Il est dur de continuer à faire de la pédagogie alors que les signaux s’accumulent des risques majeurs pour le pays, son unité et son avenir. Le FFS le dit en dressant un constat froid et alarmant. D’autant plus dur que dans ces «moments pénibles » où des Algériens, en perte de repère, en arrivent à se battre entre eux (Ghardaïa), à écouter les chants de sirènes d’un discours séparatiste en Kabyle, les scandales financiers et les «crimes économiques » se «banalisent ».
Plus grave, cette situation « inacceptable » ne trouble « pas le sommeil du gouvernement ni la prospérité de nos hommes d’affaires. ». Ils sont très nombreux les Algériens qui partagent ce constat alarmant fait ce samedi 23 mai 2016 à Oum El Bouaghi par le premier secrétaire du Front des Forces socialistes (FFS), Mohamed Nebbou.
« N’ayez pas peur de votre peuple ! »
Hocine Aït Ahmed, un des pères fondateurs de la nation algérienne moderne et du FFS a laissé un mot d’ordre indémodable et qui est plus que jamais actuel : le patriotisme aujourd’hui, c’est la démocratie.
Et pour que cela ne reste pas un simple slogan, il a constamment recherché les possibilités d’un consensus créateur (et non manipulateur) pour faire passer le pays vers cette démocratie qui permet de vivre sereinement les pluralismes et d’assurer une représentation authentique de la société.
Face à un pouvoir autiste et arrogant, il a gardé cette ligne constante : opposition déterminée et disponibilité à des solutions démocratiques et consensuelles qui permettent au pays de se préserver et de continuer sa marche vers l’objectif du mouvement national : l’Etat démocratique et social.
Un message que les tenants d’un régime à bout de souffle refusent d’entendre malgré les dangers et les menaces qui pèsent sur le pays. Que faire devant une telle situation ? Continuer à faire dans le travail pédagogique : parler avec les Algériens, les écouter et « partager avec eux nos craintes et nos espoirs. »
Pourtant, il s’agit aussi de prendre date, une fois de plus, et de mettre en garde un pouvoir qui semble tabler dangereusement sur la patience (réelle et admirable des Algériens), sur leur esprit de responsabilité.
La corruption ruine les fondements de la nation
La résilience de la société algérienne a tenu des décennies mais elle mise à mal aujourd’hui par une crise politique « systémique » qui a généré « la dictature, le mépris, le clientélisme, la corruption, la criminalité sous toutes ses formes. »
Le MAK n’a pas d’avenir, le destin de la Kabylie est lié au destin de toutes les régions de l’Algérie. Mais le fait que des jeunes de Kabylie reprennent ses mots d’ordre séparatistes est un avertissement sérieux.
« Il n’existe pas de patriotisme là où prolifère la corruption à grande échelle. Ceux qui ont volé des milliards sont prêts à pousser les algériens à s’entre-tuer pour faire oublier leurs crimes » a constaté avec justesse M. Nebbou en rappelant – pas besoin d’un dessein – ces pays qui brûlent par la faute de » pouvoirs incompétents et corrompus ».
L’Algérie n’est pas une zaouïa
Que faire ? Continuer à être un parti patriotique qui alerte, met en garde, à rechercher « la construction d’un consensus national pour une sortie pacifique et ordonnée de la crise..
Mais prendre à témoin les algériens et avertir avec plus de force que le « temps est compté pour le pays » et que le FFS fait son action de parti patriotique et démocratique mais qu’il « n’a pas vocation à jouer au pompier pour les incendies qu’allume un pouvoir que l’histoire a déjà condamné. »
« A chacun de prendre ses responsabilités. ». Le système est incapable d’avoir une réponse institutionnelle, désormais la responsabilité personnelle de ceux qui détiennent les leviers de commande est totalement engagée.
L’Algérie n’est pas une zaouïa. Elle n’est pas un ilot dans un océan de tranquillité, elle est dans un monde où les dominants n’hésitent pas à utiliser les faiblesses des pays pour les casser ou les remodeler. Ce que dit le FFS n’est pas une menace. C’est un avertissement patriotique. Un appel à discuter et à sortir « ensemble » de l’impasse pour remettre le pays en marche et lui donner une perspective. Avant qu’il ne soit trop tard.