Le divorce au prix fort

Le divorce au prix fort

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Chafia. D. est une jeune (le comble, elle est venue divorcer la veille de son vingt – septième anniversaire) maman d’un poupon de neuf mois à peine, qui est venue au tribunal liquider un contentieux avec son mari, un cadre dans une entreprise nationale où il est estimé, contre qui, elle a demandé le divorce par khôl’ – article du Code de la famille – un article qui permet à toute femme qui voit le conjoint refuser obstinément et méchamment de divorcer normalement, d’acheter carrément sa liberté moyennant une somme d’argent pour arriver à ses fins. Elle est venue dans l’espoir de revoir une dernière fois son désormais ex-époux, celui-là même qui l’ a malmenée tant et si bien qu’elle a quitté le domicile conjugal en pleine nuit d’hiver 2017, pieds nus, sans foulard sur le tête ni quelque chose de chaud en ces temps de chien errant, par une nuit glaciale. Elle n’a pu oublier les sales moments de disputes qui n’en finissaient pas jusqu’à une heure avancée de la nuit noire et souvent glaciale de l’hiver passé. Six mois ont laissé à la pauvre femme des cicatrices indélébiles en plein cervelet. Rien que d’y penser, elle en a le tournis! Des coups, des coups et des coups, voilà le lot d’ une courte vie à histoires que la dame veut oublier au plus vite. «Il cogne fort, le monsieur! Oui, monsieur, il frappe comme un mec qui balance des gnons à un autre mec! Oui, il m’ a toujours prise pour un homme et cela, je ne peux plus le supporter. Je vais le quitter sans aucun regret, mais alors, aucun, je vous l’assure. Il m’ a épousée à 19 ans, dès que je n’ai pas réussi à obtenir mon bac. Voyez dans quel état, il va me laisser. Mais, c’est tant mieux comme cela! Désormais, je vais pouvoir dormir à ma guise et plus personne ne viendra ivre mort me réveiller, recevoir des raclées que je ne mérite pas car ce gus a un proverbe qu’il répète à qui veut l’entendre qui dit à peu près ceci: «Quand tu rentres chez toi, balance une baffe à ta femme. Si toi tu ne sais pas pourquoi, elle, si!»

La bonne dame semblait sortir de la salle d’audience aux trois-quarts vide. Elle avait la main gauche sous le menton et le regard haut…

Elle était en train de réfléchir à la rencontre qu’elle allait avoir à huis clos, avec son époux et à ce qu’elle allait raconter de plus que la dernière fois devant la juge du siège qui a attiré leur attention quant à ne pas dépasser la ligne rouge, à savoir maîtriser ses nerfs, s’abstenir de toute provocation, insultes et autres bêtises susceptibles d’envenimer la situation.

«Gare à vous, je ne veux que l’essentiel et l’utile en vue d’ arriver à un accord; ce sera noir ou blanc et non noir et blanc! J’espère que c’est clair et surtout m’être fait comprendre!», martèle la juge du siège qui venait de prouver ainsi, qu’ elle était la seule détentrice de la police de l’ audience. La dame sait, par des amies, qu’elle devra casquer le prix fort pour recouvrer sa liberté tant désirée. Le mari, lui ignore tout du «khôl’», procédure qu’il n’ a pas apprise mais que madame maîtrise à merveille l Entre-temps, la juge était occupée à feuilleter un autre dossier, histoire de ne pas s’embourber dans un charivari qu’elle désire honnêtement éviter et pour cause…

Revenant au couple avant de nous inviter à vider les lieux, huis clos oblige elle demande si les avocats sont dans les parages: la réponse du couple est négative du fait du manque de moyens pour régulariser les conseils. Elle passe alors à l’exercice le plus ardu du jour: écouter tour à tour les antagonistes se défendre dans un premier temps à la barre, pour ensuite entrer à l’ arrière-salle pour un huis clos où tout va se dire et se redire dans une ambiance sereine, calme et loin de toute rancoeur afin de fixer définitivement la magistrate sur le devenir du couple fêlé, près d’être brisé.Lorsque la présidente a terminé avec le couple, elle annonça la date du verdict qui ne saurait dépasser huit jours! Halim et Chafia quittent séparément le tribunal pour ne se revoir désormais qu’ un seule fois par semaine, le temps pour l’ homme de rendre visite à sa fillette, enfin, il faut l’ espérer car, avec les temps qui courent, on ne sait jamais…