Ahmed Djeddaï, Samir Bouakouir, Ali Lamdani et Dalila Taleb reprennent du service au sein des instances de décision du FFS. Certains au secrétariat national et d’autres dans le cabinet d’un premier secrétaire agissant suivant une feuille de route assez explicite sur les pouvoirs du président du parti et les prérogatives de son intérimaire. Les successeurs de l’équipe Tabbou risquent d’être de vieux chevaux de retour repris pour une mission de chevau-léger
Cou de théâtre au sein de la plus prestigieuse formation politique d’opposition du pays. C’est l’exclusion définitive de l’ex-premier secrétaire du FF, Karim, Tabbou lequel a dirigé le parti durant quatre ans et le retour de la figure de proue du parti dans les années 1990, Ahmed Djedaï.
Le départ de Karim Tabbou, pourtant considéré par Aït Ahmed comme son probable successeur, et le retour de quelques figures de proue du parti des années 1990 comme Ahmed Djedaï, Djoudi Mammeri, Samir Bouakouir exilé en France, Ali Lemdani, l’ancien syndicaliste du CNAPEST, et Dalila Taleb, ex-présidente du RAJ, annoncent-ils des changements tactiques profonds au sein du FFS ?
Ou sont-ils le fruit d’un compromis qui ne dit pas son nom ? En tout état de cause, la nouvelle composante du secrétariat national, annoncée hier par le nouveau patron interne du parti, Ali Laskri, augure d’une nouvelle approche politique et d’une méthodologie de travail qui a fait défaut à ce parti d’opposition, longtemps confiné dans une sorte de rejet de toute chose politique qui ne sied pas à ses aspirations démocratiques.
Le temps est-il venu pour ce parti d’abandonner la politique de la chaise vide et de se lancer résolument dans la course électorale ? Dans son discours devant les nouveaux membres du conseil national, Ali Laskri semble le suggérer : «Il est certain que ces échéances seront décisives pour les années à venir. C’est pourquoi nous avons le devoir d’initier un débat libre, franc, serein et responsable pour déterminer nos choix politiques et notre stratégie.»
Car, selon lui, et malgré le statu quo et ce, même si la crise dans le pays gagne en «complexité et en acuité», il garde «l’espoir que des décisions seront prises dans le très court terme pour redonner ses chances à un processus de transition politique et pacifique vers la démocratie». Aussi affirme-t-il qu’il convient de rester «conscient que les échéances électorales à venir, législatives et locales, surviennent dans un contexte international, régional et national particulier».
Abordant ensuite les divergences ayant surgi au sein du parti, qui, par ailleurs, a déjà connu plusieurs purges, le nouveau premier secrétaire du parti semble parier sur la prochaine convention nationale du parti sur les échéances électorales : «Le sport qui a consisté à se jouer des compétences humaines en les mettant en position de bandes rivales, s’affrontant et aggravant le déficit du pays, ne doit en aucune manière trouver le moindre reflet dans nos pratiques militantes.
Au FFS, on peut diverger, on peut se tromper, on peut faire des erreurs et… trouver toujours ouvertes les portes du parti. Mais si l’on se met à régler des comptes, alors c’est que l’on n’a rien compris», dit-il.
Et d’appeler au rassemblement des énergies et de tous les militants sans exception aucune. «Je voudrais vous faire part de la manière dont nous comprenons, en tant que responsables du parti, la notion de rassemblement des énergies. La notion est assez vaste pour permettre à tous ceux qui ont participé à la vie du parti de venir en toute légitimité mettre leur talent et leur expérience au profit de la réalisation des objectifs communs.
La notion de rassemblement ne peut donc signifier un défilé banal de notabilités et d’apparatchiks à la manière folklorique avec laquelle le pouvoir a géré et gâché les potentialités humaines du pays», ajoute-t-il. Quant à la nature des réformes politiques, le premier secrétaire du parti considère que la qualité, la tonalité et le rythme des débats qui se poursuivent dans les deux chambres du Parlement sont déplorables.
«On néglige l’essentiel pour ne s’occuper que de l’accessoire. Le Parlement a opté pour la stratégie du «stop and go» échevelé. Les méandres interminables de certains débats n’ont d’égal que la précipitation et l’unanimisme des votes d’adoption des lois, le plus souvent sur injonction.» Pour Ali Laskri, l’opposition médiatique et politique «n’a pour le moment pas réussi à infléchir significativement les options du pouvoir».
Hocine Adryen