Le Dr Ferhat Khenak, chercheur en informatique, revient sur le piratage du site APS “Nul n’est à l’abri des attaques des hackers”

Le Dr Ferhat Khenak, chercheur en informatique, revient sur le piratage du site APS  “Nul n’est à l’abri des attaques des hackers”

Pour contourner ces attaques cybercriminelles, le Dr Khenak préconise pour l’Algérie d’œuvrer à “développer des compétences dans le domaine du système des leurres afin de semer les poursuivants (des sites Internet)”.

L’antécédent du piratage des sites Internet de bien d’institutions dont le dernier en date qui a concerné, il y a quelques jours, l’agence officielle d’informations APS est-il évitable pour l’Algérie ? Le pays a-t-il les moyens de prévenir ces attaques cybercriminelles des hackers ? Pour Ferhat Khenak, docteur en informatique, intelligence artificielle, cadre-chercheur au Centre de recherche sur l’information scientifique et technique (Cerist), attaché au ministère de l’Enseignement supérieur, le piratage des sites Internet est “un jeu d’enfant” qui n’épargne aucune institution de par le monde.

Selon lui, “aujourd’hui, personne n’est à l’abri du piratage” et que “la sécurité informatique est quasiment nulle de par tous les pays du monde”. Que faire alors ? Le diplômé de l’université toulousaine, Paul Sabatier, (France, 1990), juge que le seul et unique moyen de l’heure pour contrer les attaques des hackers, consiste actuellement à privilégier la domiciliation des sites Internet algériens à l’étranger d’une part, et surtout en faire d’autre part, des “cibles mobiles”. C’est-à-dire, explique-t-il, privilégier le “camouflage technologique non captable et/ou localisable par les systèmes traditionnels”. En d’autres termes, il s’agit de rendre les sites Internet “furtifs” pour échapper régulièrement aux attaques multiples et récurrentes des hackers.

Le Dr Khenak préconise ainsi, pour l’Algérie d’œuvrer à “développer des compétences dans le domaine du système des leurres afin de semer les poursuivants (des sites Internet)”. En quelque sorte, le même procédé, (système de leurre), auquel recourt un aéronef militaire visé qui éjecte un ou plusieurs leurres constitués d’un matériau dégageant une forte chaleur en se consumant. Ceci a pour effet de détourner les armements hostiles tels que les missiles. D’ailleurs, de l’avis du Dr Ferhat, qui n’est autre que l’inventeur du système Sécurights, (sécurité et confidentialité informatiques), de nos jours, marqués par la guerre informatique, le département des technologies de l’information et de la communication (TIC) d’un pays devrait être considéré comme le véritable ministère de la Défense, (MDN).

“Le ministère des TIC devrait constituer le nouveau MDN”

“Aujourd’hui, le ministère des TIC devrait constituer le nouveau ministère de la Défense, voire de l’attaque”, préconise, en effet, le docteur émérite qui compte à son actif au moins quatre inventions dans le domaine informatique. Il explique que l’arme la plus redoutable aujourd’hui est plutôt la fusée “sol-sat”, et que les traditionnels missiles (sol-sol, sol-air, sol-mer) sont beaucoup moins importants, pour ne pas dire obsolètes.

Le Dr Khenak est formel : la maîtrise de l’Internet, donc des flux d’informations qui y déferlent, est le meilleur moyen d’assurer la sécurité de son pays et d’aveugler du coup ses ennemis.

Pour ce faire, enchaîne-t-il, les fusée “sol-sat” qui permettent de détruire des satellites en orbite, restent ainsi le meilleur moyen de prévenir les attaques extérieures. Dans le domaine informatique, explique encore le docteur, la meilleure défense c’est l’attaque.

D’où, préconise-t-il par ailleurs, d’externaliser les sites Internet des institutions algériennes pour les héberger à l’étranger. Cela d’autant plus, rappelle M. Khenak, qu’en tant que pays candidat à l’émergence, l’Algérie dépend de ses fournisseurs exclusifs d’accès à Internet, qui sont Tiscali (France) et Géant, (Espagne). Ainsi, révèle-t-il, l’Algérie n’a rien à cacher à ces deux pays européens, si ce n’est de se contenter d’un contrat moral. Ce qui est loin d’être fiable. Pour recouvrer son indépendance, le Dr Khenak recommande à l’Algérie d’investir à terme dans le développement de ses propres fournisseurs.

Un investissement qui passe inévitablement, là encore, par un partenariat avec l’un des pays développés. M. Khenak rappelle que la guerre informatique concerne aussi bien la réseautique (guerre des machines), que le réseautage (guerre entre les humains utilisateurs des machines). Enfin, et à ceux qui croyaient à tort, que le développement du domaine “DZ” pourrait constituer un moyen de protection efficace contre le piratage, le Dr Khenak explique que cela n’apporte rien à la sécurité Internet. Le domaine “DZ”, dit-il, sert seulement à se distinguer du reste des pays.