Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani a estimé mercredi à Alger que l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays nécessitait le rapprochement des secteurs agricole et agroalimentaire par des partenariats stratégiques.
« Notre objectif est de rapprocher les opérateurs pour commencer à travailler ensemble et étudier les moyens d’une coopération », a souligné M. Hamiani lors d’une rencontre sur la valorisation des produits agricoles, organisée en marge du 13e Salon international de l’agriculture et de l’agroalimentaire (Sipsa-agrofood).
Les différentes rencontres organisées ces trois dernières années entre les opérateurs agricoles et agroalimentaires visent à impulser un « véritable partenariat stratégique » entre ces deux secteurs de développement, affirme le président du FCE.
Pour M. Hamiani, les initiatives prises par le secteur de l’agriculture commencent à apporter leurs fruits, car de nombreux opérateurs ont pris conscience du potentiel existant dans le développement de partenariats harmonieux entre l’agriculture et l’industrie.
« Notre sécurité alimentaire passe impérativement par la mise en place de conditions indispensables pour assurer le développement simultané du secteur agroalimentaire et agricole dans le cadre d’un partenariat organisé », note-t-il.
Les acteurs économiques de ces deux secteurs « sont pleinement concernés » par la préparation d’une démarche visant à impulser une nouvelle dynamique d’intégration. « Nous pensons que ce mouvement est amorcé, mais il reste beaucoup de travail devant nous », estime M. Hamiani.
Il a rappelé, dans ce cadre, les recommandations du forum organisé par le FCE début avril dernier sur l’amélioration de la sécurité alimentaire dans les filières lait et céréales, hautement stratégiques pour le pays.
Pour les céréales, le FCE estime que l’Algérie pourrait parvenir à produire 70% à 80% de ses besoins dans les dix prochaines années contre 50% actuellement.
Concernant le développement de la production laitière, le Forum propose notamment de doter le pays d’un patrimoine de 600.000 vaches laitières sélectionnées pour atteindre un rendement de 6.000 litres/an par vache pour produire 3,6 milliards de litres par an dont a besoin le pays.
Mais, les experts estiment que l’Algérie est loin encore d’atteindre ces performances dans la filière lait en raison d’un grand déficit en matière d’aliments de bétail.
Actuellement le rendement laitier par vache est de 3.500 litres par an, soit 10 à 12 litres par jour.
La superficie consacrée aux cultures fourragères est de 9% seulement de la SAU (8,5 millions ha) contre un tiers dans les pays développés, a indiqué Abdelhamid Soukhal, expert de la filière lait au sein de la Fondation Filaha Innove.
Ainsi, pour produire les 6.000 litres recommandées, il faudrait 250.000 hectares de terres en irrigué pour le maïs et la luzerne en développant toute une industrie de fourrages déshydratés, selon cet expert qui recommande aux pouvoirs publics d’orienter l’attribution des concessions dans le Sud et les Hauts plateaux à la production de l’aliment de bétail.
Il s’agit aussi de proposer aux investisseurs de se lancer dans cette production de fourrages déshydratés pour assurer l’alimentation aussi bien du bovin que de l’ovin. « Si on ne développe pas cela il n’y aura jamais de développement de la production animale dans le pays », estime M. Soukhal.