La PCH couvre 600 millions de dollars américains sur la valeur globale des produits pharmaceutiques, évaluée à environ 3 milliards de dollars. Elle peine à recouvrer ses créances auprès des hôpitaux. Des mesures spéciales ont été prises par la tutelle pour sécuriser ses fonds et, par là même, l’approvisionnement des structures hospitalières.
Le directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux, le Dr Cherif Delih, a donné, hier au Forum de DK-news, une explication argumentée de l’indisponibilité périodique des produits pharmaceutiques à vocation hospitalière. “Il ne peut pas y avoir de disponibilité de médicaments sans sources de financement.” C’est de cette manière qu’il a abordé la problématique, qui induit de la contestation sur tous les fronts. “En 2009, la PCH a importé pour 8 milliards de dinars de produits oncologiques. Ce qui représentait que 25% des besoins en la matière. Cette année, nous avons importé pour 35 milliards de dinars. Ce chiffre se rapproche du coût réel du cancer en Algérie. Ce qui veut dire qu’il fallait mettre plus d’argent pour couvrir la demande”, a illustré le Dr Delih. Il a spécifié, à ce titre, que la PCH doit disposer de liquidités pour s’approvisionner auprès des fournisseurs et doter, à son tour, les structures hospitalières de médicaments et consommables.
Or, ces dernières n’honorent leurs créances qu’une fois par an, au moment où la PCH est contrainte de payer ses factures rubis sur l’ongle. Il a affirmé, alors, que les mesures prises par la tutelle en faveur de l’organisme lui ont permis de régler ses problèmes de trésorerie, dans lesquels il s’empêtrait jusqu’à 2010. Parmi les dispositions entreprises, l’autorisation des marchés de gré à gré entre établissements publics et l’instruction donnée aux banques publiques pour débloquer une importante ligne de crédit avec option de ne commencer à rembourser qu’à partir de début 2014. “Au lieu que la PCH recouvre ses créances auprès des hôpitaux, elle recourt aux crédits bancaires pour garantir l’approvisionnement en produits pharmaceutiques”, a commenté l’invité de DK-news. Autre artifice trouvé pour contourner cet obstacle, l’allocation de 50% du budget des hôpitaux directement à la PCH pour sécuriser ses fonds. “C’est une sorte de paiement par anticipation. Il faut comprendre que la mobilisation des ressources financières des hôpitaux, pour payer leurs dus à la PCH, est soumise à une procédure très lourde”, a-t-il souligné. Au-delà des contraintes financières, le directeur général de la PCH a évoqué une situation quelque peu kafkaïenne. 251 produits pharmaceutiques, fabriqués localement, sont interdits à l’importation.
Dans l’absolu, il sont disponibles sur le marché national. “Dans la réalité, ce n’est pas le cas, car les producteurs locaux n’honorent pas leurs programmes”, a-t-il révélé.
Il a parlé aussi de la pénurie de certains médicaments par désengagement unilatéral des importateurs et de l’absence de structures étatiques de régulation du marché des officines, entièrement pris en charge par le secteur privé. Le Dr Delih a imputé, en outre, le manque de quelques produits pharmaceutiques aux commandes spécifiques des hôpitaux, qui exigent des délais plus grands et au diktat de laboratoires qui bénéficient du monopole sur des médicaments vitaux, ainsi que la survenue d’une tension mondiale. Il a donné l’exemple de la Protamine (produit indispensable dans la chirurgie cardiaque). “Nous avons commandé
23 000 flacons. Nous n’en avons reçu que 5 000 car le fournisseur approvisionne d’abord ses clients européens”, a regretté le conférencier. En conclusion de son exposé, il a certifié que la démarche du gouvernement a permis de normaliser la situation. “À l’heure actuelle, le problème de la disponibilité des produits hospitaliers ne se pose pas.”
S H