«Gerboise bleue» nom de code de la première bombe nucléaire française
Les environs d’Alger n’ont pas été épargnés par les radioéléments éjectés par les explosions aériennes, qui ont atteint les côtes espagnoles et recouvert la moitié de la Sicile.
Un désastre. La France coloniale est rattrapée par l’Histoire. Si les responsables du Front de Libération nationale historique avaient pour objectif d’internationaliser la cause algérienne, les essais nucléaires français, plus d’un demi-siècle après leur mise en oeuvre, indiquent que le génocide programmé du peuple algérien a des répercussions planétaires. Le parallèle s’arrête là.
Les objectifs des uns et des autres se situant aux antipodes. 13 février 1960-14 février 2014. 54 ans tout juste.
Un triste anniversaire qui fait ressurgir des images atroces et des souvenirs douloureux enfouis dans la mémoire. Des plaies loin d’être cicatrisées. La France coloniale continue de nous livrer son visage le plus hideux. Celle d’une puissance qui a fait de l’humain un cobaye.
L’information d’aujourd’hui montre que les dégâts sont énormes. Ils ont franchi les frontières algériennes.
Une nouvelle étape dans l’horreur.
La carte de l’armée française de 1960, déclassifiée en 2013, publiée hier par le quotidien français Le Parisien montre, 13 jours après l’explosion à Reggane, le 13 février 1960, de «Gerboise bleue» nom de code de la première bombe nucléaire française, que des retombées radioactives ont atteint les environs d’Alger ainsi que les côtes espagnoles et recouvert la moitié de la Sicile. «C’est une carte qui fait froid dans le dos.
Classée secret-défense par l’armée pendant des décennies, elle vient d’être déclassifiée dans le cadre de l’enquête pénale déclenchée par des vétérans des campagnes d’essais nucléaires français (dans le Sahara au début des années 1960, puis en Polynésie dans les années 1970)» peut-on lire sur le site du Parisien. «Sur cette carte, que nous dévoilons aujourd’hui, les mesures de l’armée française montrent que, loin de rester cantonnées au désert, les retombées ont recouvert toute l’Afrique du Nord et même subsaharienne», indique le quotidien français qui fait remarquer que les militaires français ont reconnu que les normes de radioactivité ont été largement dépassées: à Arak, près de Tamanrasset, où l’eau a été fortement contaminée, ainsi qu’à N’Djamena dans la capitale du Tchad. Un phénomène qui s’est étendu à toute l’Afrique de l’Ouest jusqu’à la Centrafrique. La bombe d’une puissance de 70 kilotonnes représentait l’équivalent de quatre fois celle d’Hiroshima.
Quelles conséquences pourraient subir les zones concernées?
Les militaires français assurent qu’elles étaient telles que les doses de radioactivité enregistrées sont «généralement très faibles» et sans conséquences révèlent les documents secret-défense.
Quel est l’avis des experts? «Cela a toujours été le système de défense de l’armée», explique Bruno Barillot, spécialiste des essais nucléaires. «Sauf que les normes de l’époque étaient beaucoup moins strictes que maintenant et que les progrès de la médecine ont démontré depuis, que même de faibles doses peuvent déclencher, dix, vingt ou trente ans plus tard, de graves maladies.» souligne-t-il après avoir analysé ces documents déclassifiés, obtenus par les associations qui ont porté plainte indique Le Parisien.
De nouvelles révélations qui, en plus de relancer la question de l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français, risque de devenir un dossier incontournable qui pourrait affecter les relations algéro-françaises.