Le film «Attentat» sélectionné par le Festival international du film de Marrakech : Alger crie au loup

Le film «Attentat» sélectionné par le Festival international du film de Marrakech : Alger crie au loup

Le film « Attentat » risque d’exacerber les relations diplomatiques, déjà tendues, entre le Maroc et l’Algérie. En effet, les Algériens ne semblent pas apprécier la sélection de ce film pour représenter leur pays lors de la 12ème édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Motif invoqué : le film en question rapprocherait l’Algérie d’Israël et cela en plein contexte international marqué par la crise à Gaza, rapporte le quotidien algérien l’Expression.

Ce dernier va même plus loin. Il estime que le Maroc, via son FIFM, vient de commettre « une énorme maladresse diplomatique », en programmant ce film et en écartant tous les films produits ou coproduits par l’Algérie et surtout a ignoré la célébration du 50e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie.

En effet, et malgré le fait que le film est adapté de l’œuvre de l’écrivain Yasmina Khadra et produit par le réalisateur Rachid Bouchareb, l’Algérie n’a pas jugé bon de soutenir ce film, qui a été tourné dans les territoires israéliens et dont le dialogue est à 80% en hébreu. Mieux, l’auteur du livre, lui-même, se démarque de ce film et avait même critiqué son contenu lors de la conférence de presse organisée à Alger en indiquant qu’il ne partage pas l’adaptation faite par le réalisateur libanais Ziad Doueiri, qui a écrit le scénario avec Joëlle Toumai.

Plus grave encore, le quotidien l’Expression rapporte que le producteur exécutif israélien du film, Amir Harel, a supprimé les 30 dernières minutes adaptées du livre et qui montraient l’assassinat de Cheikh Yassine (symbole de la résistance palestinienne et fondateur du mouvement Hamas) et montré à sa place la vision israélienne sur le terrorisme.

La même source révèle que même le Liban, qui est coproducteur majoritaire à travers la société de Ziad Doueiri, Doueiri Films, a refusé d’inscrire le film sous la bannière libanaise aux Oscars 2013, en raison de la vision très israélienne du film.

Autre fait troublant, le film n’a jamais été projeté dans un quelconque festival. Depuis sa mise sur le marché, il n’a été programmé que dans deux festivals, Toronto grâce à son distributeur Wild Bruch, hors compétition et au Festival de San Sébastien en Espagne, souligne l’Expression. Il a été même écarté de tous les festivals en France, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Même constat au niveau des réseaux sociaux et sur Internet. Aucune bande-annonce du film, ni même une affiche n’existent jusqu’aujourd’hui alors que le film était fin prêt en 2011. Seules quelques photos du comédien principal du film devant les ruines circulent sur Internet.

A noter que ce film qui raconte l’histoire du docteur Amin Jaâfari, un Arabe israélien, complètement intégré dans la société israélienne, qui découvre après un attentat dans un restaurant de Tel-Aviv, que sa femme était la kamikaze, a été coproduit par le Liban, la France, l’Egypte, le Qatar et la Belgique, avec un budget de 3,2 millions et qu’il sera distribué en France à la fin décembre 2012.

Il convient de rappeler, par ailleurs, qu’un certain charivari au niveau de l’administration du FIFM est en train de défrayer la chronique. En effet, les attributions du secrétaire général de celui-ci viennent d’être réduites comme peau de chagrin. En effet, Jalil Laâgili vient de se voir dessaisi de toutes les prérogatives dont il assumait la charge depuis neuf ans, hormis celles qui ont trait à la logistique. Selon des sources concordantes, cette décision aurait déjà fait au moins une victime parmi le personnel en charge de ce festival. Dourra El Omari qui s’occupait du protocole s’est vu, ainsi, remplacer par Meryem Chmaou. De plus, l’opérateur de télécoms qui accompagnait le FIFM depuis cinq ans a été remercié et remplacé par son concurrent direct.