Même s’il concourt à Cannes sous les couleurs de l’Algérie, Hors la loi, de Rachid Bouchareb, est un film majoritairement français.
Or son traitement des facettes les plus sombres de la guerre d’Algérie déclenche une polémique qui prend de l’ampleur : le député UMP Lionnel Luca dénonce le caractère « anti-français » du film, tandis qu’un élu local de Cannes, André Mayet (président de la Maison des rapatriés), appelle à interdire la projection du film et à « l’occupation des marches du Palais ».
650.000 euros versés par le CNC
Selon les critères du CNC, le financement du film provient à 59 % de la France, à 21 % de l’Algérie, à 10 % de la Tunisie et à 10 % de la Belgique. Le devis du film atteint, au total, 20,55 millions d’euros. Il s’agit du quatrième devis français en 2009. Le CNC a fourni une aide sous la forme d’une avance sur recette de 650.000 euros. La commission de la diversité a apporté, quant à elle, 50.000 euros. Le film est également soutenu par les filiales cinéma de France 2, France 3 et StudioCanal.
Rachid Bouchareb a perçu, pour sa part, un à-valoir de 250.000 euros en tant que coscénariste et 4 % sur les recettes nettes du film. En tant que réalisateur, l’auteur d’ Indigènes a perçu un minimum garanti de 300.000 euros et 8 % sur les recettes nettes du film. À l’étranger ces jours-ci, Rachid Bouchareb n’était pas joignable afin de répondre à ses détracteurs. La polémique porte particulièrement sur l’origine des massacres de Sétif du 8 mai 1945 . De son côté, l’armée française, à travers son service historique, a relevé de nombreuses « erreurs » et des « anachronismes » dans le scénario. La question est : comment les services du secrétariat de la Défense ont-ils eu accès au scénario et s’agit-il du scénario définitif ? lepoint.fr n’a pas encore obtenu de réponse à ces questions, tant du côté de la Défense que du côté de la production
Hors la loi sera présenté à Cannes le 21 mai. Ce jour-là, une cérémonie en mémoire à « toutes les victimes de la guerre d’Algérie » sera organisée au Festival de Cannes. « Ce sera la meilleure manière de valoriser la mémoire des victimes », a déclaré à l’Agence France-Presse le sous-préfet Claude Serra, qui fera acte de présence pour l’événement.