Le siège du FFS
Le rapprochement et la convergence des discours des deux parties sont devenus tellement évidents qu’ils ne sont plus à prouver. Désormais, Hamrouche joint sa voix à celle du FFS, à la recherche du consensus perdu.
Ce n’est plus un mystère. Dans sa quête de la reconstruction d’un consensus national, le FFS bénéficie désormais d’un soutien tacite de taille: celui de l’ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche. Ce dernier sillonne les différentes wilayas du pays, depuis quelque temps, pour mobiliser autour de la nécessité de parvenir à un nouveau consensus national entre le pouvoir et l’opposition. Après avoir pris part à la conférence de la Coordination des libertés et de la transition démocratique (Cltd) du 10 juin 2014 à Zéralda, M.Hamrouche a pris ses distances avec cette organisation pour défendre son propre projet. Sans adhérer explicitement à l’initiative du FFS, il milite pour le même objectif et fait la promotion du même principe que celui du parti de Hocine Aït Ahmed. «Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un nouveau consensus national», a-t-il encore réitéré samedi dernier à Sidi Bel-Abbès où il animait une conférence sur le consensus national et la bonne gouvernance. Le cours de l’histoire récente du pays a toujours lié le FFS et Mouloud Hamrouche. Il y a une dizaine d’années, il a lancé une initiative avec le chef historique du FFS, Hocine Aït Ahmed et l’ancien patron du FLN, feu Abdelhamid Mehri. Aujourd’hui, sans que cela ne soit inscrit de manière officielle, il défend le même projet du FFS.
Celui qui est affublé du qualificatif glorieux de «l’homme des réformes» fait du consensus national son cheval de bataille. Sauf que, contrairement au FFS qui présente une feuille blanche à ses interlocuteurs, il estime que l’Armée a un rôle important à jouer dans le processus.
Le même jour où M.Hamrouche était à Sidi Bel Abbès, les dirigeants du FFS, étaient déployés dans différentes régions pour promouvoir la démarche du parti. Le premier secrétaire national, Mohamed Nebbou, était à Batna tandis que le membre de l’instance présidentielle, Ali Laskri tentait de mobiliser à Aïn Defla.
Le FFS qui a mené des consultations bilatérales avec des partis politiques, des organisations de la société civile, des syndicats et des personnalités publiques affirme avoir reçu des échos favorables concernant sa démarche. Pour le moment, seuls les partis structurés dans l’instance de concertation et de suivi qui regroupe la Cnltd et le Pôle des forces de changement conduit par Ali Benflis, ont rejeté l’initiative du FFS. Tous les partis proches du pouvoir, à qui il faut ajouter la Centrale syndicale, ont adhéré au projet.
Les sorties concomitantes de Mouloud Hamrouche et des dirigeants du FFS ainsi que les campagnes distinctes autour du consensus national signifient-elles qu’un accord, fut-il tacite, est passé entre les deux parties ou plutôt c’est juste les convictions qui convergent? En tout cas, le fait qu’ils sont sur la même ligne est d’un grand apport pour le FFS. Car, si on peut dire du FFS qu’il est un parti ancré uniquement en Kabylie, on ne peut le dire à propos de Hamrouche.
A lui seul, l’ancien chef de gouvernement est une force de mobilisation sur laquelle le FFS n’espère que compter. Il rejette toutes les propositions de la Cnltd. A leur tête, l’organisation d’une élection présidentielle anticipée en considérant l’existence d’une vacance du pouvoir. Pour M.Hamrouche, une telle échéance ne donnera rien de nouveau. «Une élection anticipée ne peut produire que ce que nous visions aujourd’hui», soutient-il. Pour lui, «le discours que prônent certaines formations politiques s’inscrit dans une logique d’alternance au pouvoir. Une alternance d’individus». «Je ne suis pas dans cette logique», tranche-t-il. Selon Mouloud Hamrouche, l’opposition et le pouvoir se trouvent dans l’obligation de trouver un consensus pour réhabiliter l’Etat national. Presque le même discours que celui développé par le FFS qui veut réunir pouvoir et opposition autour de la même table de dialogue. Les démarches des deux parties pour réussir ce projet de consensus vont se poursuivre avec d’autres sorties pour Hamrouche et une deuxième phase de consultations bilatérales pour le FFS. Pendant ce temps, la Cnltd continue à stigmatiser le projet du FFS, accusé de vouloir sauver le régime, et à ignorer les sorties de Hamrouche.