Selon une source proche de l’ex-FIS, Abassi Madani multiplie les contacts avec des officiels qataris pour intercéder en faveur du parti dissous et le laisser revenir, sous quelque forme que ce soit, à la vie politique.
Après avoir été reçu à Doha, où il réside, depuis 2001, ces derniers jours, il a été notamment demandeur d’audiences privées chez nombres d’officiels proches du ministre des Affaires étrangères, Hamid Ben Jassem Al- Thani.
Abassi Madani, dont le fils Oussama est à la tête d’une nouvelle chaîne de télévision, Al- Magharibia, tente depuis plusieurs mois de remettre son parti sur rails, à la faveur des nouvelles ouvertures politiques consenties par le président de la République.
Toutefois, la loi sur les partis, adoptée par l’Assemblée nationale, a exclu encore le retour du Front islamique. En désespoir de cause, il existe, actuellement, un véritable travail de fond pour remettre à la page des affaires relevant de la «décennie noire».
La récurrence de l’affaire des moines de Tibhirine, l’interpellation de Khaled Nezzar, en Suisse et les réticences des ONG européennes à venir en Algérie, lors des législatives sont autant de dossiers qui renseignent sur le travail de sape opéré par l’intelligentsia du FIS à l’étranger, dont des leaders comme Mourad D’hina constituent la matière grise.
Il y a quelques semaines, le FIS lançait un site internet et reprenait ses anciens slogans et textes, et un premier communiqué a été signé -comme il se doit- par Abassi Madani et Ali Benhadj.
Par la voix de ses deux anciens leaders, le Front islamique du salut -qui a été dissous par voie de justice, le 5 mars 1992, a publié sur le nouveau site internet, dont il s’est doté, un communiqué, signé conjointement par son ancien président Abassi Madani, installé à Doha au Qatar, et par son ancien n° 2, Ali Benhadj, à la suite des nouvelles lois votées par le Parlement et notamment à propos de la loi sur les partis qui «exclut» les anciens du FIS de participer à la vie politique.
Dans ce communiqué, le FIS annonce qu’il a mandaté des avocats pour porter plainte auprès des institutions internationales, judiciaires et des droits de l’Homme, contre son exclusion de la vie politique en Algérie.
Le communiqué rappelle, également, la position du FIS, selon laquelle il ne saurait y avoir de réformes, ni de réconciliation sans un dialogue global, sans condition ni exclusion d’aucune partie ni de tendance politique. Ce communiqué a été décrypté comme annonciateur d’une nouvelle tentative de retour de la part, non pas uniquement du parti dissous, mais aussi de ses parrains et ceux qui le soutiennent à l’étranger, dont, évidemment, le Qatar.
Fayçal Oukaci