Le secrétaire général du RND, Mr Ahmed Ouyahia a fait une série d’annonces sur le plan économique le 12 septembre 2015. Le discours économique du secrétaire général du RND, on peut ne pas être d’accord sur tout, a le mérite de poser sur la table une série de questions qu’il conviendra de résoudre rapidement si l’on veut éviter que l’Algérie aille droit au mur. Comme il l’a rappelé très justement, personne n’a le monopole de la vérité et du nationalisme. Je partage certaines idées, pas d’autres. Sans verser ni ans la sinistrose, ni dans l’autosatisfaction source de névrose collective, le plus grand économiste étant le citoyen moyen algérien qui fait chaque jour son marché, l’objet de cette présente contribution est de participer à un débat productif au profit exclusif des intérêts supérieurs de l’Algérie autour de huit axes stratégiques pour le devenir du pays
1.-Oui je partage l’opinion du secrétaire général du RND de dire la vérité, rien que la vérité au peuple algérien. Le langage de la vérité au moment où certains responsables versent dans la démagogie, ce qui es une fuite en avant : par exemple, un responsable affirme investir dans un tramway volant à Alger et dans le TGV Est-Ouest, un autre que le problème du logement sera résolu dans 4 années uniquement, qu’il aille visiter les bidonvilles qui fleurissent chaque jour à Oran, à la périphérie d’Alger, Constantine, Batna, Annaba, les hauteurs de Bejaia, sans compter les autres wilayas qui abritent plus de trois à quatre millions d’habitants nombre qui s’accentuera avec la pression démographique. Un autre responsable, sans donner de chiffres réels, affirmera que l’argent de la sphère informelle sera introduit dans la sphère réelle courant 2016, qui selon les organismes internationaux dépassent 50 milliards de dollars et selon les données remis au Premier ministre 36 milliards de dollars, d’autres diront que même avec un baril de 10 dollars, l’Algérie s’en sortira, un autre que l’Algérie attendra pour rejoindre l’OMC, (97% du commerce mondial et 85% de la population mondiale, la majorité des pays OPEP, du Maghreb et les fondateurs du communisme Russie-Chine, étant membres) et elle attend effectivement depuis 1987, alors que cette adhésion a été inscrite à deux fois dans les programmes du président de la république etc………Tout cela fait désordre.
2.- Selon le secrétaire général du RND, la responsabilité de cette situation actuelle, ne serait pas imputable au système ce qui est vrai et faux à la fois, ne devant pas dédouaner ceux qui ont exercé des responsabilités politiques de 1963 à 2015. Pour éviter toute interprétation byzantine rappelons qu’il y a lieu d’éviter de donner un montant à prix courant. Certes les recettes de Sonatrach ont été entre 2000/2014 de 760 milliards de dollars ayant permis des importations de 585 milliards de dollars, mais le prix du baril de pétrole de 20 dollars en 1980 équivaut en parité de pouvoir d’achat international entre 90/95 dollars au prix constant 2015. C’est que la situation actuelle est le produit historique de tout un long processus engagé depuis l’indépendance politique avec des aspects positifs et négatifs qu’il convient impérativement de corriger. Rappelons la distribution de bénéfices entre 1965/1980 et au même au-delà d’entreprises même déficitaires, filmées par l’ENTV, de l’impact économique négatif de la révolution agraire, bien que l’objectif était noble, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, et récemment uniquement pour 2014, environ 60 milliards de dollars ente les subventions et les transferts sociaux presque 30% du produit intérieur brut . La majorité des Algériens, encore qu’existent des poches de pauvreté dans certaines wilayas, ont bénéficié du partage de la rente, bien que la distribution n’ait pas été égalitaire, vivant au dessus de nos moyens, une nation distribuant plus que ce qu’elle ne produit annuellement est voué au suicide collectif à l’image du TITANIC où tout le monde dansait pendant que le bateau coulait.
