La démonstration de force était faite devant des responsables de partis politiques
La démonstration de force était faite devant un Belkhadem complexé et un Soltani émerveillé.
C’est un Djaballah très convaincu du rôle qui sera assigné à son nouveau parti qui a discouru, hier, durant près d’une heure devant environ 5000 délégués.
Le Congrès constitutif de sa formation, le Front de la liberté et du développement (FJD), qui s’est déroulé à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à Alger, aura été une occasion pour Abdallah Djaballah, fondateur de ce parti, d’impressionner son monde. La démonstration de force était faite devant des responsables de partis politiques, à commencer par
les islamistes Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et Bouguerra Soltani, président du MSP. D’autres responsables politiques, d’anciens ministres, des représentants du mouvement associatif et le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh), Mostefa Bouchachi ont honoré le FJD par leur présence à ce congrès. Karim Younès, ancien président de l’APN était aussi dans la Coupole. Des slogans à la gloire de Djaballah ont été entonnés dans la salle. «Djaballah, l’avenir nous appartient», «Ô Djaballah le courageux, les principes ne se vendent pas», scandaient les congressistes. Dans la salle, les femmes étaient séparées des hommes. C’est dire que toutes les conditions sont réunies pour que M.Djaballah puisse passer à l’offensive.
Islamiste jusqu’à la moelle
Evincé des mouvements islamistes El Islah et En Nahda, Abdallah Djaballah revient par la grande porte avec le même projet mais sous un autre sigle: le FJD. Dans son discours inaugural des travaux du congrès, M.Djaballah a fait un tour d’horizon sur les grandes lignes de son parti: son programme, ses principes, ses objectifs et son identité.
Le tout, a-t-il expliqué, sera fait au service de l’Islam, du pays et du peuple algérien. Djaballah n’a pas été tendre avec l’élite algérienne qui n’a pas joué, selon lui, le rôle qui est le sien dans la société. De ce fait, le FJD travaillera, à en croire l’orateur, à combler ce vide et à l’instauration d’une République démocratique et sociale basée sur les principes de l’Islam comme stipulé dans la proclamation du 1er Novembre 1954. Pour ce faire, le président du FJD se dit prêt à participer au pouvoir «non pour manger» mais pour construire une «véritable démocraties» où «la séparation des pouvoirs sera effective» et «l’alternance au pouvoir à travers des élections libres et transparentes sera assurée». Le MSP, qui compose avec le pouvoir est-il visé par la précision de Djaballah?
Ce dernier a plaidé pour l’approfondissement de la réconciliation nationale et des réformes politiques. Il a estimé que ces réformes sont insuffisantes pour l’instauration d’un véritable système démocratique et pluraliste.
Abordant laconiquement les élections législatives du 10 mai prochain, l’orateur a souligné que les nouveaux partis n’auront pas le temps suffisant pour s’y préparer. Il a appelé à l’assainissement du fichier électoral, jugeant illogique que «de compter 21 millions d’électeurs dans un pays de 35 millions d’habitants».
Djaballah complexe Belkhadem
Continuant sur sa lancée, l’orateur a évoqué la place de la femme dans la société. Selon lui, si aujourd’hui la femme est méprisée et marginalisée, c’est la faute aux us et traditions et non à l’Islam.
Abdallah Djaballah n’a pas manqué à cette occasion d’aborder et de saluer les révolutions des peuples de la région de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Pouvait-il faire autrement alors qu’il doit son retour à la scène politique à ces mêmes révolutions? «Les révolutions arabes ont donné une leçon aux régimes tyranniques et despotiques et aux pays occidentaux», a-t-il lancé sous des applaudissements nourris de la salle. L’orateur a fait le point sur le cas de la Syrie où des civils sont massacrés quotidiennement par la régime de Bachar El-Assad. Il a dénoncé, au passage, le silence et la passivité des régimes de certains pays de la région par rapport à ce qui se passe dans ce pays de l’Orient.
La réaction du SG du FLN et représentant personnel du chef de l’Etat, Abdelaziz Belkhadem, a attiré l’attention. Alors que tous les présents applaudissaient dans la salle, M.Belkhadem a baissé la tête. Se sentait-il concerné par ce reproche?
Belkhadem s’est pourtant levé pour applaudir lorsque le président du FJD rappelait la participation de feu, Abdelhamid Mehri, au premier processus de réconciliation nationale en 1995.