Le Dr Djamel Ould Abbès : «La menace d’une démission collective n’a pas de sens»

Le Dr Djamel Ould Abbès : «La menace d’une démission collective n’a pas de sens»
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Déterminés à investir la rue et à poursuivre leur grève jusqu’à ce que leurs doléances soient prises en charge, les médecins résidents, en grève illimitée depuis le 28 mars dernier, menacent depuis mercredi dernier d’une « démission collective », si aucun accord n’est trouvé avec la tutelle sur la prise en charge de leurs revendications, souligne le porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens, M. Taoufik Yellès.

Répondant à cette pression, en marge d’une séance de questions orales au Conseil de la nation, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Djamel Ould Abbès, a déclaré jeudi dernier que la menace des médecins résidents, en grève depuis plusieurs semaines, d’aller vers une démission collective n’avait « aucun sens » et même qu’ils en seraient « les seuls perdants ».

Tout en les rappelant une nouvelle fois à la raison et à la sagesse, le ministre a indiqué, à cet égard qu’une réunion avec son homologue M. Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, devait se tenir dans l’après-midi, en présence des cadres des deux ministères, le doyen de la Faculté de médecine, et des représentants des médecins résidents. Cette réunion, a-t-il précisé, va porter sur les problèmes soulevés auparavant, et l’application de ce qui a été décidé par la réunion des doyens à la conférence nationale tenue la semaine dernière.

Selon le ministre les revendications des médecins résidents sont « légitimes », notamment en ce qui concerne les indemnités, les conditions de travail ou le volet pédagogique. Pour ce qui est de l’abrogation du service civil obligatoire, et qui est la principale revendication des médecins spécialistes, le ministre répond « cette décision n’est pas du ressort du ministère de la tutelle

. Il est institué par la loi 1984, l’ordonnance 1988, le décret 1996, le décret 1999, le décret 2006 et l’ordonnance présidentielle 2006. Il faut changer tous ces textes pour supprimer le service civil ». Le ministre a précisé que le service civil n’était pas « une punition » mais qu’il relevait du « devoir de solidarité ». Et d’ajouter «sa suppression se fait d’une manière progressive lorsque nous n’aurions plus besoin du service civil pour les médecins résidents ». A titre d’exemple, il a cité l’annulation en 1993 du service civil imposé jusque-là aux médecins généralistes mais après que les pouvoirs publics se soient assurés d’une bonne couverture sanitaire nationale.

S. SOFI

Le SNPSSP et le SNPSP estiment que la tutelle “n’a pas respecté ses engagements”

Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) et le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) ont estimé hier à Alger que le ministère de la Santé « n’a pas respecté ses engagements » et annoncé de ce fait qu’un préavis de grève serait déposé le 8 mai prochain. « Nous déposerons un préavis de ce mouvement de grève le 8 mai auprès de la tutelle dans l’espoir d’arriver à une solution aux problèmes posés et dans le cas contraire la grève sera illimitée », ont indiqué les présidents du SNPSSP et du SNPSP, respectivement MM. Yousfi Mohamed et Merabet Lyes, lors d’une conférence de presse.

M. Yousfi a précisé que cette grève, qui débutera, si elle devait être maintenue, le 16 mai, a été décidée par le conseil national des deux syndicats car  » la tutelle, a-t-il soutenu, n’a pas respecté ses engagements » vis-à-vis des revendications des praticiens spécialistes.

Ces revendications concernent, a-t-il rappelé, l’adoption du statut amendé des praticiens spécialistes finalisé par la commission mixte (syndicat-ministère) et l’adoption d’un régime indemnitaire sur la base de ce statut amendé. M. Yousfi a énuméré, en outre, les autres revendications des deux syndicats, dont l’organisation dans les plus brefs délais du concours de graduation des praticiens hospitaliers principaux, précisant que « 2.500 praticiens aspirent à son application ».

Il a également cité la mise en conformité de la prime d’intéressement, l’octroi de logements de fonction à tous les spécialistes de la santé publique, l’application de mesures incitatives concernant les spécialistes affectés dans les régions enclavées et l’abrogation du service civil. Selon le président du SNPSP, M. Merabet, le ministère de la Santé « a imposé des représentants des travailleurs qui n’ont rien à voir avec la profession” et “ ont enfreint la réglementation et les lois de la République en matière de droit social et de relation de travail ».

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, avait annoncé mardi dernier que « les régimes indemnitaires de tous les corps devraient être prêts dans une semaine au plus tard » et ne resterait alors que celui des spécialistes, qui exigent au préalable la promulgation de leur statut. Or, avait-il expliqué, l’amendement d’un statut demande du temps et si cela dépassait le 30 juin, ce serait 6.000 médecins spécialistes de la fonction publique qui seraient privés de l’effet rétroactif de leurs augmentations, soit à compter de janvier 2008.

M. Ould Abbès avait également annoncé, à l’occasion, que les médecins généralistes de la santé publique allaient bénéficier d’une augmentation de salaire maximale de « 70 % », et s’était engagé à ce que cette augmentation touche également les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes.

Le ministre avait indiqué aussi que les augmentations de salaires devant concerner l’ensemble des corps de la santé allaient coûter au budget de l’Etat une dépense supplémentaire de quelque 50 milliards de dinars.