3.-Oui le secrétaire général du RND a raison de rappeler que la situation financière et économique qui a des répercussions sur le social et le politique, est grave en cas de non changement de l’actuelle politique socio-économique. En effet, la LFC 2015 et le projet de loi de finances 2016 prévoient la baisse du Fonds de régulation des recettes qui a fortement baissé chutant à 3.916,5 milliards de dinars à fin mars 2015 soit 40 milliards de dollars au cours de 98 dinars un dollar contre 4488,1 milliards à fin décembre 2014 et 5 088,6 milliards à fin mars 2014 et ce pour couvrir le déficit budgétaire estimé au premier trimestre 2015 à 476,8 milliards de dinars contre 432,3 milliards de dinars au premier trimestre de l’année 2014. Le solde du Fonds de régulation des recettes sans rationalisation des choix budgétaires risque d’être de 2 700 milliards de dinars au 31/12/2015. Le gouvernement prévoit, dans la LFC2015, avec les ajustements, environ 3 100 milliards de dinars fin 2015, au cours de 98 dinars un dollar soit 31,63 milliards de dollars. Or, selon la LFC2015, les dépenses budgétaires sont 7.588 mds DA et les recettes de 4.953 mds DA donnant 2635 milliards de dinars de déficit budgétaire soit 2635 milliards de dollars de déficit. Si je raisonne à prix constants, car un dérapage du dinar par rapport au dollar gonfle artificiellement tant la fiscalité hydrocarbures que le fonds de régulation des recettes et si je prends une moyenne de 28 milliards de dollars de déficit budgétaire et dans l’hypothèse qu’une baisse d’un dollar le baril en moyenne annuelle occasionne une perte de 600 millions de dollars, à 60 dollars, et aux prix constants 2015, les avoirs du FRR clôtureront entre 30/31 milliards de dollars fin 2015. En cas de non rationalisation des choix budgétaires, et au rythme de la dépense publique actuelle, l’épuisement serait prévu fin du premier semestre 2017. A 50 dollars, le fonds de régulation des recettes s’établirait à 24/25 milliards de dollars fin 2015. En cas de non rationalisation, et au rythme de la dépense publique actuelle, l’épuisement serait effectif au début du premier semestre 2017. A 40 dollars, en cas de non rationalisation, d’une élévation de la production et productivité hors hydrocarbures, et au rythme de la dépense publique actuelle, le fonds de régulation des recettes terminerait à 17/18 milliards de dollars fin 2015 et l’épuisement serait courant 2016. Quant aux réserves de change, via la rente des hydrocarbures, qui tiennent la valeur officielle du dinar à plus de 70%, elles étaient évaluées à 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 et de 178,9 milliards de dollars à la fin décembre 2014, soit 15,6 milliards de dollars de moins que les 193,3 milliards de dollars enregistrés fin juin 2014. Le gouverneur de la Banque d’Algérie, cité par l’APS, le 08 septembre 2015 note que « les réserves de change de l’Algérie se sont établies à 159,027 milliards de dollars fin juin 2015, contre 178,938 milliards de dollars fin décembre 2014″. En cas de non rationalisation de la dépense publique, continuer dans l’actuelle politique socio-économique et au rythme de la dépense publique actuelle, conduiraient à l’épuisement des réserves de change courant 2018 et un retour au FMI avec l’inévitable dévaluation du dinar entre 50/100% comme en 1994.
3.-Le secrétaire général du RND est contre le recours à l’endettement extérieur. Il faut être réaliste et pragmatique. Si cet endettement à un taux d’intérêt raisonnable permet de dynamiser le tissu productif et éviter de puiser dans les réserves de change qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, cela ne pose pas de problèmes, cette pratique se faisant dans tous les pays du monde y compris aux USA et en Europe. Rappelons que le régime communiste roumain a laissé une dette extérieure nulle mais une économie en ruine. Si cela va à la consommation cela est effectivement suicidaire. Je rappelle au secrétaire général du RND certains indicateurs : Selon les données officielles, les exportations globales ont été de 45,036 milliards de dollars à prix courants en 2005 dont 1,099 hors hydrocarbures, (HH) ; en 2008 de 79,298 dont 1,97 (HH) ; en 2009 de 45,194 dont 1,066 –(HH)- au moment de la crise de 2009 ; en 2010 57,053 , dont 1,526,(HH) ; en 2011 de 73,489 dont 2,06 (HH) ; en 2012 71,866 dont 2,06 (HH) ; en 2013 de 64,974 milliards de dollars dont 2,16 (HH) et en 2014 62,956 dont 2,81 (HH). La banque d’Algérie évalue pour le premier semestre 2015 les exportations à 20,92 milliards de dollars dont 18,10 hydrocarbures, 2,82 milliards de dollars hors hydrocarbures dont plus de 60% proviennent de dérivées d’hydrocarbures et de déchets ferreux et semi –ferreux. Pour le gouvernement, les exportations d’hydrocarbures baisseront pour se situer à 33,8 milliards de dollars en 2015, contre une prévision initiale de 66 milliards de dollars. Ce sont les recettes de Sonatrach devant déduire les couts de 25% donnant un profit net à Sonatrach de 25,35 milliards de dollars. A 50 dollars, et en prenant l’hypothèse qu’une baisse, en moyenne annuelle d’un dollar réduit 600 dollars de recettes, nous aurons 28 milliards de dollars de recettes donnant un profit net de 21 milliards de dollars. Or Sonatrach misant sur un modèle de consommation, énergétique linéaire, calcul hasardeux d’ingénieurs ignorant les mutations mondiales, alors que nous devrions assister à un Mix énergétique entre 2020/2030, prévoit de maintenir ses investissements de 100 milliards de dollars ente 2015/2020, sans compter les investissements de Sonelgaz (plus de 20 milliards de dollars donc presque la totalité des recettes de Sonatrach. Dans ce cas, il faudra soit puiser dans les réserves de change ou aller vers l’emprunt extérieur la seule garantie vis-à-vis de l’extérieur que possède actuellement l’Algérie est la garantie de SONATRACH et de ses réserves d’hydrocarbures n’ayant pas d’économie productive, comme le prévoit le projet de loi de finances 2016, le recours à la bourse d’Alger étant actuellement une utopie, ni Sonatrach, ni Sonelgaz n’étant coté, supposant une totale transparence des comptes et la rentabilité, n’existant donc pas de véritable bourse pour l’instant. Sonatrach doit réduire ses couts et externaliser les activités moins rentables à l’aval et aux canalisations, taux de profit inférieur en moyenne de 20/30% par rapport à l’amont. Pour l’amont se pose car selon la loi des hydrocarbures de février 2013, de la fiscalité progressive au-delà de 30 dollars le baril qui n’attirera pas les investisseurs étrangers avec la nouvelle situation énergétique mondiale. Dans ce contexte, certaines déclarations de certains soi-disant experts algériens, méconnaissant les mutations énergétiques mondiales induisant en erreur l’opinion publique, la baisse des prix du pétrole sera de longue durée selon les prévisions du FMI. La découverture faramineuse de gaz à travers le monde (voir émission France5 du 10/09/2015), les nouvelles découvertes technologiques ayant permis de réduire le coût du gaz de schiste américain entre 30/40%, on revient à l’économie de la connaissance qui va entrainer dans les années à venir une baisse sensible du prix du gaz naturel alors que l’Italie, la France et l’Espagne pressent déjà l’Algérie de baisser ses prix. Le congrès américain ayant décidé d’autoriser l’exportation vers l’Europe à compter de 2017/2018 en attendant le 3ème réservoir d’Afrique, ces pays ayant besoin de financement risquent d’accroitre le retour de l’Iran, pouvant passer d’ un million de barils/jour actuellement à plus de 3 millions de barils/jour à court terme et à plus de 5 millions de barils/jour à moyen terme, de l’Irak dont les capacités sont proches de celles de l’Arabie Saoudite, de la Libye et l’entrée du Mozambique … l’offre face à une reprise mondiale notamment asiatique, de nouvelles énergies alternatives dont les énergies renouvelables et de bouleverser la carte énergétique mondiale. Il n’existe pas de divergences stratégiques entre les USA et l’Arabie saoudite, plus grand producteur mondial de brut, qui vient de rejeter officieusement le 11 septembre 2015 la proposition algérienne et vénézuélienne, suivi des pays du Golfe, (plus de 60% du quota OPE) pays à faibles populations et disposant de fonds de souverains importants, d’une réunion urgente de l’Opep pour stabiliser les prix du pétrole. Pour sa part, la Russie à travers le géant Gazprom ne veut pas perdre des parts de marché et malgré la crise ukrainienne, continue à approvisionner l’Europe à plus de 30%. D’une manière générale, comme le note le secrétaire général du RND, l’on ne peut plus continuer à fonctionner sur la base de 110/120 dollars le baril – budget de fonctionnement et d’équipement et à verser des salaires et traitements sans contreparties productives.
