Le financement du terrorisme au coeur d’un sommet de la MENA

Le financement du terrorisme au coeur d’un sommet de la MENA

Des responsables gouvernementaux venus de tout le monde arabe ont réaffirmé la semaine dernière leur engagement à combattre le blanchiment d’argent et les mécanismes de financement du terrorisme.

Les participants à cette 14ème réunion du Groupe d’action financière pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (MENAFATF) sont convenus de renforcer « la lutte contre le trafic de drogue et de substances psychotropes et le blanchiment d’argent », s’engageant à assurer un suivi des développements survenant dans la coopération internationale.

Cette réunion de trois jours, qui s’est achevée le 30 novembre, était conduite par l’Algérie. L’auditoire a salué les « progrès » réalisés par le Liban, la Tunisie, les EAU, le Qatar et le Bahreïn dans « le développement de systèmes anti-blanchiment et de lutte contre le financement du terrorisme ».

Les pays ont par ailleurs décidé d’octroyer aux Nations unies un siège d’observateur au sein du MENAFATF, ce qui devrait permettre de « renforcer » la collaboration de l’organisation avec les organismes et les instances internationaux, selon le communiqué final.

La lutte contre les crimes financiers « entre dans le cadre des réformes initiales que l’Algérie a déjà lancées, et qui ont pour objectif d’accroître la bonne gouvernance », a déclaré le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi.

« Ces réformes ont été couronnées par la création de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) en 2002 et par la promulgation d’une loi régissant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en 2005, » a-t-il dit.

« La forte participation à cette réunion reflète la volonté des Etats de raviver la coopération dans le combat contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme qui menacent la stabilité économique des pays de la région », a expliqué Abdenour Hibouche, président de la CRTF.

Il a noté que l’Algérie, qui oeuvre dans la lutte contre le financement du terrorisme depuis 1995, n’épargnera aucun effort pour renforcer la coopération internationale et le partage d’informations sur les crimes financiers.

« La révision de la loi de 2005 sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme est devenue nécessaire, parce que nous sommes dans l’obligation de l’harmoniser avec les recommandations faites par la FATF et les accords internationaux dans ce domaine », a-t-il ajouté.

Environ 600 rapports concernant des transactions suspectes ont été enregistrés au cours des six premiers mois de l’année, et font actuellement l’objet d’une enquête de la part des inspecteurs de la cellule, a indiqué Hibouche. Depuis 2010, son organisation a reçu plus de 3 000 procès verbaux faisant état d’opérations de blanchiment d’argent, contre 570 fin 2009.

L’augmentation du nombre de cas suspects est due à une surveillance étroite des banques exercée par la Banque centrale d’Algérie, qui a émis, l’année dernière, des instructions strictes à ses agents, leur demandant de surveiller tous les comptes dans les établissements bancaires publics et privés, ainsi que les transferts financiers opérés par les institutions, les entreprises et les personnes.

Hibouche a répété que la CTRF n’établit aucune distinction entre les opérations relatives au blanchiment d’argent et celles liées au financement du terrorisme avant que ne soient menées les investigations nécessaires par d’autres entités spécialisées dans le blanchiment d’argent.

Aux termes de la loi de 2005 sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les institutions financières sont tenues de transmettre à la CTRF des rapports sur les transactions potentiellement irrégulières ou sans justification économique, a-t-il rappelé.

Pour sa part, Adil Hamad Al Qulish, membre du secrétariat général du MENAFATF, a déclaré que la mise en oeuvre de ces recommandations par les membres était régie par des processus d’évaluation mutuelle de la part du groupe d’action financière. Il a confirmé que plusieurs pays de la région sont maintenant sur le point de remplir les mesures exigées.

Ce groupe d’action, créé en 2004 lors d’une réunion ministérielle au Bahreïn, comprend tous les pays arabes et des observateurs issus du Front monétaire international, de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale des Douanes, des Etats-Unis, de la France, de Grande-Bretagne, et de plusieurs groupes de lutte contre le blanchiment d’argent dans le monde. C’est l’Arabie Saoudite qui présidera le groupe en 2012.