Le retour du Front des forces socialistes à l’Assemblée populaire nationale n’est pas un hasard à l’issue de sa participation aux législatives du 10 mai dernier après une absence qui a duré plus de dix ans.
Ainsi, à quelques jours de l’ouverture de la session parlementaire, le 3 septembre, le FFS dévoile sa stratégie dans cette institution sachant qu’il ne compte que 27 députés. A la mandature législative de 1997-2002, le parti comptait 21 députés, 8 parmi eux avaient démissionné du parti. Pour le mandat actuel, M. Laskri a avoué que «le risque existait» de voir d’autres députés quitter le FFS pour «ne pas verser une partie de leur salaire au parti».
Le FFS secoué par une crise interne au lendemain des législatives est conscient des enjeux politiques de la prochaine étape, d’autant que le parti prépare son congrès national pour 2013 alors que la décision de quitter la présidence du FFS revient à son fondateur, Hocine Aït Ahmed qui a dépassé les 86 ans.
Dans un entretien à l’APS, le premier secrétaire du parti, Ali Laskri installé à ce poste par Aït Ahmed dans le cadre de la réalisation de la tactique du parti, est revenu sur divers dossiers notamment la participation du parti à l’APN, les nouveaux partis et les locales, la révision de la Constitution, la participation au gouvernement et l’avenir d’Aït Ahmed à la tête du parti.
S’agissant de l’action parlementaire, M. Laskri a indiqué que le groupe de travail récemment installé se penche actuellement sur le règlement intérieur de l’APN, alors que le groupe parlementaire qui prépare par ailleurs son règlement intérieur reviendra, en plénière, sur les questions liées aux textes relatifs au fonctionnement de l’Assemblée. Le FFS compte aussi ouvrir le dossier relatif à la réhabilitation des anciens militants et cadres du FFS, arrêtés et emprisonnés en 1963 puis libérés en 1965.
M. Laskri a rappelé qu’un dossier relatif à cette question avait été introduit en 1990 auprès du gouvernement de Mouloud Hamrouche qui s’était engagé à «les indemniser mais rien ne fût fait après son départ en juin 1991». M. Laskri avance le chiffre de plus de 3 000 personnes qui avaient été «incarcérées dans les prisons de Berrouaghia et de Lambèse, Plusieurs parmi ces militants sont décédés». Les députés FFS travaillent aussi sur le dossier du budget de l’Etat.
Concernant la révision de la Constitution, il s’est contenté de répondre : le FFS «avisera au moment venu de sa position politique» notant que «tous les amendements que notre Constitution a connus n’ont rien apporté au pays». Au sujet de l’agrément de nouveaux partis politiques, M. Laskri a d’abord souligné qu’en 1989, il y a eu «dérive» par l’autorisation d’«une multitude de partis politiques».
Pour lui, agréer d’autres partis politiques «va encore fausser les données des élections locales après avoir faussé les législatives», puisque les nouveaux partis «seront éliminés et vont juste parasiter la compétition électorale».
Pour ce qui est d’une éventuelle participation au futur gouvernement, il s’est contenté de répondre : «La participation ou non au gouvernement n’a jamais été à l’ordre du jour de ses instances». Revenant sur les dernières réformes engagées, il a estimé que tout ce qui a été fait «n’est pas suffisant pour libérer le champ politique».
D’autre part, il a critiqué le système de quotas pour la représentation des femmes en demandant l’abrogation du code de la famille. Quant à la levée de l’Etat d’urgence, M. Laskri estime que «rien n’a changé en réalité, puisque les actes n’ont pas suivi et nous sommes revenus à la case départ sur le plan de la gestion sécuritaire».
Evoquant la situation interne du parti, il a minimisé l’effet de la création d’un parti politique par Karim Tabbou, démissionnaire du parti. Laskri a souligné que sept cadres du FFS avaient été convoqués par la commission de médiation et règlement de conflits, les deux qui se sont présentés ont été suspendus les cinq autres ont été carrément radiés des rangs du parti.
Au sujet de la réunion des militants contestataires du parti à Tizi-Ouzou, le 12 juillet dernier, M. Laskri affirme que «beaucoup de noms ne font plus partie du FFS depuis plusieurs années déjà» confiant que Tabbou s’est empressé de démissionner «pour ne pas avoir à payer 30% de son salaire de député au FFS».
Interrogé sur un éventuel changement à la tête du parti lors du 5e congrès du FFS, il a répondu que Hocine Aït Ahmed, est le seul à «décider de se représenter ou non pour la présidence» du parti en rassurant sur son bon état de santé et qu’il sera présent au prochain congrès dont la date n’a pas encore été fixée.
Nacera Chennafi