4. le Le secrétaire général du RND est contre le recours au crédit à la consommation. Il a parfaitement a raison de dire qu’il y a risque d’accroissement des importations si on généralisait le crédit à la consommation car directement et indirectement selon nos calculs, 80% de la valeur ajoutée produite l’est, grâce à la rente des hydrocarbures, 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% provient de l’extérieur. Et selon l’ONS, 83% de la superficie économique est dominée par le petit commerce/services, le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB et sur es 5% , plus de 95% sont des PMI-PME de types individuels ou petites SARL peu ouvertes à la concurrence internationale. Sans compter avec la détérioration du pouvoir d’achat avec le risque d’insolvabilité de certains ménages, la centrale des risques prévue par la banque d’Algérie fin septembre 2015 devant suivre l’ octroi au temps réel. Cela ne s’applique pas seulement au crédit à la consommation mais à tous les prêts bonifiés (ANDI-ANSEJ) et surtout dans le domaine de l’habitat avec le risque d’une bulle immobilière en cas de chute drastique du cours des hydrocarbures se répercutant sur le pouvoir d’achat. Plus près de nous, l’expérience espagnole négative qui a misé son développement sur le BTPH, et rappelons l’expérience algérienne de l’élévation des taux d’intérêt suite à l’inflation et à la dépréciation du dinar entre 1994/1996 qui a varié entre 15/20%, afin d’éviter la faillite des banques qui ne pouvait plus être recapitalisées. Comme il s ‘agira d’être attentif aux impacts de l’abrogation de l’article 87 bis qui généralisé, avec une productivité faible, à terme pourrait se traduire par un montant entre 9/11 milliards de dollars/ an, supporté par le trésor source d’inflation. Aussi, l’application de l’abrogation de l’article 87 bis doit se faire d’une manière graduelle si l’on veut éviter l’accélération du processus inflationniste, dans ce cas devrait couter 2/3 milliards de dollars/an, devant revoir le fonctionnement du marché du travail conciliant sécurité et flexibilité, afin de favoriser la création d’emplois à valeur ajoutée. Globalement, l’on devra être attentif au pouvoir d’achat comme garant de la cohésion sociale, corrélé à la production et à la productivité, en précisant qu’un taux d’inflation faible en 2015 par rapport à un taux élevé en 2014 donne un taux cumulé élevé, et pour comprendre cde processus l’on devra devant analyser la répartition du revenu national et du modèle de consommation par couche sociales, le ménage ayant un revenu collectif de 50.000 dinars par mois n’ayant pas la même perception de l’inflation que celui qui perçoit 200.000 dinars et plus. Je rappelle brièvement le taux d’inflation officiel entre 1999 le premier semestre 2015 que bon nombre d’observateurs considèrent biaisé car compressé par les subventions : 17.87% en 1989 ; -25.88% en 1991 ; un pic de 31, 68% en 1992 pour rechuter à 21, 9% fin 1995 et avec une stabilisation de 5% en 1998 ; en 1999 4/2% ; en 2000 : 2% ; 2001 et 2002 3% ; en 2003 3,5% ; en 2004 3,1% ; en 2005 1,9% ; en 2006 3% ; en 2007 3,5% ;en 2008 4,5% ; en 2009 5,7% ;en 2010 : 5% en 2011 ; 8,9% en 2012 ; 3,25% en 2013 et 3,5 % en 2014. Selon le rapport de la banque d‘Algérie, l’inflation durant le premier semestre 2015 en glissement périodique a été de 5,12%, les produits agricoles frais représentant 72% de l’inflation alimentaire et 43,92% de l’inflation globale.
