Synonyme de renouveau et de vie, ce début de printemps replonge une majorité de familles blidies dans les effluves enivrantes des roses, fleurs et autres plantes ornementales agrémentant à souhait les balcons et cours centrales des maisons à Blida, où cette tradition a de beaux jours devant elle, en dépit des mutations de la vie moderne.
Chez les familles blidies, le fleurissement et l’embellissement des balcons et cours des maisons avec des « Nouar » (mot désignant diverses fleurs chez les habitants de Blida), est un art à part entière, qui en plus d’avoir la « main verte », requiert le respect d’un ensemble de règles en la matière.
Avant l’arrivée du printemps, les propriétaires des fleurs et plantes ornementales procèdent à l’élagage de leurs rosiers et jasmins, histoire de raviver leurs sèves et de renouveler en eux leur cycle de la vie, tout en £uvrant, si besoin est, à changer la terre des pots et à transplanter les plantes qui le nécessite dans des pots plus grands pour permettre leur développement.
Aussi, les maîtresses de maisons amatrices de fleurs ne manqueront aucune occasion pour aller se procurer de nouvelles sortes de plantes susceptibles d’embellir et d’élargir leur collection. Certaines préféreront pour ce faire les pépinières locales, alors que d’autres exploiteront leur réseau de connaissances pour se procurer une bouture d’une plante depuis longtemps convoitée chez une voisine ou une amie ayant la même passion florale.
A chaque nouveau printemps, les patios embaument de jasmin et de roses musquées.
En dépit de l’architecture moderne des bâtiments dortoirs, où aucune place n’est laissée à la verdure et au beau, les familles blidies demeurent attachées à leur tradition tirant sa source de l’histoire antique de cette ville.
L’entretien et la culture des fleurs et plantes ornementales est un réflexe conditionné qui renaît à chaque printemps, chez ceux notamment qui ont la chance de posséder un patio à l’ancienne embaumant le jasmin et la rose musquée, dont les senteurs rappellent qu’on est bien dans la Ville des roses.
La ville est en effet fondée en 1519 par le Saint Sidi Ahmed Lekbir , un amoureux des roses qui a en fait une cité à l’image des jardins d’Eden de l’Andalousie , dont les fleurs embaumaient le musc (galant de nuit) dès la tombée de la nuit.
C’est cet héritage de Sidi Lekbir que la population de Blida tente, aujourd’hui, de perpétuer malgré les contraintes imposées par le béton qui empiète de plus en plus sur les espaces verts et par l’architecture sans âme des bâtiments qui n’accorde aucune place à la verdure.
Des balcons et cages d’escaliers pour combler la nostalgie des cours centrales des maisons traditionnelles.
L’absence de jardins ou de cours n’empêchent cependant pas les mordus de fleurs et des plantes à Blida de s’adonner à leur passion florale, à l’exemple de Mme Ouahiba, une résidente de la cité Zaabana, en plein centre de la vieille ville, qui a transformé la cage d’escalier de son immeuble en un véritable jardin botanique.
Elle qui voulait avoir un jardin bien à elle, où elle pourrait respirer un air embaumant les fleurs, et perpétuer un héritage familial fait d’amour pour les plantes, a réalisé son rêve en plantant son jardin « à même les escaliers ».
« Tous les voisins m’aident dans l’entretien de mes plantes et fleurs », se félicite- t-elle aujourd’hui, non sans une pointe de fierté d’être à l’ origine du classement de son immeuble comme le plus beau de la cité. Et de souligner « même les enfants, aussi petits soient-ils, ne s’en sont jamais pris à mes plantes », assure-t-elle.
C’est également le cas de Mme Malika du boulevard El Aichi, dont la nostalgie des anciennes courettes des maisonnées embaumant les fleurs et le jasmin, l’a amenée à transformer son balcon en un véritable jardin des temps modernes. Elle a néanmoins fait part d’un épineux problème pour elle, représenté par la difficulté de trouver de la « bonne terre » pour renouveler ses pots, face a l’avancée impitoyable du béton.
Les amoureux des fleurs face l’avancée du béton
Pour entretenir le basilic et la menthe il faut du bon terreau, une condition pas si facile à remplir pour les amoureux des plantes dans un environnement ravagé par le béton, qui ne laisse plus de place à la verdure, tant dans le chef lieu de wilaya que dans ses grandes villes. La quête de la terre fertile est ainsi devenue un vrai casse-tête pour les amoureux des plantes, qui quémandent pour cela l’aide des membres de leurs familles.
D’autres sont obligés d’aller chercher « cette terre rare » à l’extérieur de la ville, parfois même jusqu’à la région de Sidi Lekbir, précisément sur les berges de l’Oued, où la terre est réputée fertile.
Les fleuristes vendent, également, de la terre pour aider à perpétuer la tradition
Devant cette difficulté qui pourrait constituer un frein pour les amoureux des plantes à Blida, des fleuristes et des pépiniéristes, vendent également du terreau, tant sur le boulevard El Aichi, lieu du festival annuel des fleurs de Blida, qu’au niveau des pépinières de Guerrouaou et Bouinane, à l’est de la wilaya.
Une activité, d’ailleurs, fort bien accueillie par les clients, selon l’assurance de M. Chaabani Reda, un fleuriste qui assure fournir ce service à ses clients, dans le but d’aider à « préserver un lègue hérité par sa famille, qui a toujours activé dans le domaine des fleurs, et qui a fait de lui un amoureux des fleurs impénitent, dont la boutique au boulevard El Aichi ne désemplit pas de passionnés de fleurs et de roses.