Le FFS déterre sa proposition d’“une deuxième République” !

Le FFS déterre sa proposition d’“une deuxième République” !

Le parti propose de “restituer le pouvoir aux Algériens par l’élection d’une Assemblée nationale constituante visant à instaurer un État de droit démocratique et social”.

Les cadres du Front des forces socialistes ont tenu, hier, une des sessions les plus délicates de leur conseil national. En plus des questions politiques de l’heure et des préparatifs en cours pour la tenue d’un congrès ordinaire l’an prochain, les militants du FFS ont également tranché la participation de leur parti aux prochaines élections sénatoriales. L’épineux problème de l’exclusion de la députée Salima Ghezali a été évacué des débats, qui ont pris fin en début de soirée.

Dans une résolution organique, le FFS a décidé de participer aux prochaines élections prévues le 29 décembre pour le renouvellement des membres du Conseil de la nation. Le parti, qui compte actuellement deux sénateurs, a décidé de choisir ses candidats par la voie des urnes pour, sans doute, éviter des troubles ou des protestations.

Sur le plan purement politique, le FFS remet sur la table sa proposition d’aller vers une deuxième République à travers notamment la mise en place d’une Assemblée constituante. Ainsi, le parti propose de “restituer le pouvoir aux Algériens par l’élection d’une Assemblée nationale constituante visant à instaurer un État de droit démocratique et social”. Il suggère également d’assurer “un développement durable qui garantisse le progrès social et le bien-être des citoyens”. Le communiqué du conseil national du FFS rappelle également que “la priorité des priorités” est la sensibilisation “des citoyens et des forces vives de la nation sur l’urgente nécessité d’un changement démocratique du système pour préserver la stabilité, l’unité et la souveraineté nationale, comme le préconise notre projet de reconstruction d’un consensus national populaire”.

Puisque le changement du système est “insuffisant”, le FFS considère que cette transformation de système politique “doit s’accompagner en même temps d’un changement de politique économique qui préserve la souveraineté nationale dans le contexte de la mondialisation. Ce sera la mission du futur gouvernement qui sera issu, avec l’avènement de la 2e République, de la future Assemblée nationale constituante démocratiquement élue”.

Pour arriver à ces propositions, le FFS est parti du constat qu’il n’y a “aucun doute que la prochaine élection présidentielle ne fera que pérenniser le système actuel, quel que soit le candidat parrainé par le régime”, tandis que le parti plaide “pour le changement du système et non d’un changement à l’intérieur du système”, ajoute le communiqué. “Cette élection qui s’annonce non démocratique, comme les précédents scrutins, si elle est tenue dans les conditions actuelles, ne changera rien à la situation actuelle”, précise le FFS, qui suggère ainsi qu’il ne participera pas au prochain scrutin.

Pour expliquer le secret de la pérennité du système, le FFS rappelle que “le système, servi par des ressources naturelles abondantes, a duré en s’achetant une légitimité sociale à défaut d’une légitimité politique. On peut dire que le système a travaillé pour lui-même tout en étant persuadé de travailler pour les Algériens, mais en tout état de cause, il n’a pas travaillé avec les Algériens”. Ce qui a conduit à la défaillance de tous les pouvoirs. À commencer par l’Exécutif qui n’est pas parvenu “à décentraliser l’administration et à diversifier l’économie en l’ancrant au plan régional et mondial”. De son côté, le législatif “mal élu” n’a pas constitué “un contre-pouvoir crédible en mesure d’être le porte-voix des aspirations réelles de la population”. Cela pendant que le pouvoir judiciaire pèche par “sa dépendance à l’égard de l’Exécutif” et son “silence devant la violation des lois, y compris de la Constitution, l’a rendu inapte à construire l’État de droit”. Une allusion au conflit qui oppose actuellement le président de l’APN aux députés de “la majorité”.

En somme, le FFS “et les forces d’opposition les plus représentatives”, “la société civile autonome et la population qui, dans sa majorité, n’attend plus rien de ce régime”, considèrent que “le système est usé”.

Ali Boukhlef