5.-Le secrétaire général du RND est pour le maintien de la règle des 49/51% qu’il a lui même instauré en tant que chef de gouvernement dont le but autant que le passage du REMDOC au CREDOC était de limiter les importations. Actuellement, le Ministre de l’Industrie veut la généraliser même au commerce de détail (période du communisme intégral) ce qui est une aberration n’existant nulle part dans le monde. Certains hauts responsables que j’ai contactés se réfugient derrière les instructions du président de la république. Or le Président de la république est un homme pragmatique, qui en fonction de la réalité peut décider d’assouplir cette règle au profit des intérêts supérieurs de l’Algérie et non des intérêts de la rente, devant d’éviter de l’induire en erreur mais lui dresser un bilan. Rappelons que tant les entrepreneurs américains, une grande partie des entrepreneurs européens localisés dans les PMI/PME ont dans leurs différents rapports mis en relief le blocage de la règle des 49/51% généralisée à tous les segments, qui n’existe même pas en Chine, qu’il s’agira d’assouplir, dans l’intérêt de l’Algérie qui souvent supporte les surcouts pour les segments non stratégiques à définir avec précision. Cette règle généralisée, dont aucun bilan à ce jour, s’inscrit surtout dans le cadre de la préservation d’intérêts de rente d’une minorité contrairement au discours de « protection de l’économie nationale ». Le président du Sénat français de droite, lors de sa visite en Algérie vient de faire savoir aux autorités algériennes le 11 septembre 2015 suite aux américains et bon nombre de pays européens dont les allemands, le souhait de voir assouplir la règle des 49/51% qui n’intéresseraient pas les PMI-PME étrangères. Un ami de l’Algérie président de l’Association France-Algérie, Jean Pierre Chevènement , socialiste, a eu l’occasion de réitérer la même proposition. L’on pourrait imaginer la minorité de blocage de 25/30%, devant avoir d’autres critères plus objectifs reposant sur une balance devises/technologique/managériale positive. Un partenariat gagnant-gagnant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, l’avenir de l’Europe, de l’Algérie et d’une manière générale du Maghreb étant en Afrique, est la condition du retour à la croissance et surtout avec la pression démographique de créer des emplois productifs et non des emplois rente. En effet, selon les données officielles de l’ONS, la population active algérienne fin 2014, au sens du BIT, est de 12 millions pour une population d’environ 39,5 millions et nous aurons une demande additionnelles d’emplois annuelle entre 300.000/400.000 , en plus dut aux de chômage actuel, une véritable bombe à retardement. C’est que l’appareil productif algérien est en déclin, le secteur industriel représentant moins de 5% du produit intérieur brut, et sur ces 5%, environ 95% sont des PMI/PME peu innovatrices et que selon l’ONS 83% de l’activité économique est constituée de petits commerce-services à très faible valeur ajoutée.
6.-Au delà des impacts mitigés, le secrétaire général du RND devrait atténuer ses propos concernant la règle des 49/51%. Les importations de biens, à prix courants, selon les statistiques officielles douanières, ont évolué ainsi : 20,357 milliards de dollars en 2005 ; 38,479 en 2008 ; 39, 294 en 2009 au moment de la loi de finances complémentaire instaurant le crédit documentaire le CREDOC et la règle des 49/51% ; 40,472 en 2010 ; 46, 453 en 2011 ; 47,490 en 2012 ; 55,028 en 2013 et 58,330 en 2014. Selon la banque d‘Algérie les services qui ont représentés en 2013 10,77 milliards de dollars donnant un total des importations de biens et services de 65,76 milliards de dollars en 2013 et 11,70 milliards de dollars avec un total d’importation de biens et services de 71,14 milliards de dollars pour 2014. Ce sont les sorties de devises sans les transferts légaux de capitaux. Pour le rapport de conjoncture de la banque d’Algérie numéro 49 du second semestre 2015, publié début septembre 2015, les importations de biens et services ont été évaluées à 32,44 milliards de dollars dont 27,09 milliards de dollars de biens et 5,35 milliards de dollars de services, la banque d’Algérie notant que la baisse en valeur est due essentiellement à la baisse des prix de bon nombre de biens importés au niveau international. Au même rythme du premier semestre 2015, nous aurons à 65 milliards de dollars, y compris les transferts légaux de capitaux évalués à 6 milliards de dollars, nous aurons 71 milliards de dollars de sorties de devises fin 2015. C’est la même tendance que prévoit la LFC2015, une très légère baisse des importations de biens à 57,3 milliards de dollars, et ce sans compter les importations de services contre 65,4 milliards de dollars de biens inscrits au budget initial pour 2015. Nous aurons une sortie de devises 2015, y compris les services et transfert légaux de capitaux plus du double des recettes attendues de Sonatrach. Ainsi, selon la banque d’Algérie, durant le premier semestre 2015, la balance courante a accusé un déficit de 15,17 milliards de dollars et la balance de paiement un déficit de 14,39 milliards de dollars. Ce rapport note un déficit de la balance commerciale de 8,18 milliards de dollars au second semestre 2015 contre un excédent de 2,31 milliards durant la même période 2014. Plus précisément, les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 71% durant les six premiers mois de 2015 contre 114% à la même période. Aussi, le constat est amer avec des importations incompressibles, des surcoûts exorbitants devant jour surtout jouer sur la baisse des coûts car le montant de la réduction des importations est relativement faible. Bloquer les importations reviendrait à bloquer toute la machine économique avec un accroissement des tensions sociales.
