Le DRS reste maître du jeu politique face au clan présidentiel (Mohamed Hachemaoui)

Le DRS reste maître du jeu politique face au clan présidentiel (Mohamed Hachemaoui)

Dans un entretien accordé au quotidien parisien La Croix, le politologue algérien Mohamed Hachemaoui considère que les récents bouleversements qui ont touché le gouvernement et les hautes sphères de l’armée, ne sont que des effets d’annonce. Le général Toufik garde intacte sa puissance face à un clan présidentiel suspendu au bulletin de santé de Bouteflika.

Connu pour sa critique acérée du régime algérien et son ton provocateur, le politologue Mohamed Hachemaoui, a laissé passer la tempête des changements opérés par le président Abdelaziz Bouteflika au sein de l’exécutif et de l’ANP pour « démonter » les analyses et arguments donnant le puissant patron des services secrets, le général Toufik, comme « affaibli » ou « fini ». « Ce gigantesque remaniement et le prétendu démembrement du DRS ne sont qu’une mise en scène », assène-t-il. Pour lui, le DRS continue à jouer à « cache-cache » et entretien encore l’opacité, car « il ne veut pas dans (son) intérêt d’apparaître au grand jour comme le détenteur des clés du pouvoir ».

Scénario de 2004

A une question sur l’avenir politique du président Bouteflika et sa capacité à exercer, Hachemaoui estime qu’il est trop top pour se prononcer. Pour lui, les hypothèses distillées dans les médias sur un prolongement du mandat actuel de deux ans « est un modus vivendi qui arrange à la fois le clan présidentiel désireux de rester en place et le DRS qui, dans l’ombre, tient tous les leviers du pouvoir ». Il n’hésite pas à comparer l’ambiance actuelle à la situation qui a prévalu l’élection présidentielle de 2004 où le DRS avait entretenu « avec maestria » une prétendue neutralité de l’armée vis-à-vis de l’échéance présidentielle « alors qu’un bras de fer opposait le président Bouteflika et le chef d’ état-major de l’époque, le général Lamari ».

Les sanctions de Tiguentourine

Pour Mohamed Hachemaoui, le limogeage des généraux Tartag et Attafi de la sécurité intérieure (DSI) et de la sécurité extérieure (DDSE) relève de la « sanction » après l’attaque terroriste du site pétro-gazier de Tiguentourine en janvier dernier où plus de 60 personnes avaient été tuées. « Le patron du DRS, pour ne pas être le premier responsable de cette énorme affaire a sacrifié deux hauts gradés », analyse le politologue. Toutefois, cette mesure ne pouvait être prise en l’absence de Bouteflika « car elle aurait mis en exergue le fait que l’armée est tout à fait indépendante du pouvoir présidentiel (…) Pour la forme, il fallait donc la présence du président. Ce qui a de plus permis d’accréditer l’idée de son retour en force ».

L’empreinte du DRS sur le gouvernement

La preuve de la puissance de l’actuel patron du DRS est son maintien au poste depuis 1990. Une remarquable longévité qui s’explique par un maillage de la société civile, des syndicats, banques, partis politiques et associations, qui a permis aux « services » un contrôle de tout ce qui se fait dans le pays. Preuve s’il en est de l’influence intacte du général Toufik, Mohamed Hachemaoui présente le nouveau ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra comme « un protégé du DRS ».