Les Genevois ont pu découvrir à la maison des arts du Grütli, ce documentaire du reporter Kamel Redouani, ainsi que plusieurs films algériens, à l’instar de Tales of Africa, de Djilali Beskri et Chroniques de mon village, de Karim Traïdia.
Le Festival international du film oriental de Genève (Fifog), qui se tient du 1er au 9 avril, a été marqué depuis son lancement par des œuvres traitant de thématiques diverses sur les sociétés d’aujourd’hui. Ces réalisateurs de Tunisie, de Belgique, d’Algérie, ou encore du Liban, ont raconté les travers de ces communautés en constant combat pour leur liberté, leurs convictions et valeurs. D’ailleurs, ces films correspondent à l’esprit de cette 12e édition inscrite sous le signe du “Dialogue et le vivre-ensemble”.
Esclavage, vente de femmes et enfants, était le sujet proposé lors de la projection de jeudi, à la salle Langlois-Grütli à la maison des arts du Grütli. Dans ce documentaire réalisé par Kamel Redouani, reporter de guerre, spécialiste du Moyen-Orient, intitulé “Femmes et enfants esclaves : dans l’enfer de l’État islamique” (2016), d’une durée de 55 minutes, le journaliste a tenté de dénoncer les horreurs affligés par Daesh à la communauté kurde yézidie (à la frontière irako-syrienne).
À travers des témoignages de rescapés et des vidéos de propagande de l’État islamique, ce film revient sur le kidnapping des jeunes filles qui sont vendues comme esclaves sexuelles, ainsi que les garçons (âgés entre 9-14 ans), entraînés pour devenir des “soldats de Dieu”. Nesrine, Ikhlas et beaucoup d’autres filles racontent leur calvaire et les horreurs qu’elles ont vécues durant leur captivité. “Je ne peux raconter ce qu’ils m’ont fait ! C’était monstrueux”, confie à la caméra Ikhlas, âgée de 16 ans.
Cette adolescente dont l’enfance a été volée, aspire à avoir une vie meilleure, très discrète sur sa séquestration dans l’antre de l’enfer, elle lâche seulement au journaliste : “Je veux devenir avocate pour pouvoir condamner ces sauvages pour tout le mal qu’ils nous ont fait”, tout en répliquant : “Je me bats pour tenir, car j’ai souvent pensé au suicide.” Pour sa part, Nesrine, complètement meurtrie, au regard perdu, et les yeux en larmes, s’ouvre au réalisateur en disant : “Je suis prête à revivre une seconde fois chez eux (EI), s’ils acceptent de me donner des informations sur mon frère et mon père.” Cette enquête réalisée en 6 mois sur le sort de ces victimes, revient également sur ces gamins utilisés comme bombe humaine, dont leur jeune âge permet facilement d’être manipulable.
À l’issue de la projection, le réalisateur s’est prêté aux questions du public lors du débat, où l’une des interlocutrices a jugé que ce doc est incomplet, et peut être considéré comme une œuvre de “propagande”, “car vous n’êtes pas allé jusqu’au bout de votre enquête. Il fallait aborder le fond du problème : Daesh, qui le finance et pourquoi les grandes puissances n’arrivent pas à l’exterminer ?”
Le cinéma algérien séduit les Genevois
Pour cette 12e édition du Fifog, pas moins de 10 films algériens ont été projetés entre longs, courts-métrages et documentaires. Alors pour faire découvrir ce cinéma au public genevois, la journée de mercredi a été marquée par une programmation à 100% algérienne, et ce, à travers la projection de Timgad, de Fabrice Benchaouch, Tales of Africa, de Djilali Beskri, et Chroniques de mon village, de Karim Traïdia. Pour le film d’animation Tales of Africa, la salle Simon-Grütli était pleine à craquer d’écoliers qui, durant 87 minutes, se sont régalés grâce aux contes et légendes du patrimoine africain de Papa Nzenu, un griot qui a traversé plusieurs villes d’Afrique, pour raconter des histoires formidables qui donnent à réfléchir sur la société actuelle.
Ce beau projet, réalisé par Djilali Beskri, est une belle aventure collective composée de différents jeunes réalisateurs d’Afrique. Pour cette première partie, 6 films ont été présentés sur 55 (en cours de préparation). Dans le long-métrage Chroniques de mon village (2016), de Karim Traïdia, l’assistance a pu découvrir un film émouvant et touchant agrémenté de beaucoup d’humour. À l’issue de ces 2 films, les débats ont été un bon moment d’échange avec les réalisateurs qui ont conquis l’assistance âgée de 7 à 77 ans.