7.-Le secrétaire général du RND devrait plus clairement exprimer son point de vue concernant la démarche actuelle du gouvernement qui prend des mesures conjoncturelles à un double niveau : premièrement, le glissement du dinar, pour ne pas dire dévaluation, tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro qui gonfle artificiellement la fiscalité hydrocarbures et la fiscalité ordinaire ( biens importés) et par là le fonds de régulation des recettes calculé en dinars pour les hydrocarbures. Pour l’Algérie, les mécanismes classiques de dévaluation qui ont pour principe de dynamiser les exportations, ont eu peu d’effets : pour preuve une dévaluation de plus de 2000% depuis 1974 du dinar par rapport au dollar et l’Algérie reste toujours mono-exportatrice n’ayant pas dynamisé les sections hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, montant que le blocage est d’ordre systémique. Pour l’évolution de la cotation du dinar, je rappelle que pour le dollar durant la période 1970/1995, nous avons en 1970, 4,94 dinars un dollar ;-en 1980 : 5,03 dinars un dollar ; en 1985 : 5,03 dinars un dollar ; en 1990 : 8,96 dinars un dollar en 1995 : 47,66 dinars un dollar, (suite au rééchelonnement) ; en 2010, 74,31 dinars un dollar ; en 2013 79,38 dinars un dollar ; en 2014 , 80,06 dinars un dollar et le 11 septembre 2015 119, 0274 dinars un euro et 105,455 dinars un dollar. Pour le gouverneur de la banque d’Algérie la dépréciation du dinar entre le second semestre 2014 et le second semestre 2015 aurait été de 22%. Deuxièmement, le gouvernement prévoit différentes taxes dans le projet de loi de finances 2016. Je précise que selon le rapport de la Banque mondiale de 2014, les subventions des carburants ont dépassé en 2014, environ 20 milliards de dollars, le tiers du budget annuel de l’Etat, alors que 10% de la population la plus aisée consomme plus de carburant que les 90% restant de la population. Ces différentes taxes si elles ne sont pas ciblées mais généralisées, solution de facilité faute de systèmes d’informations fiables, et en cas d’une productivité faible, auront une incidence sur l’ensemble des prix sur l’agriculture, les boulangers et tous les utilisateurs. Globalement, il faudra tenir compte du choc psychologique c’est à dire des incidences psycho sociologiques des répercussions par anticipation des différents acteurs économiques qui répercuteront ces hausses combiné avec le dérapage du dinar accéléreront le processus inflationniste qui pourrait atteindre plus de 10% entre 2016/2017. Pour atténuer ce processus négatif à court terme, alors que durant cette phase l’Algérie a besoin de cohésion sociale, il ya urgence d’une vision stratégique passant par de profondes réformes structurelles, l’Etat devant réduire son train de vie, maitriser les couts des projets dont certains dépassent 20/30% les normes internationales, condition pour élever la production et la productivité, sinon ces différentes taxes ne seront des palliatifs conjoncturels.
