Le film Hors-la-loi présenté à l’ONU

Le film Hors-la-loi présenté à l’ONU

Si Hors-la-loi est retenu, ce sera le plus important événement de l’Algérie après la qualification en Coupe du Monde.

Le réalisateur franco-algérien, Rachid Bouchareb, a rendez-vous avec l’histoire, puisque le film Hors-la-loi, est en passe de décrocher, ce soir à Los Angeles, l’Oscar du meilleur film étranger. Le film a déjà donné lieu à une grande campagne de promotion aux Etats-Unis, puisqu’il a été présenté au siège de l’ONU devant plus de 500 personnes, en majorité des diplomates, des journalistes et des fonctionnaires internationaux.

Le film a été longuement applaudi et a captivé les spectateurs. Ahmed Bedjaoui, conseiller auprès du ministère de la Culture et chef d’orchestre de la campagne de promotion du film Hors-la-loi en Amérique a, dans une introduction, faite dans la langue de Shakespeare, rappelé qu’il y a un peu plus de 50 ans, l’Assemblée générale de l’ONU adoptait la résolution 15-14, encourageant l’indépendance et l’émancipation des peuples encore sous le joug colonial.

Il saisit donc cette occasion pour rendre hommage à M’hamed Yazid, premier représentant de l’Algérie à l’ONU et le premier ministre du Gpra à avoir présenté deux films algériens issus de la lutte de libération nationale à l’ONU, alors que la guerre faisait encore rage dans le pays. Bedjaoui avait, notamment lancé cette phrase en anglais: «Fifty years later, I said Algeria is back with its cinema». (50 ans après, l’Algérie revient avec son cinéma).

Le film a été projeté également à Washington dans deux universités, Columbia et Howard Universities avec un débat. Dimanche dernier, la délégation algérienne avait participé au Smithsonian Museum de Washington à un symposium intitulé «Algeria To-day» avec Dany Glover, Manthia Diawara, Kathleen Cleaver et Mbaye Cham. Il a été question de cinéma algérien surtout, et du Panaf 1969. 200 personnes environ ont suivi le symposium qui a été suivi de la projection de Africa is Back de Salem Brahimi et Chergui Kharroubi. Les spectateurs ont beaucoup apprécié et applaudi ce film qui a été présenté dans sa version anglaise. Hier, Bedjaoui a rejoint Rachid Bouchareb pour le dernier sprint avant la cérémonie des Oscars prévue pour aujourd’hui. Il a animé, avec Rachid Bouchareb un symposium à Hollywoood sur Hors-la-loi devant un public d’invités. Le 26 février a été la journée de The Algerian Entry avec un diner offert par Sonatrach. La Compagnie nationale des hydrocarbures a été d’un grand apport dans la campagne de promotion pour Hors-la-loi à Hollywood.

Elle aurait investi plus de 350.000 dollars pour cette campagne, qui a abouti à la sélection dans le carré final du film pour l’Oscar du film algérien dans une compétition cinématographique très serrée.

Les chargés de la promotion de Hors-la-loi ont fait campagne en plaçant des encarts publicitaires dans la presse professionnelle et dans le prestigieux Los Angeles Times pour annoncer les projections organisées à Los Angeles et New York pour les membres de l’Académie.

Les votants doivent apporter la preuve qu’ils ont visionné les cinq films en compétition, soit dans une salle de cinéma, soit lors d’une projection officielle de l’Académie. Les restrictions imposées récemment interdisent de voir le film en DVD. S’exprimant dans les colonnes du quotidien Le Monde, Rachid Bouchareb a déclaré: «En Algérie, la nomination de Hors-la-loi est très importante pour le cinéma, en général, et aussi pour dire qu’il est un outil de rayonnement international». Saisissant le contexte historique dans le Monde arabe, il ajoute: «C’est un moment historique. On avait oublié qu’une révolution, ça peut se gagner. Le Monde arabe prouve que oui.». L’Algérie a déjà été nominée quatre fois et a remporté l’Oscar du meilleur film étranger en 1969 avec Z, thriller politique de Costa-Gavras. «Cette fois, l’enjeu est plus fort parce que c’est un Algérien d’origine», explique le producteur français du film, Jean Bréhat.

C’est la troisième nomination pour Bouchareb, qui a été déjà nominé par l’Académie en 1995 avec Poussières de vie et en 2006 avec Indigènes, toujours sous la bannière de l’Algérie. «La première fois, on a vraiment envie de gagner, mais après…», relativise le réalisateur, qui est arrivé à Los Angeles le 21 février, à la veille de la clôture du scrutin pour les 6000 membres de l’Académie. «Martin Scorsese a été nominé six fois avant de gagner», rappelle-t-il, non sans humour. Dans la soirée de samedi à dimanche, l’Algérie a une nouvelle fois, rendez-vous avec l’histoire, en cas de victoire de Hors-la-loi, cela risque d’être le plus important événement planétaire de l’Algérie après la qualification de l’EN en Coupe du Monde en Afrique du Sud.

Adel MEHDI