Ce qui devait être une traversée festive vers Béjaïa s’est transformé en cauchemar pour 650 voyageurs, majoritairement algériens. Le samedi 13 décembre, le ferry Le Fantastic de la compagnie italienne GNV (Grandi Navi Veloci) est resté cloué au port de Sète (Hérault) dès 6 h du matin. Les raisons de ce blocage viennent désormais d’être officiellement révélées, et elles sont d’une gravité exceptionnelle.
Samedi 13 décembre, près de 650 voyageurs munis de billets pour la traversée vers Béjaïa se sont vu refuser l’accès au port de Sète. Le départ du ferry, prévu à six heures du matin, n’a finalement jamais eu lieu à l’heure annoncée. Sans information claire, sans prise en charge ni assistance, les passagers ont passé une grande partie de la journée devant l’entrée du port, dans l’attente d’un dénouement.
Très vite, la rumeur d’une intervention sécuritaire a circulé, sans confirmation officielle dans un premier temps.
Enquête de la DGSI sur le ferry « Le Fantastic »
Selon des informations révélées par Le Parisien et confirmées mardi 16 décembre par le parquet de Paris, le navire concerné, baptisé Le Fantastic, faisait l’objet d’une enquête judiciaire sensible menée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
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Dès vendredi, les services de la DGSI sont intervenus à bord du ferry sur instruction directe du parquet de Paris. L’opération visait l’interpellation de deux membres de l’équipage, soupçonnés d’avoir installé un dispositif informatique malveillant dans le système du navire.
Accusations de tentative de prise de contrôle
Les deux suspects, de nationalités lettone et bulgare, sont accusés d’avoir infecté le système informatique du ferry afin d’y installer un outil de type Remote Access Tool (RAT). Ce dispositif technologique aurait permis, selon les enquêteurs, de prendre le contrôle du navire à distance, avec des intentions encore inconnues à ce stade.
L’un des deux hommes venait tout juste d’être recruté par GNV en tant que marin en formation, tandis que l’autre était déjà employé à bord. L’alerte a été déclenchée à la suite d’un renseignement transmis par les autorités italiennes à la DGSI.
À l’issue des perquisitions menées vendredi et samedi, les deux suspects ont été mis en examen à Paris. Le parquet de Paris indique qu’une information judiciaire a été ouverte pour « atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère ».
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Le ressortissant letton a été placé en détention provisoire, tandis que le Bulgare a été remis en liberté, aucune charge n’ayant finalement été retenue contre lui.
Navire immobilisé et reprise de la traversée
Dans le cadre de l’enquête, le ferry Le Fantastic a été immobilisé et placé sous scellé, provoquant le blocage total des passagers. Ce n’est qu’après l’accord des autorités maritimes françaises que le navire a finalement été autorisé à reprendre la mer.
Les voyageurs, épuisés et exaspérés par l’absence d’informations, ont pu embarquer vers 22 heures, soit 16 heures de retard sur l’horaire initial.
Durant toute la journée, les passagers venus de différentes régions de France et d’Europe ont dénoncé un manque total de communication et d’assistance. Aucun dispositif d’accueil ou d’accompagnement n’aurait été mis en place, malgré la durée exceptionnelle du blocage.
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