8. Le secrétaire général ne nous indique pas clairement les futurs chemins qui mènent à la croissance. Les indicateurs de la LFC2015 et les prévisions de taux de croissance 4/5% du projet de la loi de finances 2016 extrapolé à plus de 7% horizon 2020, devant préciser que le taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi un taux de croissance élevé en 2015 par rapport à un taux de croissance faible en 2014, donne cumulé un taux de croissance relativement faible. Seule une croissance forte, équitablement répartie selon les efforts de chemin, évitons cet égalitarisme source de démotivation, peut créer des emplois productifs, maintenir la paix et la cohésion sociale, une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle crée de richesses. Pour avoir le taux de croissance souhaitable, le gouvernement devrait encourager les entreprises publiques, privées locales et internationales créatrices de richesses en levant tous les obstacles par plus de libertés économiques. Car si l’on maintient le niveau des dépenses de 2011/2015 pour 2016/2020, le versement de salaires et traitements sans contreparties productives, l’on devrait normalement, comme démontré précédemment, épuiser tant les réserves de change horizon 2018 et que le fonds de régulation des recettes courant 2017. Ce qui aura comme répercussion de mettre l’Algérie sous surveillance négative, ce qui risque avec les surcouts des primes d’assurance, de gonfler le cout des projets venant de l’étranger. En cas de non rationalisation de la dépense publique, de continuer dans l’actuelle politique socio-économique et au rythme de la dépense publique actuelle, nous assisterions à l’épuisement des réserves de change courant 2018 et un retour au FMI avec l’inévitable dévaluation du dinar entre 50/100% comme en 1994. Pourtant , la situation est différente de celle de 1986 ( impacts négatifs quatre à cinq années plus tard avec la cessation de paiement en1994 où les besoins étaient moindres) , la dette extérieure étant passée de 22,70 en 2001 à 5,92 en 2008, 5,68 en 2009, à 5,68 en 2010, à 4,40 en 2011, 3,63 en 2012 et à 3,396 en 2013 et 3,666 milliards de dollars à fin 2014. Contrairement aussi à 1986 les réserves de change sont appréciables, bien qu’en baisse qui clôtureront entre 135/140 milliards de dollars fin 2015 non compris les 173 tonnes d’or d’une valeur d’environ 7 milliards de dollars. Aussi sous réserve d’un large front nation anticrise, comme je l’ai préconisé au gouvernement en novembre 2014, largement repris par la presse internationale et nationale, car la baisse des cours sera de longue durée, l’Algérie a les moyens de surmonter la crise multidimensionnelle. Il s’agira de bien utiliser la manne financière restante, avoir une planification stratégique sur les objectifs axés sur la bonne gouvernance centrale et locale, l’économie de la connaissance, la valorisation de l’entreprise privée locale, internationale et publique, créatrice de valeur ajoutée, car les ajustements économiques et sociaux seront douloureux entre 2016/2020/2025. Cela passe par la mobilisation de tous les algériennes et algériens tenant compte de leurs différentes sensibilités, d’un gouvernement soudé dont la composante doit être « morale » et surtout de femmes et d’hommes compétents et crédibles, si l’on veut mobiliser les citoyens. En résumé le discours économique du secrétaire général du RND a le mérite de poser sur la table une série de questions qu’il conviendra de résoudra rapidement si l’on veut éviter que l’Algérie aille droit au mur. ademmebtoul@gmail.com
NB-Professeur des Universités, Abderrahmane Mebtoul , auteur de 20 ouvrages, et de plus de 500 contributions nationales et internationales, ancien émigré ayant effectué ses études primaires, secondaires, une fraction du supérieur à Lille( France ) – Expert international – Docteur d’Etat en sciences économiques (1974) –diplômé d’expertise comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille- officier d’administration à la route de l’unité africaine- (1972/1973) -Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2006- ayant eu à diriger la première audit sur Sonatrach (1974/1976,- 6 volumes) le bilan du processus d’industrialisation (1977/1978 – de 2006/ 2007 a dirigé l’audit sur le prix des carburants dans un cadre concurrentiel présenté à l’APN – huit volumes) , pour le compte du comité central du FLN la première étude sur le secteur privé national (de 1979/ janvier1980- 9 volumes) . Ancien magistrat- premier conseiller -directeur général des études économiques à la Cour des comptes (1980/ démission septembre 1983), il a eu à diriger avec les 31 walis le dossier sur l’habitat. Il a été président du Conseil algérien des privatisations -rang Ministre Délégué- (1996/1999) où son expérience a été relaté dans deux ouvrages parues simultanément en arabe – anglais et français à l’OPU office des publications universitaires Directeur d’Etudes au cabinet de la sureté nationale- DGSN – (1997/1998)- expert au conseil économique et social 1995/2007 -démission début 2008 – Expert à la présidence de la république 2007/2008 où il a dirigé le dossier emploi et salaires – Expert indépendant auprès du premier ministre ( 2013/2015) où il a dirigé le dossier bilan et axes de la relance économique 2015/2020/2025 (15 janvier 2013- 8 volumes ) et le dossier pétrole/gaz de schiste ( 24 février 2015-7 volumes)
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