Le Dr Ioualalène défend les compétences nationales et dénonce, Spina-bifida : Haro sur le commerce de la peur !

Le Dr Ioualalène défend les compétences nationales et dénonce, Spina-bifida : Haro sur  le commerce de la peur !

Spina-bifida.jpg«Nous avons d’éminents neurochirurgiens qui peuvent opérer le spina-bifida»

Le professeur Ioualalène, chef du service de neurochirurgie à l’hôpital Aït Idir, est l’un des éminents neurochirurgiens en Algérie. Ayant fait sa thèse dans les années 1980 sur le spina-bifida, en tant que pathologie mortelle dans certains cas, et invalidante dans d’autres, il a pu cerner toutes les informations relatives à cette maladie.

Le professeur a opéré 1 300 cas de spina-bifida en 1987. Il a tenu, à travers cet entretien à éclaircir les choses concernant cette pathologie.

Le Jeune Indépendant : Quelles sont les causes du spina-bifida ?

Pr Ioualalène : Il n’y a pas de cause unique connue du spina-bifida. Plusieurs facteurs peuvent être responsables de l’évolution de cette pathologie. Les chercheurs étudient les effets de l’hérédité, de la nutrition et de l’environnement. En effet, il y a une géographie mondiale du spina-bifida. Plus on descend vers le sud de la planète, plus on enregistre moins de cas de spina-bifida. Cette maladie touche beaucoup plus les peuples d’origine européenne. On peut également évoquer le problème génétique parmi tous ses facteurs.

Comment se manifeste cette malformation ?

La maladie est évidente. C’est une malformation généralement située au bas du dos de l’enfant. Les formes de spina-bifida impliquent une lésion simple qui est la méningocèle pure ou encore des lésions compliquées comme la myéloméningocèle, la forme la plus sévère. Pour la première en général, l’intervention réussit, excepté quelques complications. Pour le deuxième cas, par contre, à savoir la myéloméningocèle, l’enfant peut mourir même avant l’intervention. Le recours à la chirurgie est d’ailleurs discuté. Quand on décide d’opérer un cas de myéloméningocèle, il faut s’attendre à des complications. La mort du patient n’est donc pas à écarter. Le taux de mortalité peut atteindre 70 % dans tous les pays du monde. A mesure que l’enfant grandit, l’intervention se fera dans de bonnes conditions.

A quel moment peut-on intervenir sur le fœtus pour éviter une malformation après la naissance ?

On sait qu’il y a un ou plusieurs agents tératogènes qui agissent à différents stades du système nerveux central lors de la formation du tube neural. En général, c’est entre le 18e et le 29e jour de sa formation. On peut prévenir cette malformation grâce à des examens d’imagerie réalisés au cours de la grossesse. On peut même diagnostiquer la malformation la plus grave, et donc la prévenir.

Généralement, on a recours à un avortement thérapeutique. Il faut savoir aussi que lorsqu’une femme accouche d’un enfant atteint de spina-bifida, le risque d’avoir un autre enfant atteint de cette pathologie est multiplié par dix. Aussi, les gynécologues doivent prescrire à la femme enceinte de l’acide folique, et ce pendant les trois premiers mois de la grossesse.

L’une des plus graves malformations congénitales, le spina-bifida en l’occurrence, semble très répandue en Algérie. Qu’en est-il de la situation ?

Je peux vous dire que les interventions de spina-bifida se font depuis plusieurs années dans notre pays. Ce n’est donc pas récent. Pour ce qui est de la situation concernant cette pathologie en Algérie, elle reflète tout simplement notre santé. Chez nous on trouve des difficultés à cause de la surcharge des hôpitaux. Les moyens existent pour opérer les malades, et nous enregistrons une très forte demande, malheureusement, un manque criant de lits. Ce qui ne nous permet pas de prendre tout le monde en charge.

Faute de prise en charge, les parents des enfants atteints de cette maladie crient leur détresse sur la Toile. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons opéré quelque 800 cas de spina-bifida. Il y a eu évidemment des complications pour quelques cas, comme des décès ont également été enregistrés. Je peux néanmoins affirmer que tous les services de neurochirurgie en Algérie comptent d’éminents neurochirurgiens capables d’opérer les patients atteints de cette maladie. Il convient toutefois de rappeler que dans certains cas de myéloméningocèle, il vaudrait mieux ne pas prendre le risque de procéder à l’intervention, et ce dans l’intérêt du malade. Aussi, le patient atteint de spina-bifida est pris en charge le plus normalement du monde.

Combien de cas de spina-bifida sont recensés en Algérie ?

Nous avons recensé 1 400 cas de spina-bifida, dont 800 cas ont été opérés.

Plusieurs enfants ont été envoyés aux Etats-Unis, et ce pour être opérés. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ?

Rien. Le malade est totalement libre de se faire soigner où il veut et de choisir le neurochirurgien qu’il veut.

Les parents de ces enfants ont été satisfaits des résultats. Peut-on avoir les mêmes résultats ici en Algérie ?

Oui, bien sûr, on peut obtenir de très bons résultats ici en Algérie, car on compte de très bons neurochirurgiens en qui les patients atteints de cette maladie peuvent faire confiance. Ces derniers peuvent opérer le spina-bifida comme, d’ailleurs, n’importe quel neurochirurgien dans le monde. Attention, il faut néanmoins savoir que, scientifiquement, il est impossible de faire remarcher un enfant atteint de myéloméningocèle, car dans ce cas, la moelle est morte.

Pour conclure, que pouvez-vous dire aux parents des enfants atteints de spina-bifida ?

Je peux leur dire que dans le cas de spina-bifida dans sa forme la plus sévère qu’est la myéloméningocèle, les parents ne doivent pas se faire d’illusions. L’enfant restera paraplégique, même après l’intervention.

Lynda Louifi