Le siège du FFS
Les hasards de la vie politique nationale font qu’il y a une convergence d’intérêts entre le FFS et le pouvoir en place.
Le parti d’Aït Ahmed au gouvernement? Ce n’est pas une rumeur mais une éventualité que le plus vieux parti d’opposition étudiera dans le menu détail.
La direction nationale du Front des forces socialistes (FFS) tiendra aujourd’hui, une réunion du travail avec son nouveau groupe parlementaire pour discuter, entre autres des affaires internes du parti, de ses stratégies politiques, mais aussi et surtout du «souhait manifesté» par le patron du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, de conclure une alliance avec le parti de Hocine Ait Ahmed à l’Assemblée nationale et partant pourquoi pas le faire participer au futur gouvernement. «Si ça ne tenait qu’à moi, je contracterais une alliance avec le FFS», a affirmé le patron du FLN, dans un entretien qu’il a accordé au confrère arabophone El-Khabar. «L’Algérie a besoin d’un parti à tendance nationaliste», a-t-il souligné. Cette perche tendue par M.Belkhadem n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. «Notre parti a pris très au sérieux cette proposition indirecte que nous allons discuter dans le fond et dans la forme» a indiqué un député de Bejaia fraîchement élu à l’Assemblée nationale. D’autant plus, qu’elle émane d’une formation politique forte de 221 sièges sur un nombre global de 462.
«Notre parti, poursuit la même source, qui compte remettre du mouvement dans le statu quo sévissant à la chambre basse du Parlement, n’exclut pas de constituer effectivement des alliances». Le même député explique que dans l’ensemble, le FFS est prêt à se mettre en mouvement d’alliances politiques dès lors que des actes concrets sont entrepris dans ce sens. «Il ne s’agit pas pour le FFS d’additionner des sigles ou d’organiser un carnaval prétendument pluraliste de l’opposition», précise le député sous l’anonymat. Mais il s’agit plutôt de réhabiliter la pratique politique.
Cela est justement l’un des arguments «tactiques» du FFS pour expliquer sa participation aux législatives du 10 mai dernier. Une participation que des observateurs avaient par ailleurs expliqué par des contacts entre Alger et Lausanne, c’est-à-dire des membres des décideurs influents au pouvoir et Hocine Aït Ahmed. Les hasards de la vie politique nationale ont fait qu’il y a eu convergence d’intérêts entre le FFS et le pouvoir en place. Le parti d’Aït Ahmed est arrivé à un stade où il ne pouvait se permettre le luxe du boycott et de la politique de la chaise vide.
Ayant jugé que le boycott ne fait plus recette dans une société politiquement effacée et normalisée, il fallait donc réagir. Car le parti risquait une hémorragie de cadres prêts à abandonner le navire qui n’offrait plus de perspectives. Il naviguait à vue. Il fallait donc redonner du souffle et de l’espoir aux cadres et faire bénéficier le pays de leurs compétences. Ensuite, le FFS, qui a toujours revendiqué une Assemblée constituante, trouvera peut-être dans la cuvée 2012 une opportunité pour concrétiser son projet de toujours puisqu’il a eu comme «dot» une série de réformes qui ont précédé le déroulement des législatives. Le FFS tentera un changement à l’intérieur des institutions, ou tout au moins, trouvera des soutiens pour imposer une Assemblée constituante. Un tel objectif demeure irréalisable, sans alliances, pour le FFS dont le groupe parlementaire est faible devant le FLN qui compte 221 sièges. De son côté, le pouvoir en place se devait de montrer patte blanche. Il était prêt à offrir les meilleures garanties à même de faire adhérer le plus vieux parti d’opposition dont le chef est un leader historique et charismatique en la personne de Hocine Aït Ahmed qui est également membre de l’Internationale socialiste.
De ce fait, impliquer le FFS vaudrait une réelle caution de crédibilité qui fera que le régime soit fréquentable vis-à-vis de ses partenaires étrangers.
On ne peut espérer mieux surtout que les socialistes sont de retour au pouvoir en France, le plus grand partenaire de l’Algérie. Ainsi donc, le pouvoir a fait des concessions et le FFS a «tactiquement» changé de stratégie. Mais quelles autres garanties aurait données le pouvoir au FFS pour l’amener à participer au gouvernement? De sources crédibles on a appris que l’option d’intégrer le leader du MPA, Amara Benyounès, au sein de l’Exécutif serait un véritable écueil pour la participation du FFS au gouvernement. Il convient de signaler que le parti d’Aït Ahmed n’est pas à sa première participation au gouvernement et ce n’est pas la première fois qu’il contracte une alliance avec le FLN.
Des ministres FFS ont participé au gouvernement de Mouloud Hamrouche en 1990. Cela d’une part, de l’autre, le FFS avait déjà scellé des alliances locales avec le FLN aussi bien à Bejaia qu’à Tizi Ouzou.
C’est dire que les deux formations politiques se connaissent trop bien et ont eu souvent des positions convergentes. La meilleure illustration de cette convergence a été la rencontre de Sant’Egidio, en 1995, dont l’architecte n’est autre que Hocine Aït Ahmed et à laquelle avait pris part l’actuel secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem.