Rachid Bouchareb, le réalisateur du film L’Attentat
Yasmina Khadra s’est démarqué de ce film et avait même critiqué son contenu lors de la conférence de presse organisée à Alger lors de la projection du film d’Arcady «Ce que le jour doit à la nuit».
Après avoir écarté tous les films produits ou coproduits par l’Algérie et surtout ignoré la célébration du 50e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, le Maroc, à travers son prestigieux Festival international de Marrakech, vient de commettre une énorme maladresse diplomatique, en programmant un film qui rapprocherait l’Algérie à Israël et cela en plein contexte international marqué par la crise à Ghaza.
Le Festival international de Marrakech vient, en effet, de rendre publique la liste des films sélectionnés pour la compétition et le comité de sélection n’a pas trouvé mieux que de programmer le seul film qui a une relation avec l’Algérie, L’Attentat (The attack), réalisé par Ziad Doueiri et surtout produit par Rachid Bouchareb et adapté de l’oeuvre de Yasmina Khadra. Le film est une oeuvre algérienne qui a été déformée par Israël, lors de son processus de production cinématographique.
Le comité de sélection, composé de Bruno Barde, le directeur artistique, Nouredine Sail, le vice-président et surtout Mme Mélita Toscan du Plantier, directrice du Festival, savent que programmer ce film, pourtant écrit par l’un des plus importants écrivains algériens et produit par un de ses meilleurs réalisateurs et producteurs, sera mal vu par l’Algérie, qui n’a pas soutenu ce film, qui a été tourné dans les territoires israéliens et dont le dialogue est à 80% en hébreu. L’auteur du livre dont a été adapté ce film, Yasmina Khadra, lui-même, se démarque de ce film et avait même critiqué son contenu lors de la conférence de presse organisée à Alger lors de la projection du film d’Arcady «Ce que le jour doit à la nuit».
Mieux encore, le film a été tourné avec des acteurs israéliens à l’image de sa vedette Uri Gavriel, qui parle parfaitement arabe et qui avait joué dans le film House of Saddam en 2008 surtout dans le dernier Batman The Dark Knight Rises. Plus grave encore, le producteur exécutif israélien, Amir Harel a supprimé les 30 dernières minutes adaptées du livre et qui montraient l’assassinat du Cheikh Yassine (symbole de la résistance palestinienne et fondateur du mouvement Hamas) et montré à sa place, la vision israélienne sur le terrorisme.
Contrairement à l’adaptation du livre faite par Arcady du livre «Ce que le jour doit à la nuit», Yasmina Khadra ne partage pas l’adaptation faite par le réalisateur libanais Ziad Doueiri, qui a écrit le scénario avec Joëlle Toumai. Si l’Algérie a refusé de coproduire ce film, le Liban, qui est coproducteur majoritaire à travers la société de Ziad Doueiri, Doueiri Films, a refusé d’inscrire le film sous la bannière libanaise aux Oscars 2013, en raison de la vision très israélienne du film.
Malgré la récupération de cette oeuvre écrite par un auteur algérien, le lobby sioniste, très présent dans le monde du cinéma, a empêché que le film soit montré dans les festivals. Depuis sa mise en circulation dans les marchés des films, il n’a été programmé que dans deux festivals, Toronto grâce à son distributeur Wild Bruch, hors compétition et au Festival de San Sébastien en Espagne. Il a été écarté de tous les festivals en France, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Pour atténuer et minimiser sa présence sur les réseaux sociaux et sur Internet, il n’existe à ce jour aucune bande-annonce du film, ni même une affiche, alors que le film était prêt en 2011. Seules quelques photos du comédien principal du film devant les ruines est visitées sur Internet. Car, après tout, le film, comme le livre, tente d’expliquer des choses sur la Résistance palestinienne. C’est l’histoire du docteur Amin Jaâfari, un Arabe israélien, complètement intégré à la société israélienne et qui possède de nombreux amis juifs, qui découvre après un attentat dans un restaurant de Tel-Aviv, que sa femme était la kamikaze.
Ce film qui est coproduit entre le Liban, la France, l’Egypte, le Qatar et la Belgique, a nécessité un budget de 3,2 millions. Il sera distribué en France à la fin décembre 2012 et sera programmé au prochain Festival de Marrakech, un festival qui, comme on le sait, a été récupéré par les Français, puisque la sélection se fait à Paris, au sein de la société publique Système Cinéma de Bruno Barde, (qui gère également le Festival du film américain de Deauville) en concertation avec Mme Toscan du Plantier et le conseiller du Roi Mohammed VI, André Azoulay. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Festival de Marrakech est le Festival international à être autorisé à placarder ses affiches sur la prestigieuse avenue des Champs Elysées et cela depuis une semaine.