Le FFS survivra-t-il à l’après-Aït Ahmed ?

Le FFS survivra-t-il à l’après-Aït Ahmed ?

La question que d’aucuns se sont instinctivement posée une fois l’information du départ d’Aït-Ahmed de la tête du plus grand parti d’opposition connue, est de chercher après la capacité du FFS, à travers son actuelle direction tant décriée, à survivre à l’après son chef charismatique.

– De toutes les décisions qu’il a eu à prendre au cours de son long parcours militant, celle d’avanthier se devait d’être la plus laborieuse tant elle consacrait la fin d’un cycle naturel de la vie qui s’impose à tout un chacun, et le passage de témoin à la tête de son «bébé», le FFS, qu’il a fait naître il y a de cela 49 ans. Quelle éprouvante œuvre ! C’en est une, pour tout un chacun appelé à accomplir, à un certain moment de la vie : celle de céder la place à autrui, de léguer un héritage que l’on a vu naître et que l’on a sauvegardé au prix de moult sacrifices et autres privations. Tel doit être le cas d’Ait- Ahmed qui, avant de se résoudre, avant-hier, à céder, pour la première fois, la présidence du FFS, a dû certainement remuer la question indéfiniment, et choisir le timing idéal pour cette transmission de témoin, comme il l’écrit lui-même dans sa missive, aux membres du conseil national du parti réunis en session extraordinaire ce vendredi. Un timing que plus d’un observateur de la scène politique nationale en général et du FFS en particulier trouve savamment étudié, en ce sens que, estiment-ils, Ait-Ahmed a agi tel ce géniteur du tout pas rassuré et tranquillisé par la maturité de ses rejetons, en prenant ses devants avant de livrer son testament : mettre son bébé tant chéri sous «bonne tutelle». Par tutelle, ces observateurs font allusion à l’arrimage du «plus vieux parti d’opposition» dans le giron du pouvoir, depuis près de deux années. Une mise sous tutorat dont le tout premier acte fut de voler au secours du pouvoir menacé, faut-il le rappeler, par le vent de la révolte arabe qui a eu raison de bien de dictatures de par nombre de pays voisins. C’était en janvier 2011 quand le FFS et les associations qui lui sont affiliées, alors parties prenantes de la contestation dans le cadre de la CNCD, décidèrent de faire fausse compagnie et de se détacher de cette dynamique citoyenne. Un divorce incompréhensible à ses tout premiers instants mais qui, au fil de la succession des événements, livrait ses secrets, tous ses secrets. Des secrets de polichinelle pour les plus avertis, notamment parmi nombre de cadres du parti, dont d’anciens dirigeants, qui ont été les premiers à crier au détournement du FFS de la voie et de la ligne qui ont de tout temps fait son identité. D’où, d’ailleurs, leur éloignement des rangs du parti pour certains, au moment où d’autres, à l’image de Karim Tabbou et autres élus locaux ont carrément opté pour la création d’un autre cadre de lutte, jugeant vaine la poursuite du combat à l’intérieur du FFS plus que jamais, selon eux, ramant à contre-sens des valeurs qui ont été les siennes. Tout ce beau monde, d’ailleurs, n’a pas cru utile, de commenter cette annonce de retrait d’Ait-Ahmed, de la tête du parti, affirmant à l’unisson, encore attendre pour se prononcer. Une prudence qu’un ex-cadre du parti explique par le fait que pour tous ces opposants à la présente direction du FFS, les choses sont claires : Ait-Ahmed a bien choisi le moment pour annoncer son retrait après avoir mis le parti entre de «bonnes mains». Cet arrimage à la péripéhrie du pouvoir n’a pas été sans divendendes, notamment électoraux avec la moisson du 10 mai dernier, jamais récoltée à l’occasion des précédentes législatives auxquelles le parti a eu à participer. Une contrepartie renforcée par les résultats obtenus aux toutes dernières élections locales, avec ce fameux accord triangulaire scellé en Kabylie d’avec le FLN et le RND, les deux vitrines «politiques» du pouvoir. Mais que l’on se détrompe, Ait-Ahmed ne quitte pas totalement le navire FFS et c’est lui-même qui l’avoue, en déclarant rester «dans l’avenir toujours proche de vous dans la réflexion et l’action, en particulier avec la collaboration de mes enfants, dans le cadre de « la Fondation Hocine Ait Ahmed » que j’ai décidé de constituer». Voilà qui, peut-être, justifie le silence des Karboua, Bouhadef, Zenati et autres têtes de pont de la contestation au sein du FFS qui n’ont de cesse de crier au détournement de l’héritage du «plus vieux parti d’opposition».

M. K.