Le dialogue politique torpillé, Offensive de l’armée malienne contre le MNLA

Le dialogue politique torpillé, Offensive de l’armée malienne contre le MNLA

Des affrontements auraient opposé, hier, des éléments du MNLA à des soldats maliens dans la région d’Anefis, localité située au sud de Kidal, ville du nord du Mali occupée par le MNLA que l’armée malienne entend reprendre.

« Nos troupes ont eu des accrochages dans la zone d’Anefis, face à des bandits armés qui ont subi beaucoup de pertes en véhicules et en hommes », a déclaré le porteparole de l’armée malienne Souleymane Maïga.

Les affrontements ont été confirmés par le MNLA et une source militaire régionale. « l’armée malienne a attaqué nos positions ce matin à Anefis, elle a décidé ce matin de régler la situation par la guerre et le gouvernement malien assumera toutes les conséquences », a déclaré à des agences de presse Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du MNLA.

Ce dernier se trouve à Ouagadougou pour des négociations avec Tiébilé Dramé, émissaire du régime de transition malien, sous l’égide de la médiation burkinabè.

« Nous n’avons jamais voulu régler la situation par la guerre mais, comme c’est ainsi, nous allons nous défendre jusqu’au bout », a-t-il ajouté, demandant une fois de plus au médiateur d’amener les autorités de Bamako à la raison. Auparavant, la rébellion du MNLA avait mis en garde Bamako contre une attaque sur cette ville, vers laquelle l’armée malienne avançait mardi soir.

« Si nous sommes attaqués, ce sera la fin des négociations et nous irons jusqu’au bout du combat», a déclaré Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), présent à Ouagadougou pour des discussions sur Kidal menées sous l’égide du Burkina Faso, pays médiateur.

Du côté de l’armée malienne, aucun démenti n’a émané, mais des précisions. Le porte-parole de l’armée à Bamako avait déclaré, alors qu’il s’agit pour les soldats de l’armée régulière d’aller vers Anefis en vue de préparer l’entrée à Kidal. L’arrivée de soldats maliens à Anefis, localité située environ à mi-chemin entre Gao et Kidal, a été confirmée par des habitants à des agences des presse, sans toutefois préciser le nombre.

Cette situation est suffisamment aggravée par l’attentat suicide qui a visé mardi la maison d’un chef militaire de la rébellion qui occupe Kidal. L’attentat a eu lieu dans une maison appartenant à un colonel du MNLA qui se prénomme Malick. Selon plusieurs sources, le kamikaze attendait quelqu’un dans la maison du colonel quand il a été surpris par des jeunes, et a déclenché sa charge. Lui-même est mort et il y a un blessé, est-il rapporté.

Il semble également que l’armée malienne pensait que ce chef militaire du MNLA pouvait être un informateur de l’armée française présente à Kidal. Située à 1 500 km au nord-est de Bamako, Kidal abrite des bases des armées française et tchadienne qui en assurent la sécurité, la ville étant gérée par le MNLA, qui s’oppose à la présence de l’armée malienne dans cette zone.

Le 12 avril, quatre soldats tchadiens avaient été tués dans un attentat suicide commis au grand marché de Kidal, dans le centre-ville. Avant cela, la ville avait déjà été le théâtre de deux attentats suicides, les 21 et 26 février.

Le premier avait visé des militaires français, tuant le kamikaze au volant de sa voiture piégée, le second avait pris pour cible un point de contrôle tenu par le MNLA dont sept membres avaient été tués, selon ce mouvement. Le nouvel attentat suicide de mardi intervient après l’expulsion de Kidal ce week-end de dizaines membres des communautés noires de la ville par le MNLA.

Le gouvernement malien a dénoncé une épuration raciale contre les populations noires à Kidal, et réaffirmé que la présence de l’armée malienne dans cette ville, n’était pas négociable et interviendrait le plus vite possible avant le premier tour de la présidentielle prévu le 28 juillet.

Ces événements sont de nature à torpiller les discussions en cours à Ouagadougou, entre les groupes touareg et les autorités du Burkina Faso, pays médiateur dans la crise malienne, sur l’organisation de la présidentielle fin juillet, sur toute l’étendue du territoire malien, en particulier à Kidal.

N. B.