Celui qui s’est qualifié de harki du pouvoir revient dans El Khabar sur l’arrêt du processus électoral et le régime actuel.
L’ex-chef du gouvernement, M. Sid Ahmed Ghozali a indiqué qu’il refuse de cautionner le régime en rouvrant le dossier du parti du Front national. M. Ghozali a indiqué que le pouvoir aujourd’hui reproduit les mêmes pratiques. « Comme j’ai refusé de cautionner l’idée de création du Rassemblement national démocratique qui m’a été proposée avant tout le monde, parce que c’est basé sur de faux principes, je refuse aujourd’hui et pour les mêmes principes, de cautionner ces idées du régime.
M. Sid Ahmed Ghozali est revenu à la polémique qui a eu lieu autour du dossier de son parti politique, le Front Démocratique, créé en 1999. « Si je visais de marquer ma présence sur la scène politique, le parti aurait été agrémenté par la logique du régime et non pas par celle de la loi, depuis sa création en 1999 ». M. Ghozali a expliqué que son parti n’a reçu aucune réponse négative de la part du ministère de l’Intérieur, ce qui signifie selon lui qu’il est agréé par la force de la loi. Il a, toutefois, expliqué que les employés de l’Etat et, répondant à des instructions verbales, réclament toujours des documents, « c’en est une des méthodes du régime qui ne fonctionne en appliquant la loi mais par les instructions », a-t-il enchainé.
Dans un contexte différent, M. Ghozali a accusé le président Bouteflika de « manœuvrer » en annonçant l’ouverture du champ politique. À ce propos, Ghozali a expliqué que le champ politique est ouvert depuis 23 ans. « Quant le ministre de l’Intérieur me demande de renouveler le dossier, cela veux dire que l’on va donner le caractère « très légal » à ce qui est « illégal. Supposons que je renouvelle mon dossier, cela signifie que je serait un faux témoin dans des élections dont les résultats sont connues d’avance », a-t-il expliqué.
Le terrorisme et « les groupes du régime »
L’ancien chef du gouvernement réfute l’idée selon laquelle le terrorisme était une réaction à l’annulation des élections de 1991, mais que c’était l’accumulation de problèmes sociaux causés par « des groupes du régime » qui avait déclenché les violences. Ghozali reconnait que le FIS « avait acquis une légitimité à travers des élections libres », et pense que le régime actuelle est pire que le FIS.
On ne peut parler avec Ghozali sans évoquer le début des années 1990 lorsqu’il était chef du gouvernement, c’était en effet sous son gouvernement qu’ont été organisées les premières élections législatives libres multipartistes.
Elles se sont terminées par l’intervention de l’armée pour annuler ses résultats remportées par le FIS. Selon Ghozali, contrairement à ce qui se dit depuis 20 ans, le président Chadli Bendjedid n’a pas été poussé à démissionner mais a démissionné de sa propre volonté, selon Ghozali qui précise : « Chadli a démissionné moralement après les événements d’octobre 1988 qui l’a encore plus affaibli moralement ce sont les événements en Roumanie et l’exécution du président Ceausescu. Il était entouré d’un groupe qui l’avait convaincu de la possibilité de coexister avec le FIS, l’avait convaincu que les islamistes échoueraient après leur victoire aux législatives, et que ce groupe reviendrait au pouvoir à la fin ». SAG a écarté la possibilité que Chadli ait subi des pressions de la part d’officiers militaires pour le pousser à jeter l’éponge. « Mais il m’a été dit, confie-t-il, que des officiers l’ont appelé pour lui demander de se retirer, c’est avéré qu’il s’est retiré sur la base de leur demande peut-on appelé ce qui s’est passé un coup d’état ? Je n’appelle pas cela un coup d’Etat, nous étions convaincus que les islamistes détruiraient l’Etat, mais je ne cherche en disant cela à justifier les lois du 11 janvier 1992 mais cela peut être justifié politiquement parce que d’importantes masses populaires et des forces politiques ont fait part de leur crainte de la destruction de l’Etat ».
Et d’ajouter : « Si nous avions admis que cela était un coup d’Etat, il a été conclu avec le chef de l’état dont la démission était crédible, puisque dans la forme on ne pouvait aller vers un deuxième tour des élections sans président de la république » Ghozali a annoncé qu’il ne regrettait pas sa participation à l’arrêt du processus électoral. Poursuivant ses confessions, il ajoute : « Mais je regrette que le régime n’ait pas tiré les leçons de l’expérience de 1991 », et pense d’un autre coté que « le peuple algérien a donné la majorité au FIS dont la victoire était sans aucun doute légitime, et personne ne peut le nier, mais la décision de l’arrêt du processus électoral était également légitime ».
« L’Etat pire que le FIS »
Ghozali a ajouté concernant l’importante période historique de ce pays, que le président Chadli a dissous le parlement avant de démissionner, « sans que je le sache alors que la Constitution lui impose de consulter le chef du gouvernement, le président du parlement et le président de la cour suprême », Ghozali attribue la dissolution du parlement à Chadli et à aucun autre responsable au gouvernement. Ghozali reproche à l’état de ne pas avoir retenu la leçon de l’expérience islamiste, et pense qu’il « est pire que le FIS dont les résultats s’il avait pris le pouvoir n’aurait pas été plus catastrophique que les résultats de la gestion de l’état »», ajoutant que « l’Etat est pire que le FIS…c’est un fait parce que la mauvaise situation qu’il a causé va nous amener à l’effondrement ».