L’attente aura duré des années pour une partie des bénéficiaires des logements de type LPP. Mais la promesse est désormais tenue. Le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) vient de lancer officiellement l’opération de transformation des crédits immobiliers classiques en financements conformes à la charia islamique.
C’est une annonce qui a déjà provoqué un engouement notable dans les agences bancaires. Selon Sofiane Mazari, chef du département de la finance islamique au sein du CPA, l’opération de conversion des crédits pour logements LPP (Logement Promotionnel Public) vers des financements islamiques est officiellement en marche sur tout le territoire. Désormais, avec une simple signature, un acquéreur peut faire passer son prêt classique en financement islamique… le jour même.
Un simple passage en agence suffit : le CPA lance officiellement la conversion des crédits LPP en financement halal
Le principe est simple, tout client ayant contracté un prêt classique pour un logement LPP peut désormais se rendre dans son agence CPA, faire une demande écrite de conversion, et signer une nouvelle convention pour basculer vers un financement islamique le jour même, sans frais supplémentaires, sans hausse de mensualités, ni changement de prix du bien. Même ceux ayant déjà entamé le remboursement dans le cadre du prêt classique peuvent opter pour cette formule.
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Ce nouveau mécanisme repose sur la formule de location-vente avec promesse de transfert de propriété. Le bien est acquis par la banque auprès du promoteur, puis loué au client à long terme avec une promesse écrite de cession à la fin des paiements. Le bénéficiaire paie ainsi des loyers sans intérêts, jusqu’à devenir propriétaire à terme.
Une promesse tenue, une demande massive et une structure prête
Ce basculement ne sort pas de nulle part. Le CPA avait déjà signé un accord avec l’Entreprise Nationale de Promotion Immobilière (ENPI), garantissant aux clients la possibilité de souscrire initialement un prêt classique, tout en leur assurant la possibilité de le convertir plus tard, une fois le produit islamique opérationnel. C’est désormais chose faite.
Le succès est immédiat : « L’opération connaît un engouement massif depuis son lancement », souligne Mazari. Et pour cause : elle répond à un besoin longtemps exprimé par des milliers d’Algériens soucieux de financer leur logement de manière conforme à leurs convictions religieuses.
Quelques chiffres permettent de mesurer l’ampleur du phénomène :
- 84 700 comptes islamiques sont aujourd’hui ouverts au sein du CPA ;
- 57,5 milliards de dinars de dépôts sont enregistrés sur les comptes islamiques ;
- 13,5 milliards de dinars de financements ont été octroyés, principalement pour l’immobilier et l’achat d’électroménagers.
Le CPA reste pour l’heure le seul établissement autorisé à effectuer ce type de conversion sur les logements LPP, après obtention des autorisations officielles nécessaires.
Pourquoi cela ne concerne pas encore les logements AADL ?
La question se pose naturellement, si les logements LPP sont concernés, pourquoi pas ceux de l’AADL ? La réponse est juridique. Le financement islamique, en particulier via l’ijara, exige que le bien ait un titre de propriété.
Or, dans le cadre de l’AADL, ce document n’est souvent délivré que plusieurs années après la remise des clés. En l’absence de ce titre, le mécanisme islamique ne peut être enclenché, malgré la demande insistante de nombreux souscripteurs.
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Toutefois, une piste reste ouverte. La Commission de la finance islamique du Haut Conseil Islamique avait déjà proposé une solution adaptée. Mais son application nécessite des ajustements réglementaires encore en discussion.
Soutien de l’État, équité fiscale : la finance islamique entre dans une nouvelle ère
L’essor de la finance islamique ne se limite pas à l’initiative du CPA. Depuis un an, l’État algérien a considérablement renforcé son soutien au secteur. Le décret exécutif signé par le Premier ministre Nadir Larbaoui prévoit l’égalité fiscale entre financements classiques et islamiques, notamment en matière d’accès aux aides de l’État et aux réductions des marges dans les zones du Sud et des Hauts-Plateaux.
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Les financements islamiques peuvent ainsi bénéficier :
- D’une réduction de la marge de profit jusqu’à 90 % selon les revenus ;
- D’une prise en charge partielle de cette marge par la Trésorerie publique ;
- Des mêmes avantages que les crédits conventionnels, dans une logique d’équité et de liberté de choix pour le citoyen.
Pour Mazari, cette nouvelle dynamique traduit un engagement politique fort en faveur de l’inclusion financière et de la diversification des modes de financement dans le secteur du logement.