Le Festival d’Albane

Le Festival d’Albane

L’interview, calée à 16 h 15 dans les canapés de l’Hôtel Costes, s’est transformée en rendez-vous clandestin dans un cabriolet aux vitres teintées. Par chance, c’était l’heure de pointe, les embouteillages place de la Concorde ont mis le chronomètre de mon côté.

C’est qu’Albane Cleret a du boulot. En février, elle organisait l’after party des César. À partir du 8 mai, elle sera à Cannes pour s’occuper des derniers détails de « son » festival. Cette jolie brune de 36 ans y pilotera les relations publiques de la plage Orange, le placement produit des marques Louis Vuitton et Giuseppe Zanotti et les soirées du club le plus privé de la Croisette, le Jimmy’z. Mais comment fait-elle ?

À Cannes, ses journées commencent à 11 heures du matin, dans la chambre 923 de l’Hôtel Gray d’Albion. La même depuis cinq ans. Un espresso, une douche, et la pétillante Parisienne trie les messages reçus dans la nuit sur son portable. Des « merci » pour sa soirée, des « s’il vous plaît » pour sa soirée à venir… « Je réponds à tout le monde avant de filer à la plage Orange donner les réservations commandées au Jimmy’z la veille. » Pas question d’oublier celle de Sharon Stone ou de Sean Penn.

15 heures : direction les showrooms Louis Vuitton et Giuseppe Zanotti : « Je leur donne les infos que j’ai concernant l’arrivée de telle ou telle célébrité. Mélanie Laurent, qui arrive aujourd’hui et n’a toujours pas de tenue pour la montée des marches, par exemple. »

Cette mission accomplie, un dernier coup d’œil dans la boîte aux lettres du Jimmy’z et il est déjà 18 heures. L’heure de la traversée effroyablement mondaine de la Croisette : « Après ça, je n’ai plus qu’une envie, me poser devant « Le Grand Journal ». » Comme son énorme bain moussant, elle ne raterait l’émission de Canal+ pour rien au monde pendant le festival.

À 20 h 30, l’arrivée du maquilleur Dior et du coiffeur de l’équipe Franck Provost ne lui laisse pas une seconde pour penser qu’elle pourrait être épuisée. Et là voilà partie, généralement en robe Rykiel ou Fendi et chaussures Frisoni ou Louboutin, pour un dîner à la plage Orange et une soirée de bonsoirs, sourires et rencontres au Jimmy’z. Se coucher ? Oui, à 5 heures.

Le Jimmy’z pour les nulles

Ah ! le Jimmy’z ! N’espérez même pas y mettre un orteil si vous n’avez pas la sacro-sainte invitation « individuelle ». Juste derrière le Palais des Festivals, avec une vue imprenable sur Le Suquet, il assure anonymat et tranquillité aux gens du cinéma et de la mode. « Le Jimmy’z est un lounge de réseau, explique Albane Cleret. Sonia Rykiel vient discuter avec des actrices, des réalisateurs accostent Diane Kruger… »

Albane n’aime pas dire non, mais avec un quota de 300 invités par soir – 450 l’an dernier – pour 30 000 festivaliers, ne pensez pas la séduire avec un sourire éclair et des talons de 13 cm. Sauf si vous vous appelez Anne Hathaway, qu’elle rêve d’accueillir un jour.

Imaginez néanmoins l’impossible : vous êtes la petite amie attitrée de Jude – mais oui, Law. Albane et son physio Elliot acceptent exceptionnellement de vous faire entrer dans l’antre des célébrités. Lovée dans des coussins Antik Batik gris et taupe, enivrée par les bougies Diptyque, vous voilà sirotant votre quatrième coupe de Moët & Chandon – ici, c’est open bar… À votre poste, vous avez le choix entre baver devant la revue du Crazy Horse, applaudir les prouesses d’Ariel Wizman ou Martin Solveig aux platines, ou encore bavarder avec Quentin Tarantino de son petit dernier, Inglorious Bastards…

Et parce qu’une fois qu’elle vous a accueillie chez elle, Albane est aux petits soins, une Audi vous ramènera jusque chez vous, Cendrillon, votre minaudière Swarovski remplie de cartes de visite à faire pâlir toutes vos copines. En bonne petite festivalière, vous vous accorderez quelques heures de beauty sleep jusqu’au lendemain midi. Car vous ne voulez surtout pas manquer la conférence de presse de votre chéri, à 14 h 30. Oui, mais non. Réveillez-vous, c’était un rêve…