LE FEUILLETON RENAULT CONTINUE Les non-dits d’un projet inabouti

LE FEUILLETON RENAULT CONTINUE Les non-dits d’un projet inabouti

Le pacte des actionnaires sera finalisé en août alors que la société qui doit être créée dans le cadre de l’usine de fabrication de voitures verra le jour en septembre ou en octobre 2012.

Que cachent les sorties médiatiques du ministre algérien de l’Industrie à propos de l’implantation d’une usine Renault? Un projet annoncé en grande pompe que l’on pensait avorté. Définitivement abandonné.

La célèbre marque automobile française ayant choisi de s’implanter à Tanger au Maroc.Une décision que d’aucuns qualifient de hautement politique étant donné la difficile conjoncture économique en France et le combat acharné que mènent les syndicats français contre les délocalisations qui sont synonymes de milliers de pertes d’emplois pour la France où le chômage touche quelques 10% de la population active. Si elle est interprétée comme un cadeau royal pour le trône marocain, le projet d’implantation de Renault en Algérie n’est pas à la hauteur des ambitions de notre pays qui s’affiche comme la puissance de la région du Maghreb.

L’Algérie peut-elle se contenter de miettes? A titre de comparaison, l’usine géante de Tanger qui sera la seconde tête de pont de Renault pour développer sa gamme de véhicules «low cost» aux portes de l’Europe, produira 150.000 à 170.000 véhicules par an dans un premier temps pour atteindre une production annuelle de 400.000 véhicules à partir de 2013. En Algérie, Renault a pour objectif de produire 75.000 voitures par an pour atteindre à terme 150.000 unités annuellement. Autant comparer le jour à la nuit. Benmeradi persiste malgré tout à faire les yeux doux au constructeur français. Il lui a élargi son éventail de propositions. Le constructeur automobile français a désormais le choix, bien qu’il ait jeté son dévolu sur la banlieue algéroise. A Rouiba plus exactement, «de façon à ce que les voitures soient fabriquées près de là où elles sont achetées et dans une zone où on peut recruter de la main-d’oeuvre qualifiée», avait argumenté, au mois de février dernier, un responsable de Renault. Il n’en est pas encore question. De nouveaux sites sont proposés.

«Le projet de l’usine Renault pourrait être implanté soit à Mostaganem, à Oran ou soit Bellara», a annoncé le ministre de l’Industrie. Mohamed Benmeradi a-t-il fait des concessions au constructeur automobile français?

Le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement semblait en effet solidement camper sur ses positions au point où l’on pensait qu’il négociait en force à propos de ce dossier. «Nous n’avons pas encore proposé un autre lieu pour la construction de l’usine, nous tenons à ce que le projet soit réalisé à Bellara… Pour nous, la zone de Bellara, c’est l’arrière-pays de Constantine, qui est une plate-forme de l’industrie mécanique», avait indiqué Mohamed Benmeradi. Mène-t-il le bal? Le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement donne, en effet, la forte impression d’être seul à piloter cette opération qui tient en haleine l’opinion publique depuis plus de deux années. Le partenariat entre la France et l’Algérie en matière de construction automobile a franchi une nouvelle étape. «Les équipes travaillent depuis le 25 mai dernier sur la finalisation du pacte des actionnaires, qui sera probablement prêt début août, et on prévoit la création de la société en septembre ou octobre prochains», a-t-il déclaré, jeudi à Alger, aux journalistes en marge d’une séance plénière au Conseil de la nation. Des propos qui illustrent les non-dits d’une tractation et le retard accumulé par l’Algérie dans la création d’une industrie automobile digne de ce nom, claironnée depuis près de quatre décennies. Les Algériens «gros consommateurs» et «friands» de la marque automobile au Losange ont, eux aussi, le droit de savoir.

Le groupe français, qui a écoulé 75.000 voitures en 2011, est le leader des ventes automobiles en Algérie. Dans un tel contexte, les déclarations du ministre algérien de l’Industrie ont plus tendance à faire la part belle au constructeur automobile français qui ne semble pas pressé de mettre les deux pieds sur le sol algérien.