Le directeur du département communication de la manifestation jette l’éponge, Constantine-2015 : encore une démission

Le directeur du département communication de la manifestation jette l’éponge,  Constantine-2015 : encore une démission
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Si, pour l’heure, Mohamed Kamel Belkacem ne s’est pas encore exprimé publiquement sur le sujet, son adjoint au dit département a montré, sur sa page facebook, l’environnement dans lequel ce clash a eu lieu et, partant, le climat qui règne au sein de l’institution.

C’est le 16 avril, et alors que le Premier ministre procédait à l’inauguration officielle de l’événement “Constantine, capitale de la culture arabe”, que le directeur du département communication de la manifestation a choisi comme date pour jeter l’éponge. Si, pour l’heure, Mohamed Kamel Belkacem, car c’est de lui qu’il s’agit, ne s’est pas encore exprimé publiquement sur le sujet, son adjoint au dit département a montré, sur sa page facebook, l’environnement dans lequel ce clash a eu lieu et, partant, le climat qui règne au sein de l’institution.



En effet, l’information gardée secrète, certainement pour ne pas parasiter le début de la manifestation, a été rendue publique par Hicham Zoheir Achi, vendredi soir, sur les réseaux sociaux. L’adjoint au département communication au sein du commissariat de la manifestation “Constantine, capitale de la culture arabe” a donné plus qu’une information. On a l’impression qu’il lance un cri de détresse prenant à témoin la population constantinoise et l’ensemble des Algériens de ce que lui-même ne se gêne pas de qualifier de “projets obscurs menés autour d’un événement d’essence culturelle et noble”.

En effet, sur sa page, Hicham Zoheir Achi annonce que “le jeudi 16 avril 2015, le chef de département, Mohamed Kamel Belkacem, a jeté l’éponge et annoncé sa démission”. Après le geste de son premier responsable, Achi se trouve partagé entre deux choix ; celui de se retirer lui aussi ou de rester et continuer à faire dans la “résistance”. À travers sa page facebook, dans une première, il soumet sa future décision à l’arbitrage du public, cirtéen notamment.

“Il appartient aux Constantinois et aux Algériens de se positionner par rapport à cette situation. Les Constantinois, tout spécialement, doivent comprendre que s’ils restent silencieux,

l’OPA continuera. Moi, je suis partagé entre partir pour ne pas cautionner et rester pour aider autant que possible.” Il va de soi qu’il y a malaise, et sans aller dans les détails, Hicham Zoheir Achi avance des pistes d’éclairage, et il ne fait pas dans l’économie des mots durs et accusateurs. “Une poignée de personnes au Comité exécutif a fait une OPA sur la ville et sur sa culture”, explique-t-il. Si toute l’Algérie, le tout Constantine surtout, a eu, le 16 avril dernier, la preuve matérielle que Constantine n’était pas prête, côté hard, pour l’événement, avec plus de 90% des projets toujours en souffrance, les choses ne sont plus reluisantes, côté soft. Pour Zoheir Achi, le programme arrêté dès le départ est déconnecté du terroir et, semble-t-il, malgré les bonnes volontés, rien n’a changé. “Malgré un programme qui, dans l’ensemble, survole la ville, beaucoup ont accepté d’entrer au Comité exécutif pour allumer une bougie plutôt que de maudire l’obscurité”, écrit-il. Et, toujours selon l’adjoint au chef du département communication, ce ne sont pas les tentatives d’y remédier de l’intérieur qui ont manqué. Mais “en vain, car ceux qui ont le vent en poupe préfèrent faire la fête dans Constantine et oublier les Constantinois”, se plaint Achi. À l’instar d’autres voix, Hicham Zoheir Achi soulève, une énième fois, la gestion de l’information et de la communication, pourtant maillon fort dans un événement destiné à promouvoir une ville, une culture. Pour preuve, selon lui, “le département communication ne reçoit que des bribes d’informations, le plus souvent tardives et inexactes”. Enfonçant le clou, il révèle que, “pire, alors que le département est censé informer, il apprend les informations concernant ses activités par la presse, voire dans la rue”. Comme pour libérer sa conscience d’un fait grave qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, Zoheir Achi justifie son engagement en rappelant qu’il a de tout temps assumé ses responsabilités. “Entre autres actions, j’ai proposé maintes choses pour pénétrer la culture de la ville et aller à la rencontre de ceux qui la font tous les jours, en amont des salles de spectacle”, rappelle-t-il. Ce clash n’est pas le premier du genre. Il y a deux mois, presque jour pour jour, Fouzia Souici, le prédécesseur de Mohamed Kamel Belkacem du département communication de la manifestation “Constantine, capitale de la culture arabe”, avait, elle aussi, démissionné pour, selon elle, se démarquer de la gestion à la fois opaque et non porteuse culturellement de l’événement. Elle aussi évoquait dans sa lettre de démission la présence de lobbies et de réseaux tissés entre Alger et Constantine. Tout semble indiquer que des prédateurs cherchent à profiter de la folie dépensière d’un système en mal d’images et qui ne compte plus les sous des autres, de la collectivité en l’occurrence, pour son propre casting.

Aujourd’hui, la démission du responsable du département communication et le cri de détresse lancé par son adjoint sur les réseaux sociaux viennent de donner plus de crédibilité à la démarche de Fouzia Souici. Les jours à venir seront porteurs, certainement, d’autres révélations, bien que l’essentiel du gâchis soit déjà palpable à travers les rues et ruelles d’une ville lézardée. Dans toutes les écoles de communication, on apprend aux étudiants que la meilleure publicité faite par une entreprise est celle véhiculée par ses propres salariés sur elle-même et ses produits. Aujourd’hui, à Constantine, et à deux reprises, ce sont les personnes chargées de faire cette même pub et promotion qui attirent l’attention des autres publics sur un flop nommé Constantine, capitale de la culture arabe. Une enquête, voire des enquêtes séparées, pour dire la vérité sur ce qui se passe, est le moindre investissement qu’attendent les

Algériens et les Constantinois avant de renouer avec l’événement. Ce qu’une première lecture simpliste qualifie d’incivisme des adolescents constantinois à travers le traitement qu’ils donnent à des statuts, des sites, etc. cache en réalité une forme de rejet social d’un corps considéré étranger et agressif.

M. K.