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«Les coups de force, les mouvements de redressement surviennent à l’approche des échéances électorales.»
Depuis l’indépendance, le FLN a connu 12 chefs successifs. Le passage du flambeau ne s’est jamais fait dans le calme et la sérénité. Les coups de force, des putschs et les mouvements de redressement sont les marques de fabrique du parti, survenant à l’approche des échéances électorales. Avant Ould Abbès qui vient de quitter le parti suite à un malaise cardiaque qui l’aurait mené à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja, d’autres chefs de l’ex-parti unique ont connu le même sort. Débarqué, poussé à la porte ou il a démissionné volontairement, Ould Abbès quitte le parti sans avoir organisé la fameuse session du comité central. Il avait surtout observé une sorte de «neutralité» face au clash ayant opposé le ministre de la Justice garde des Sceaux, Tayeb Louh à son Premier ministre, Ahmed Ouyahia. La vie du FLN, le puissant instrument électoral des dirigeants, a été toujours marquée par des départs impromptus de ses secrétaires généraux.
Plus près de nous est la démission du tonitruant Amar Saâdani, le 22 octobre 2016, de la tête du FLN, en pleine session du comité central. Il dirigeait ce parti depuis le 29 août 2013. Le secrétaire général évoque ses problèmes de santé. «Mon absence pendant trois à quatre mois était liée à des raisons de santé (…). Je veux présenter ma démission devant vous (…) J’insiste. Je ne reculerai pas», avait indiqué Amar Saâdani face à l’insistance de l’audience qui tenait à le voir poursuivre sa mission à la tête du FLN.A la tête du parti depuis neuf ans, Abdelaziz Belkhadem a été brutalement destitué de son poste de secrétaire général du FLN en janvier 2013, à l’approche de l’élection présidentielle de 2014. Contesté au sein du parti, il se voyait reprocher par ses opposants de se servir du parti pour ses ambitions personnelles. Ce dernier, muré encore dans le silence, a été chassé du parti et banni par le président Bouteflika et du parti et de son poste de conseiller spécial du président de la République. En 2003, Ali Benflis a été éjecté du FLN d’une manière forte. L’ambassadeur d’Algérie en Iran, Abdelkader Hadjar a mené l’opération d’assaut contre les mouhafadhas du parti dans plusieurs wilayas en utilisant des chiens dobermans. Une décision de justice, rendue la nuit, invalidera les résultats du dernier congrès et Benflis.
Ce dernier s’est présenté à l’élection présidentielle de 2004 sans la couverture du FLN. L’auteur du putsch contre Abdelhamid Mehri, Boualem Benhamouda, a été débarqué à son tour en septembre 2000 quand Ali Benflis prendra les rênes du parti. Le défunt Abdelhamid Mehri a été victime d’un «coup d’Etat scientifique» exécuté en 1996, qui lui a valu sa place de chef de parti. L’ambassadeur d’Algérie au Maroc a été appelé pour prendre en main les destinées du FLN, après l’ouverture politique sur le multipartisme en 1989. Le nouveau patron du FLN, qui a perdu son statut de parti unique a signé au nom du FLN le contrat de Rome. En homme politique lucide, il a mené une révolution pacifique dans la maison FLN. Il n’en fallait pas plus, pour qu’il soit écrasé par la caste de décideurs qui ont écrasé dans l’oeuf l’oeuvre d’autonomisation du FLN.
En tout cas, le parti fera l’expérience de l’opposition en dénonçant l’interruption du processus électoral sous Abdelhamid Mehri. Par ailleurs, le premier secrétaire général du FLN post-indépendance, Mohamed Khider a jeté l’éponge en avril 1963. Il sera assassiné à Madrid en janvier 1967. Ahmed Ben Bella, élu président de la République en septembre 1963 est secrétaire général du FLN d’avril 1963 jusqu’à sa déposition en juin 1965. Cherif Belkacem fut également victime d’une cabale et devait s’effacer en 1967. Kaïd Ahmed hérite du parti, mais meurt dans son exil marocain en 1978, en disgrâce. En 1979 c’est Chadli Bendjedid qui prend les rênes du parti. Le poste de secrétaire général du parti étant attribué au président Chadli, l’appareil du parti est placé sous la direction effective de Mohamed Cherif Messaâdia de 1980 à1989.