Le documentaire guerre d’Algérie, la déchirure, diffusé sur France 2 Encore des vérités occultées !

Le documentaire guerre d’Algérie, la déchirure, diffusé sur France 2 Encore des vérités occultées !

A la veille du cinquantenaire anniversaire des accords d’Evian, la télévision française, France 2 a consacré avant-hier soir une soirée spéciale autour de la question de la guerre de libération algérienne.

Cette soirée a été spéciale car le documentaire « Guerre d’Algérie, la déchirure » suivi par un débat a été réalisé à partir d’images d’archives, en grande partie inédites et provenant de sources très diverses. Ce documentaire été coécrit par Gabriel Le Bomin et Benjamin Stora, réalisée par Gabriel Le Bomin et raconté par Kad Merad

De notre côté, en Algérie, les téléspectateurs algériens étaient en grand nombre devant leurs téléviseurs à attendre ces vérités que la France a enfoui dans les archives emportées ou brûlés a la veille de l’Indépendance. Cinquante ans après, le malaise de l’ancienne France coloniale reste perceptible devant tant de crimes commis en Algérie durant un siècle et trente ans, au nom de son emblème «Liberté, Egalité, Fraternité ».

Depuis son invasion, le 14 juin 1830, ces trois principes d’un pays que l’on nomme le pays des droits de l’homme n’ont pas été du tout respectés concernant les Algériens. Aujourd’hui encore, tout ce qui se fait en France autour de la commémoration de l’indépendance de l’Algérie n’est pas dans le cheminement de la reconnaissance de ces crimes et encore moins dans celui de sa repentance. Dommage, nous qui avons cru en l’objectivité des historiens. Nous avons été encore une fois leurrés, comme nous l’avons été lorsque la France a promis aux Algériens leur indépendance lors de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons ainsi reçu des balles assassines le 8 mai 1945 ayant fait 45 000 morts.

Mais nos illusions ont vite été vaporisées dès les premières images. «Toussaint 1954. Les Français d’Algérie pleurent leurs morts assassinés la veille. La communauté française vient d’être la cible d’attentats meurtriers», narre la voix off.Bien entendu, la réalisation et le montage de ce documentaire jouent avec l’émotion des téléspectateurs. Comme si les Algériens sont devenu fous, d’avoir du jour au lendemain perpétré des assassinats contre les colonisateurs. D’ailleurs, tout au long de cette projection, les véritables mots ne sont pas utilisés à l’instar de «colonie française», «colonisateurs»,

«bourreaux»…

Puis ce qui nous a choqué c’est le commentaire de ce documentaire. De prime à bord il nous parle d’une «guerre qui n’a pas de nom ». Mais pour nous, elle a un nom et il est significatif : C’est la guerre de Libération nationale», c’est celle de l’honneur, c’est celle de la liberté et de la dignité.

Mis à part quelques images coloriées inédites à l’instar du corps du martyr colonel Amirouche qui a été exposé pour donner l’exemple à tous ceux qui voudraient suivre son chemin, le documentaire n’a pas été d’un grand secours pour la restauration de la vérité. Au contraire, l’histoire des Algériens durant cette guerre a été occultée. La France et ses «martyrs » ont pris encore une fois celle des nôtres. Mais cela est de bonne guerre. Car la faute ne reviendrait pas à leurs cinéastes mais aux nôtres qui, à ce jour, n’ont produit aucun documentaire. Un véritable scandale face à cette guerre de propagande.

Ainsi, avec Guerre d’Algérie : la déchirure, nous remarquons que le réalisateur et les deux scénaristes n’ont donné la parole qu’à la France et ses citoyens. Encore une fois ils se sont mis au devant de la scène. Ils se sont fait les seuls acteurs et nous en second bord, les spectateurs inertes.

Nous comprenons de surcroît que ce documentaire revient sur la déchirure des Français d’avoir laissé les richesses de l’Algérie. Nous, de notre coté, notre déchirure c’est de voir tant de crimes commis contre nos ancêtres.

Enfin, durant ce commentaire et bien que quelques vérités n’ont pas été cachées comme la torture. Mais nous aurions aimé voir des images choquantes de ce joug colonial comme cela le fut en montrant les corps des soldats français.

Plusieurs critiques peuvent découler aujourd’hui à la vue de ce documentaire. L’historien français Benjamin Stora a déclaré à la télévision qu’ «il en a eu une bonne critique de la part des médias français et algériens». Mais de notre côté , nous dirons qu’«il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué».

Par : Kahina Hammoudi