Le DRS a fuité les dossiers de la corruptions à la presse

Le DRS a fuité les dossiers de la corruptions à la presse
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Il n’en démord pas, il ne dévie pas. Crédibilité ou non, il ne lâche pas du lest. Fidèle à sa corporation, le politologue Mohamed Chafik Mesbah persiste et signe, il met hors de cause le général corps d’armée Mohamed Médiène, alias rab edzayer, c’est-à-dire celui qui fait la pluie et le beau temps, ainsi que ses affidés. Pour lui, ils sont étrangers au climat politique délétère qui règne en Algérie et qui annonce de grandes turbulences.

À Annaba, le 17 mars dernier, devant les étudiants de l’école préparatoire aux sciences économiques et commerciales, le colonel du DRS à la retraite va plus loin : les hommes du Toufik seraient incorruptibles et fiables, ils veilleraient au grain et alertent l’opinion publique des dangers qui guettent leur pays. Évidemment, il ne présente pas ces pensées crûment, elles sont toujours tacites et claires comme ses dénis des crimes militaires et personne ne doute de leur portée. Quand il dit que les officiers du DRS ont mis au parfum secrètement la presse des grandes affaires de corruption, il n’y a plus de doute qu’ils soient intègres et loyaux envers leur patrie et se démarquent du laxisme mortel de Bouteflika. En passant, il ne fait aucune remarque et reconnaît qu’en prenant une telle décision, les hommes de Toufik s’arrogent beaucoup un droit inconstitutionnel, ils agissent secrètement comme un contre-pouvoir indépendant et clandestin.

À l’inverse, le « pourvoir algérien » qui, pour lui, signifie le président Bouteflika et les hommes qu’il a choisis, fait tout pour conduire inconsciemment l’Algérie vers un désastre. Si Bouteflika n’engage pas en urgence des réformes sérieuses, l’Algérie risque de devenir une proie facile aux convoitises des superpuissances qui reluquent vers ses gisements d’hydrocarbures. Il fustige également la politique extérieure de Bouteflika qui en aurait la gestion exclusive. Il y voit une faillite totale, l’Algérie n’a plus aucun poids dans la région.

L’intellectuel Mesbah continue de prêcher la même conception du pouvoir algérien. D’un côté les bons militaires du DRS et de l’autre les mauvais acteurs de la politique nationale. Si pour la seconde partie, la description part d’un constat unanime et n’a pas besoin de preuves, la première partie, celle relative à sa boîte d’origine, il aura du mal à convaincre l’opinion publique pour qui les deux « clans » forment deux faces d’une même pièce. Surtout pas les Annabis, qui, le 29 juin1992, ont vu, chez eux, de quoi sont capables ses amis du DRS.. Le sang d’un président algérien a coulé dans leur ville. Si un intellectuel de sa trempe croit à l’acte isolé, le peuple n’a pas besoin de élucubrations d’enarques pour savoir qui a tué. La mort de Boudiaf est l’acte criminel qui a mis toute la classe politique et l’élite en un seul rang ; celui du DRS. Depuis cette date, tout le monde s’est plié. La terreur de la liquidation et de la persécution est depuis si présente qu’aucun acteur politique n’ose critiquer les militaires pour leurs dérives et leurs défaillances ou ne demande de rendre des comptes comme les y autorise la Constitution.

La conception clair-obscur de MCM sur le pouvoir algérien ne convainc que ceux qui font allégeance au pouvoir occulte. Certains, comme Sid-Ahmed Ghozali et Abdelhamid Brahimi, ou Belaïd Abdeslam ont été plus courageux dans l’identification du vrai pouvoir. Il est illusoire de tromper l’opinion publique à ce sujet. Sont illusoires, aussi, ses appels à l’armée, la priant de ne pas s’immiscer dans les affaires politiques, tant les militaires sont maîtres de l’Algérie et ont peur de se retrouver en situation de faiblesse. Ils ne voudront jamais se départir de leur rôle de tuteurs et faiseurs de rois, pour eux c’est une question de vie ou de mort. Ces appels témoignent seulement du refus de monsieur Mesbah de reconnaître la compromission de l’armée dans la dégradation de la vie politique et économique que connaît l’Algérie. La descente aux enfers, la mise au pas des partis, de la société civile, des intellectuels et de élite n’ont pas commencé avec Bouteflika ni elle ne s’arrêtera après son départ.