuple, siège de l´Ugta.
Le SG du FLN s´est dit disposé à ce qu´«ils (redresseurs) présentent une motion de retrait de confiance au Comité central». Il a toutefois, rappelé à ceux qui remettent en question la représentativité de certains membres du CC, que ce sont les délégués ayant participé au dernier congrès qui ont élu une partie des membres du Comité central, alors que d´autres sont issus de la liste nationale.
Dans une déclaration écrite remise à la presse, les manifestants ont critiqué la gestion du SG du FLN et appelé à son départ. Ils ont cependant affiché leur disposition à négocier avec lui «dans la transparence pour régler la crise que traverse le Front».
M.Belkhadem a demandé aux redresseurs, lors d´un long discours, de remettre la liste des noms des membres du CC qui ne rempliraient pas les conditions, afin de réétudier leurs dossiers, précisant à ce propos qu´il a eu une discussion jeudi, avec l´ex-membre du Bureau politique du parti, M.Salah Goujil, sur la question: «Je suis allé voir Si Salah chez lui, pour lui demander de me remettre la liste des personnes ne remplissant pas les conditions, mais il s´est excusé en disant qu´il ne pouvait pas le faire. Je lui ai alors demandé de la remettre au Comité central, mais sa réponse était qu´il ne pouvait toucher la sensibilité des uns et des autres», a-t-il précisé.
Près de 200 militants redresseurs venus des mouhafadhas du centre du pays, comme Blida, Tessala El Merdja, Boumerdès, de Tiaret et autres, sont venus se sont rassemblés hier au siège de l´Ugta, pour protester contre l´exclusion des militants et pour marquer leur opposition à la direction du Bureau politique du parti.
«Nous ne sommes pas manipulés. Nous sommes conscients de la réalité de la maison FLN», affirment les militants du mouvement de redressement du parti. Conduits par Med Seghir Kara, Salah Goudjil, Abdelmadjid Chérif et tant d´autres provenant des autres wilayas, les redresseurs du FLN ont, à l´unanimité, dénoncé les comportements et les décisions injustes qui sont prises en dehors du règlement du parti.
«Oui, pour le FLN du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956, non, aux responsables du FLN post-indépendance qui ont conduit le pays à la dérive», scandaient hier ces militants à la Maison du peuple.